Surpêche : Des coopératives, pas des quotas




Dans Le Monde du 7 octobre 2012, Hervé Kempf écrit « l’interdiction exemplaire de la pêche industrielle en 2009 [au Venezuela] a relancé la pêche artisanale et rétabli les stocks de poissons ». La « révolution bolivarienne » a, sur ce sujet, intelligemment utilisé les subsides du pétrole en complétant cette mesure par des crédits attribués aux pêcheurs artisanaux pour monter des coopératives.

Les grandes pistes connues pour permettre la reconstitution des stocks de poissons et le maintien de la biodiversité ont déjà démontré leur efficacité. Dans le précédent numéro d’Alternative libertaire nous décrivions les «  aires marines protégées » qui devaient atteindre une couverture de 10 % des océans selon la conférence de Rio en 1992. Vingt ans après, malgré toutes les études prouvant l’efficacité de la reconstitution des stocks et l’amélioration des conditions économiques de la pêche artisanale, ces aires plafonnent toujours à 0,5 %. Pourtant la mise en place de réserves marines sur 30 % de la surface des océans ne coûterait que 12 à 14 milliards de dollars [1]. Moins que les 15 à 30 milliards de dollars de subventions accordées annuellement aux pêcheries industrielles. Les conditions politiques ne semblent pas réunies pour la mise en place de solutions rationnelles. Les Zones économiques exclusives (ZEE) sont, à ce titre, exemplaires. En principe dans les ZEE, les pays disposent de moyens légaux pour contrôler la pêche... mais c’est un privilège de riches. En Mauritanie ou au Sénégal, les flottilles européennes ou asiatiques pillent les ressources des ZEE. L’absence de véritable régulation internationale et la domination néocoloniale conduisent à la ruine de la pèche traditionnelle.

Crise généralisée du secteur

Face à la crise généralisée de la pêche, la politique de subvention des pays occidentaux favorise les secteurs les plus destructeurs pour les stocks de poissons. Dans ce contexte, les politiques de quotas sur les espèces menacées touchent évidemment et en premier lieu le secteur de la pèche artisanale qui emploie la grande majorité des travailleurs du secteur. L’interdiction de la pêche industrielle et en particulier des bateaux menant des campagnes de plusieurs mois, avec une technologie de pointe, est un préalable autant pour la sauvegarde de la biodiversité que pour le développement de la pêche artisanale. En favorisant la reconstitution des stocks de poissons, elle permettrait la réconciliation entre défenseurs de la nature et une profession prise à la gorge qui ne se projette plus au delà du court terme. Le gouvernement PS-EELV prendra-t-il les mesures nécessaires ? Interdira-t-il la pêche industrielle, au risque d’un affrontement avec les capitalistes du secteur ? La réponse est malheureusement connue !

Jacques Dubart (AL Agen)

[1Rapport de l’OCDE : Examens des pêcheries dans les pays de l’OCDE : Politiques et statistiques de base, p. 55-56, Paris, 2003.

 
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