Violences faites aux femmes : Record de mobilisation en France




La manifestation du 24 novembre a été un véritable succés par le nombre de manifestantes et l’inventivité des cortèges. Mais scander la colère ne suffit pas. Nous devons continuer à lutter contre les violences faites aux femmes par tous les moyens et partout où nous nous trouvons.

Le 24 novembre restera indéniablement une date marquante dans la visibilité de la lutte contre les violences faites aux femmes (même si les médias ont fait le choix de faire la part belle aux gilets jaunes, pourtant moins nombreux). Le nombre de manifestantes (et aussi de manifestants), la vitalité et l’inventivité des cortèges auront montré une réelle dynamique mettant en lumière l’envie d’en finir avec ces violences.

Ainsi, ce sont entre 50 000 et 80 000 personnes qui ont défilé dans une cinquantaine de villes. Un chiffre jusqu’ici jamais atteint  ! Pour un certain nombre de femmes (notamment jeunes), c’était la première participation à une manifestation. Cela montre que l’appel a été entendu au delà-des ca¬dres traditionnels. Mais se féliciter de ces chiffres ne peut suffire. Il s’agit maintenant d’aller au-delà et de continuer la lutte quotidienne.

Manifestation contre les violences faites sexistes et sexuelles, à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Faut-il le rappeler  : une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon  ; 225 000 femmes sont victimes de violences conjugales  ; on dénombre 93 000 viols ou tentatives de viol chaque année (sur des majeures) et pas moins de 550 000 agressions sexuelles. Ces chiffres effrayants sont très certainement sous-estimés, même si les enquêtes de victimation deviennent de plus en plus fiables.

Même si les violence sexistes et sexuelles sont définies légalement et condamnables pénalement, peu de femmes franchissent le seuil du commissariat, de peur des représailles, de ne pas être entendues ou crues. Peur également d’être jugées. Et comment pourrait-il en être autrement quand les agresseurs mettent en place des stratégies qui leur permettent d’agir en toute impunité sous les regards complices ou aveuglés des témoins  ?

Ne rien laisser passer

Scander sa colère ne suffit pas. C’est tous les jours qu’il faut agir et réagir, individuellement mais surtout collectivement quand c’est possible. Intervenir quand une femme est harcelée dans la rue. S’interposer quand une femme subit des attouchements dans les transports en commun. L’ouvrir quand des collègues font des blagues sexistes sur le lieu de travail. Réagir quand on entend la voisine crier ou les coups pleuvoir dans l’appartement d’à côté.

Même si l’on peut porter un regard critique sur les modes d’organisation et de communication du collectif Nous toutes (qui n’aura pas réussi à maintenir un consensus large notamment autour de la question de la prostitution), force est de constater que les manifestations étaient une réussite. Pour autant, les tentatives de dépolitiser le débat, d’invisibiliser les organisations qui en étaient partie prenante (la consigne était donnée de n’apporter aucun drapeau ni ballon), peuvent semer le doute quant à l’avenir de ce mouvement et aux intentions de ses organisatrices. Alternative libertaire a fait le choix d’apparaître en tant que telle à Paris dans un cortège commun des féministes libertaires avec nos camarades de la CGA. Pour notre part, nous continuons de lutter contre les violences faites aux femmes par tous les moyens (formation, éducation, auto-défense, interventions, débats…) et partout où nous nous trouvons. Cela va de pair avec la lutte contre toutes les oppressions et tous les systèmes de domination.

Gaëlle (AL Saint-Denis)

 
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