Travail forcé : SCO ou STO ?




Dans la logique des mesures réactionnaires et autoritaires, une proposition de loi est actuellement à l’étude sur le Service civil obligatoire (SCO), où se mêlent travail forcé et magouilles d’État. Un enjeu de lutte pour la jeunesse, directement visée.

“ Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, méprisent l’autorité et bavardent au lieu de travailler ” disait déjà Socrate il y a presque 2500 ans. Aujourd’hui, ce sont les mêmes lieux communs idéologiques qui sous-tendent la proposition de loi sur l’instauration d’un Service civique obligatoire (SCO) pour les jeunes. Examinée au Sénat le 10 octobre 2006 [1], cette proposition est émaillée de remarques telles que : “ nos valeurs communes s’érodent ”, “ une confusion s’est établie entre droits et devoirs ”…

Identique rhétorique niaise dans le “ Projet socialiste ” pour 2007, qui consacre un chapitre au “ service civique obligatoire, ou comment établir un lien de civisme et d’échange entre l’individu et la société ” [2] !
À l’heure de la mise en place d’un État autoritaire, la classe politique a donc choisi de s’attaquer à la “ jeunesse dégénérée ”. Voilà qui est bon pour gagner des voix chez les vieux cons !

Avec la fin du service militaire en 2001, la France aurait perdu un merveilleux outil de “ brassage social ” et de “ fraternité républicaine ” – d’où bien sûr la révolte des banlieues ou la lutte contre le CPE ! Voilà comment on essaie de masquer les problèmes sociaux avec un grossier maquillage “ moral ” et de “ valeurs ” faisandées dont ceux qui ont subi la conscription gardent sûrement un souvenir exaltant.

Travail quasi gratuit

En quoi consisterait le SCO ? Des “ services d’utilité collective ” dit-on… Entendez “ travaux d’intérêt général ” : le travail d’un condamné, à peine compensé par une “ indemnité mensuelle ” d’un montant qui tournerait autour de 300 euros ! Les nouvelles et nouveaux conscrits travailleront, selon le texte, dans des domaines tels que “ l’humanitaire, l’éducation, l’environnement… ” Ils et elles vont surtout servir de main d’œuvre quasi gratuite, sans aucun droit syndical ni de grève, pour réaliser des travaux forcément peu qualifiés.

Ce sera aussi l’occasion de faire baisser mécaniquement les chiffres du chômage puisque près de 800 000 personnes seraient concernées par le SCO, tout en occupant des postes qui pourraient l’être avec un vrai salaire par des travailleuses et travailleurs plus âgé-e-s. Encore une fois c’est la concurrence et non la solidarité qui s’instaurerait entre les générations.

Qui plus est, certains emplois, notamment dans le travail social, doivent être l’œuvre de gens formés et volontaires pour ne pas faire n’importe quoi. Il y aurait encore long à dire sur la corruption qu’engendrerait cette mesure, entre politicien-e-s et associations qui veulent de la main d’œuvre gratuite.

Certes il est nécessaire de poser la question de l’exclusion – et donc de l’intégration – sociale. Mais peut-on prétendre répondre à cette question par six mois de service obligatoire tout en démantelant l’Éducation nationale comme c’est le cas actuellement ? Peut-on parler d’intégration avec du travail forcé, sous-payé et sans droits ?
Ce que veut la jeunesse : un vrai travail avec un vrai salaire !
Les élections sont l’occasion pour les politiciennes et les politiciens de flatter l’électorat par toutes sortes de mesures liberticides. Libertaires, ce sera à nous de casser ce consensus et de montrer que la nouvelle génération militante ne se laissera pas faire !

Manu (AL Paris-Est/Nord)

 
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