Sécuritaire : La mémoire courte




Le 11 janvier dernier a eu lieu une manifestation contre la « loi Sarkozy » organisée par une trentaine d’organisations, syndicats et associations. Cette initiative de la Ligue des droits de l’homme (LDH), du Syndicat des avocats de France (SAF) et du Syndicat de la magistrature (SM) faisait suite à l’appel « contre la pauvreté, pas contre les pauvres ». Elle a été relayée dans d’autres villes, notamment à Rouen et à Nantes.

Ayant bénéficié d’une large audience médiatique, et portée par des structures susceptibles de mobiliser en masse, on pouvait s’attendre à voir du monde dans les rues de Paris contre le projet de Loi Sarkozy. Or, seulement 3 000 personnes ont défilé de République à Bastille, avec une quasi absence des organisations politiques (PS, PC, Verts) et syndicats signataires (FSU, CGT, Confédération paysanne, Union syndicale G10 Solidaires). Mais c’est d’ailleurs une des conséquences bénéfiques qu’aura eu cette manifestation que d’avoir provoqué un débat au sein du G10, dont la signature n’est pas toujours suivie d’une réelle mobilisation, et dont les appels unitaires larges font place à des compromis pas toujours très heureux.

Ce type de contenu minimaliste, ayant pour résultat de remettre en selle le PS, n’est du reste pas une fatalité.

Ainsi à Rouen 300 personnes étaient dans la rue à la même heure et pour les mêmes raisons à l’initiative du Comité de défense des libertés fondamentales. Celui-ci a été créé en mars 2002 à l’initiative d’Alternative libertaire pour lutter contre la Loi sur la sécurité quotidienne (LSQ). Il rassemble une vingtaine d’organisations et poursuit ce combat tout en luttant contre les projets de loi Sarkozy-Perben.

En positif, ont défilé à Paris un cortège de sans-papiers, des associations de prostitué(e)s, et le Mouvement national des gens du voyage, créé en septembre 2002 contre la répression à leur égard contenue dans le projet de loi Sarkozy, et largement représenté. Étaient également présents la LDH, le Mrap, le SAF, le SM ainsi que la LCR.

En marge et sur le passage de la manifestation se tenait un rassemblement critique et revendicatif dénonçant la présence du Parti socialiste, l’occultation de la LSQ et la responsabilité de la « gauche plurielle » gouvernante. Nous étions environ 800 militantes et militants de Droits Devants !!, Agir ensemble contre le chômage !, la Fédération Sud Éducation (en opposition à la signature unitaire du G10), l’Observatoire des libertés publiques, Résistons ensemble, Droit au logement, la Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés, le Collectif logement Paris 3, etc.

Les libertaires étaient majoritairement présents avec No Pasaran, des militantes et militants de la Fédération anarchiste et de la Confédération nationale du travail. Alternative libertaire avait choisi de prendre place au sein de ce rassemblement en y diffusant, ainsi que sur la manifestation « officielle », un tract-communiqué. Les quelques militantes et militants du Mouvement de la jeunesse socialiste (MJS), envoyés en pâture par le PS, se sont fait sortir de la manifestation sous une pluie d’œufs. Leur présence était inacceptable - surtout au moment des premières injustes condamnations de la LSQ - et d’ailleurs personne ne s’est opposé à cette salutaire éjection.

Comme le concluait notre tract, "Nous ne prétendons pas avoir le monopole de la radicalité, mais nous pensons que le véritable débat sur les libertés doit s’ouvrir sur d’autres bases :
 refus de la répression et des logiques autoritaires ;
 combat de toutes les formes de discrimination et d’oppression ;
 valorisation des expériences de solidarité et d’éducation populaire ;
 défense et extension des droits et des libertés pour toutes et tous ;
 contre l’insécurité sociale, la misère et les inégalités, redistribution massive des richesses ;
 lutte pour une autre société : libertaire, égalitaire et solidaire !"

Commission Libertés d’AL

 
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