Services publics : La liberté des femmes en péril




Le gouvernement continue, avec plus d’agressivité que les précédents, la politique de destruction des services publics entamée depuis longtemps. Ces attaques illustrent l’adage selon lequel tout ce qui est nuisible aux travailleurs est pire pour les femmes.

C’est une nouvelle attaque contre les fonctionnaires puisque 120 000 postes vont être supprimés et les futurs recrutements seront plutôt sous statut contractuel, plus précaire puisque permettant les licenciements et les CDD. Or, les femmes représentent 62 % des fonctionnaires (44 % des employé.es du privé), plutôt sur les postes les moins qualifiés, et donc les moins payés, en particulier dans la fonction publique hospitalière. Elles seront donc forcément plus touchées par ces suppressions d’emplois, à moins que le gouvernement ne décide de supprimer que des postes de chefs.

Les salaires des fonctionnaires sont gelés depuis 2010 (sauf en 2016 et 2017). En moyenne les femmes fonctionnaires sont payées 19 % de moins que les hommes (23 % dans la fonction publique d’État).

Les attaques contre les usagères

Les moyens sont insuffisants et en réduction perpétuelle, en matériel, mais surtout en personnel. Moins de moyens, c’est plus de dossiers en retard  : 85 % des greffiers sont des greffières  ; plus de stress et de souffrance au travail  : les femmes représentent 90 % des aides soignantes, en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en particulier, et la grande majorité des infirmières à l’hôpital  ; l’impossibilité d’aider les usagers et usagères pour les employées des services sociaux  ; et des métiers qui perdent leur sens de service public.

L’accès des usagers et usagères aux services publics est menacé, voire presque impossible dans certains cas. A cause de l’inadéquation des moyens aux besoins, en particulier pour les hôpitaux, les Ehpad et de la disparition de l’accès aux services publics de proximité, par fermeture ou dématérialisation. Des droits des femmes disparaissent ou sont plus difficiles à obtenir  : accès à l’IVG plus compliqué, maltraitance en fin de vie (les personnes âgées en établissement sont très majoritairement des femmes).

Le gel ou la baisse des prestations sociales atteint les moins riches, donc les femmes.

La réforme à venir des retraites (liant allocation et cotisations) nuira aux revenus des femmes.

La réforme de la justice va elle transférer le jugement des viols à des tribunaux criminels (sans jury) au lieu des cours d’assises, avec les coups mortels et les vols à main armée. Ce sera une justice plus soumise à la pression du chiffre et des délais. Et aussi de moindre qualité puisque l’oralité des débats fait qu’il n’y a qu’aux assises que toutes les parties prenantes sont entendues, témoins, victimes, experts. Le viol devient un crime moins grave, alors que les femmes luttent pour qu’il ne soit jamais correctionnalisé. Les délais pour être jugés sont la raison invoquée, encore une conséquence du manque de moyens humains.

Des conséquences nuisibles pour les femmes

La privatisation de la fourniture de l’eau, de l’électricité, du gaz, la concession des autoroutes à des sociétés privées, le mal remboursement des soins et des médicaments pour enrichir les mutuelles, l’abandon des hôpitaux qui incitent celleux qui peuvent à se tourner vers le privé… tous ces enrichissements du privé nuisent d’abord aux personnes les plus pauvres  : les femmes qui se retrouvent obligées de payer les dividendes d’actionnaires goulus. Quand elles sont seules responsables de famille, quand elles sont retraitées et quand elles sont moins payées...

Les conséquences de l’affaiblissement des services publics retombent majoritairement sur les femmes. Ce sont essentiellement elles qui gardent les enfants quand il n’y a pas de crèches ou d’école pour les plus petit.es. Ce sont encore elles qui assurent les soins aux malades ou aux anciens. Ce sont elles qui passent du temps et des jours de congé à se déplacer vers les services publics des grandes villes quand ceux des communes rurales sont ouverts deux heures par semaine.

On fait quoi ?

Les transports abandonnent les zones rurales et les zones périurbaines. Quand ils existent, là encore, la présence humaine qui protège de l’inconfort et de l’insécurité disparaît. Créer un délit de sexisme dans la rue et laisser les transports collectifs sans présence rassurante sont complémentaires : effet d’annonce, mesure sans efficacité et économie sur les dos des femmes. Ce sont également les femmes qui remplacent les petites lignes de transport qui transportaient les élèves des lycées ou des facs…

Évidemment, si les conséquences sont pires pour les femmes, c’est parce qu’elles sont mal payées et responsables du bon fonctionnement des familles.

Réussir la disparition du patriarcat est nécessaire mais en attendant (et en y travaillant) il faut participer aux luttes en cours pour la préservation et l’amélioration des services publics. Les femmes auront plus de temps, plus d’argent, plus de tranquillité par rapport à la satisfaction des besoins de la vie et pourront donc s’engager dans le combat contre le patriarcat.

Christine (AL Sarthe)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut