Tri mécano-biologique : Une usine qui sent le gaz




Le 17 novembre, une manif nationale contre les usines utilisant les méthodes de tri mécano-biologique et de méthanisation a réuni plus de 300 personnes venues des collectifs de Romainville (93), Ivry (94), Angers, Montpellier. Le ministère de l’Environnement a refusé de recevoir une délégation mais a dépêché les flics !

La méthode de traitement des déchets par tri mécano-biologique (TMB) et par méthanisation ressemble fort à une fausse bonne idée. De prime abord, faire du gaz et du compost avec nos poubelles non triées serait plutôt sympa. Mais les problèmes s’accumulent : explosions, odeurs nauséabondes, gaz tout juste suffisant à l’auto-fonctionnement de l’établissement, compost refusé par bien des pays d’Europe… Au bout de la chaîne, on se retrouve avec une usine…à gaz dont les reliquats sont justes bons à être enfouis ou incinérés comme s’ils n’avaient pas été traités : une étape industrielle coûteuse pour le contribuable et inutile au final.

En réalité le processus est en deux temps : d’abord on sèche le contenu de nos poubelles dans de grands cylindres qui tournent en permanence et le tri serait alors automatiquement assuré. Problème : les déchets biologiques, qui sont récupérés pour être mouillés dans des cuves de fermentation d’où le méthane s’évapore et le compost se fait, ont été mélangés et souillés au contact des matières toxiques diverses de nos poubelles (plastiques, résidus de produits ménagers, etc.). Une usine de ce type, la plus grande d’Europe jamais construite, est en projet à Romainville (93).

Procédé d’intérêt contestable

En réalité, pour produire un compost utile et assimilable sur les terres agricoles, il faudrait mettre en place un tri dans les foyers et une collecte spécifique des déchets bio-dégradables. Cela existe dans de nombreux pays d’Europe. C’est d’ailleurs ce que propose l’association Arivem [1], rassemblant des riverains qui ne refusent pas une usine pour traiter leurs déchets mais contestent l’implantation de cette usine alors que la technologie n’est pas maitrisée, ce que confirment les riverains de Montpellier et d’Angers où ce type d’usine fonctionne déjà.

Dans le 93, la mobilisation de la population au printemps, alors que le projet passait en douce, avait arraché un moratoire et un audit d’experts indépendants. Les expertises remarquent que l’éventuelle explosion d’un silo toucherait des zones habitées et une école, et que si la pollution de l’usine est censée rester en dessous des normes, on a oublié de faire l’addition avec la pollution déjà présente ; promettent que les fumées, en cas d’incendie, ne sortiraient pas des limites de propriété de l’usine ; et enfin reconnaissent le compost conforme aux normes françaises, mais pas à la norme européenne en cours de validation.

Pression sur les élus

Le Syndicat intercommunal (Syctom) présidé par le PS parisien sera l’instance décisionnelle pour la réalisation du projet sur le site qui est déjà une déchetterie géante dont les riverains acceptent la nécessité. Le vote final doit se tenir le 19 décembre. En attendant les élu-e-s locaux, sous la pression de leurs populations, se prononcent les uns après les autres contre le projet : Romainville, Noisy-le-Sec, Bobigny, Drancy… Il était temps, mais leurs partis politiques ne se prononcent pas. Même les Verts, divisés sur le sujet, ne prennent pas position. On peut donc craindre une opération purement électorale à un an des municipales avec des élu-e-s qui pourront dire qu’ils étaient contre mais dont les collègues majoritaires au Syctom voteront la réalisation du projet.

À l’heure où nous mettons sous presse, AL 93 [2] et le NPA 93, seules organisations politiques qui se sont prononcées contre le projet, doivent interpeller les fédérations départementales des partis de gauche afin qu’elles prennent clairement position.

Mais seule la mobilisation permettra de faire barrage à la réalisation de ce projet. Une manifestation sera organisée le jour du vote du Syctom. Et si les élu-e-s refusent d’entendre nous irons nous coucher devant les pelleteuses. La bataille peut encore être gagnée !

Collectif AL Seine-Saint-Denis

[2Plus d’infos sur notre blog : www.libertaires93.org

 
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