carnet de voyage

Un communiste libertaire dans les YPG #03 : l’écho des bombes turques




« L’ambiance est un peu pesante à l’académie. En plus des frappes aériennes, on craint une attaque terrestre de l’armée turque. »


Alternative libertaire reproduit les billets du blog Kurdistan-Autogestion-Révolution, carnet de voyage d’un camarade engagé au sein des YPG.

Au fil des semaines, il témoignera de la vie au sein des milices combattantes, des débats qui s’y mènent et de l’expérience du confédéralisme démocratique dans les zones libérées.


Académie de formation des YPG pour les volontaires étrangers, canton de Cizîrê, le 25 avril 2017

Les nouvelles des bombardements turcs au Sinjar et sur une base YPG au Rojava (pas la nôtre) vont m’obliger à couper un peu les communications.

L’ensemble des miliciennes et des miliciens doivent couper leur portable pour des raisons de sécurité.

Nous avons été survolés cet après-midi par les Navy Seals apparemment. Allaient-ils dissuader l’aviation turque de recommencer ce sale coup ? Les américains doivent être sur les dents.

Bientôt davantage de nouvelles !

Une petite photo de chez nous au passage. Au sommet du pylône : le drapeau des YPG.


Académie de formation des YPG pour les volontaires étrangers, canton de Cizîrê, le 26 avril 2017

Les bombardements c’est un peu comme la malchance quelque part, on sait pas sur qui ça va tomber. On peut faire ce qu’on veut mais on ne peut pas s’en prémunir… Voilà ce que me disait hier soir l’un des camarades avant qu’on passe la nuit dispersés dans les champs, de peur de se prendre une bombe sur le coin de la figure…

C’est à ce moment là, quand on est couché, à regarder dans le ciel, à guetter la moindre lumière, le moindre son dans la nuit étoilée, magnifique mais subitement hostile, que l’on pense à ces peuples qui se font bombarder depuis des décennies  : Palestiniens , Afghans, Irakiens…

Et je me demande comment ils font pour dormir sereinement une seule nuit par an…

L’ambiance est un peu pesante à l’académie. En plus des frappes aériennes, on craint une attaque terrestre de l’armée turque. Lors de la préparation de la classe nous avons été plusieurs à réclamer des armes… mais il n’y en a pas assez pour tout le monde, et je fais partie des malchanceux qui n’en ont pas reçu.

Peu après la classe, un camarade, voyant ma déception, m’a tendu quelque chose : une grenade. Il m’a rapidement expliqué comment l’utiliser et a conclu : « C’est pour te défendre, au cas où… ou si, en dernier recours, tu veux pas te faire prendre. Tu auras au moins le choix. »

Arthur Aberlin

 
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