journal de bord

Un communiste libertaire dans les YPG #16 : « Je tire ma révérence, la lutte continue ! »




« Je pense que nous aurions dû être plus nombreuses et nombreux à franchir le pas. Quelques centaines de volontaires internationalistes sur le terrain, alors que Daech a réussi à attirer plus de 30.000 personnes pour “faire le djihad”... »


Alternative libertaire reproduit les billets du blog Kurdistan-Autogestion-Révolution, carnet de voyage d’un camarade engagé au sein des YPG.

Au fil des semaines, il témoignera de la vie au sein des milices combattantes, des débats qui s’y mènent et de l’expérience du confédéralisme démocratique dans les zones libérées.


Salut à toutes et à tous !

Après un long silence, je reprends la plume pour tirer (provisoirement) ma révérence.

J’ai quitté la Syrie et suis de retour en Europe depuis quelques semaines. Après avoir participé à la bataille de Mansourah, que j’ai relatée sur ce blog, j’ai enchaîné avec celle de Raqqa, capitale puis tombeau du califat. Une bataille pénible, cruelle, suffocante... Je n’écrirai pas davantage, pour le moment, sur le sujet. Vous avez pu lire suffisamment de reportages divers pour vous en faire une image.

J’ai ensuite passé plusieurs semaines à l’arrière, avec mes camarades, où j’ai participé à quelques projets politiques et sociaux, mais où j’ai également pas mal décompressé. Et me voici de retour, après le passage obligé par le Kurdistan d’Irak, alors en pleine débandade suite au tragicomique référendum d’indépendance de Barzani.

Désolé d’avoir tenu un journal de bord aussi erratique. Je dois admettre que malgré mes bonnes résolutions, c’était loin d’être ma priorité… Je crois également que je n’étais pas très satisfait de mes premiers billets. Il est difficile, quand on est pris dans le tourbillon d’une révolution, de produire une analyse pertinente. Même si l’expérience de terrain est irremplaçable, il me faudra peut-être un peu de temps et de distance pour analyser plus posément la situation.

Ai-je des regrets ?

Pas de m’être engagé en tout cas. Je pense que nous aurions dû être plus nombreuses et nombreux à franchir le pas. Quelques centaines de volontaires internationalistes sur le terrain, alors que Daech a réussi à attirer plus de 30.000 personnes pour « faire le djihad »... Il y a plein d’excuses possibles pour ne pas prendre part à ce combat. Mais attendre la révolution parfaite avant d’agir, c’est se condamner à l’impuissance.

Et puis, après avoir partagé le quotidien de ces miliciennes et de ces miliciens pleins de courage et d’abnégation, vu des camarades tomber au combat pour la liberté et la révolution, il est pénible – c’est un euphémisme – de lire des commentaires malveillants ou des calomnies sur Internet, par des rebelles de salon...

Qu’on se le dise : après Raqqa, rien n’est fini. La révolution n’a jamais eu autant besoin du soutien sincère des révolutionnaires, alors que l’avenir de la Syrie – et plus largement du Moyen-Orient – est l’objet de tensions inter-impérialistes. Bien sûr, nous devons être critiques dans notre soutien, mais une critique ne porte que si elle est liée à une implication sincère et concrète dans ce combat. C’est ce qui la distingue du commentaire de dilettante.

Sur ces quelques lignes, je clos ma participation à ce blog et je cède le clavier à un autre camarade d’Alternative libertaire, qui est arrivé au Rojava peu avant mon départ.

J’espère vous croiser dans les luttes, et lors de rencontres qu’AL organisera courant 2018.

A bientôt !

Arthur Aberlin, le 27 décembre 2017

 
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