Contre les violences faites aux femmes, il faut tout changer !




Pourquoi ce silence autour des violences quotidiennes faites aux femmes ? Parce qu’elles sont un des outils du patriarcat pour soumettre les femmes, les contrôler et les punir en cas de désobéissance.

Contre les violences faites aux femmes
Tract d’Alternative libertaire, novembre 2004.

Les violences faites aux femmes sont une réalité universelle, de toutes les sociétés, de tous les milieux. Les exemples sont si nombreux qu’il est inimaginable que l’indignation ne submerge pas les peuples. Pour quelle autre catégorie de la population mondiale, accepterait-on autant d’atrocités dans un quasi-silence ?

Violences domestiques

Elles sont de loin les plus nombreuses. La famille est l’endroit le plus dangereux du monde pour les femmes.

Plus de 5000 femmes sont assassinées chaque année par leur père, leur frère, leur mari pour désobéissance ou conduite jugée honteuse particulièrement au Maghreb, en Jordanie, au Brésil, en Inde. Ces crimes sont monstrueusement appelés « d’honneur » peu ou pas punis par les lois.

En France, on estime que 6 femmes décèdent chaque mois assassinées par leur compagnon. Mais cet été c’est au moins 29 femmes qui sont mortes de violences conjugales en deux mois. Au Bangladesh, plus de 300 femmes sont défigurées au vitriol chaque année pour avoir refusé une demande en mariage.

En Europe, les femmes de 15 à 44 ans ont une probabilité plus grande de mourir ou de rester invalides de violences conjugales que, réunis, du cancer, d’un accident de la route, de la malaria et d’une guerre. Et 25% des crimes concernent un homme ayant agressé sa femme ou partenaire.

En Inde, 5 femmes sont brûlées chaque jour pour des problèmes liés à la dot. Les veuves indiennes hindouistes sont parfois encore brûlées sur le bûcher funéraire du mari et sont dans tous les cas déconsidérées et réduites en esclavage par leurs belles-familles.

Les viols sont commis dans la moitié des cas par le conjoint, dans 12% seulement par un inconnu de la victime. 70% des meurtres de femmes sont le fait de leurs compagnons.

L’expansion de l’islam traditionaliste en Europe conduit à un contrôle total de la vie d’un nombre croissant de jeunes des filles par leur père, leur frère ou leur mari. Des jeunes filles issues de l’immigration sont contraintes par leurs familles à des mariages dont elles ne veulent pas et sont arrachées à leur vie et à leurs études pour être violées par un mari qui leur a été imposé. 20% des femmes en France ont un jour été victimes de harcèlement sexuel.

La publicité présente la violence envers les femmes comme normale et anodine, drôle même, renforçant une sorte de complicité masculine et de tolérance à l’égard des comportements violents (se souvenir de la pub de la crème fraîche liquide Babette au slogan proche de « je la lie, je la fouette » ou de la pub de Club-Internet cet été présentant une femme étendue assommée parce qu’elle n’a pas choisi le même programme que son compagnon ou celle d’un parfum qui présente une femme couchée, en pleurs, aux vêtements déchirés).

La sélection avant la naissance et les meurtres de petites filles font que des dizaines de millions de femmes sont « manquantes » en Chine et en Inde. De nombreuses fillettes sont violées par un membre de leur famille, par leur père et une grande tolérance existe. Même, aujourd’hui, la parole des femmes qui accusent le père de leurs enfants est de plus en plus souvent mise en doute et les droits de visite imposés.

Les autres violences

À Ciudad Juarez au Mexique, 250 femmes ont été assassinées en sept ans, la plupart du temps par des gangs au service du patronat local. Les autorités ferment les yeux. Deux millions de fillettes sont excisées chaque année. De nombreuses femmes travaillent comme employées de maison dans des conditions d’esclavage.

Le fait de payer une prostituée pour se soulager et dominer sans complication, ainsi que le tourisme sexuel, bénéficient d’une grande tolérance sociale.

Les viols en temps de guerre

Les hommes de presque toutes les armées régulières et guérillas violent les femmes des pays conquis. Soit comme stratégie de démoralisation, de combat, soit comme effets annexes, sorte de pillage.

Les femmes du Kosovo ont été violées par les militaires et miliciens serbes. Les femmes du Congo-Kinshasa sont violées par les diverses factions en lutte. Les Algériennes ont été violées par les intégristes musulmans. Les femmes tchétchènes sont violées par les soldats russes. Les femmes du Darfour sont violées par les milices Djandjawids. Les femmes haïtiennes sont violées par la police et les Chimères.

Cette énumération est longue et décourageante et incomplète sans doute aussi.

Combattre ces violences, c’est combattre le système patriarcal.

C’est pourquoi, à côté des revendications adressées aux Etats, nous devons combattre pour changer au quotidien les rapports entre les hommes et les femmes en expliquant le caractère éminemment politique de cette lutte pour l’égalité et le respect de tous les êtres humains.

Dans nos luttes anticapitalistes, syndicales, pour l’égalité et pour les droits de tous et toutes, dans nos relations de travail, dans nos relations familiales et amicales, nous devons demander :
 des lieux d’accueil des femmes battues, des logements sociaux accessibles en urgence ;
 le développement d’une réelle éducation à l’égalité à l’école, à tous les âges ;
 un statut autonome pour les femmes immigrées.

Mais aussi :
 intervenir quand une femme est victime de violence ;
 ne pas tolérer les comportements guerriers ;
 ne pas accepter les blagues sur la violence et le viol, refuser les images dévalorisantes qui présentent les femmes comme étant à la disposition des hommes.

Dans nos débats, nos luttes vers une société autogestionnaire, nous devons ne jamais oublier que l’égalité entre les hommes et les femmes et une composante de cette lutte et pas un résultat évident du changement de société.

Et la famille étant le lieu le plus dangereux pour les femmes, nous devons réfléchir à des formes de vie privée qui empêchent les violences, sans nous reposer sur la bonne volonté des partenaires. Le système patriarcal a besoin de la violence contre les femmes, en profite et la génère. A nous d’inventer d’autres vies.

Le privé est politique.

 
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