Inégalités : Patriarcat : les avancées




Loin de reculer grâce à un hypothétique progrès, le patriarcat s’ancre davantage dans les esprits et les institutions. Relayé par une presse machiste et un discours économico-politique prônant comme normale l’inégalité hommes-femmes, les avancées sociales des trente dernières années sont complètement remises en question.

Le patriarcat, c’est d’abord le travail domestique des femmes gratuit au profit des hommes. Nous avons déjà donné les chiffres de l’inégale répartition des tâches domestiques entre les hommes (2h par jour en incluant le bricolage et le jardinage) et les femmes (3h30 par jour). Une publication de l’Ined (Institut national d’études démographiques) de novembre 2009 confirme. Et pointe que l’inégalité s’accroit avec l’arrivée des enfants.

La prise en charge collective des tâches domestiques reste quasi inexistante. Aucun progrès n’est enregistré, en particulier pour la garde des enfants qui fait pourtant l’objet de promesses répétées (63 % sont gardés à la maison, en majorité par leurs mères qui réduisent pour se faire leur activité professionnelle). Du côté de la lessive, l’entretien des maisons et la cuisine, aucune promesse n’est faite.

L’exploitation au travail

Le pendant de l’exploitation domestique des femmes, c’est leur sur exploitation par rapport aux hommes sur le marché du travail. Parce qu’il est nécessaire qu’elles préfèrent la maison et parce que leur travail est toujours considéré comme d’appoint.

Écarts de salaire stagnant depuis les années 90, répartition sexuée des métiers et des qualifications, temps partiel massivement attribués aux femmes, retraites inférieures, taux de chômage supérieur. Le marché du travail est toujours largement pire pour les femmes que pour les hommes.
Un seul domaine tend vers l’égalité et il n’y a pas de quoi se réjouir : les femmes sont un peu moins plus chômeuses que les hommes. Les effets conjugués de la crise qui touche d’abord les métiers industriels (donc masculins) et du développement des emplois minables de service font que le taux de chômage des femmes croit moins vite que celui des hommes.

L’exploitation sexuelle

L’infériorité sociale des femmes permet leur exploitation sexuelle. Mais l’image de cette exploitation évolue.

Grâce au libéralisme économique et à l’idéologie du « toustes entrepreneurs », les discours revendiquant le statut de « métier comme les autres » pour la prostitution trouvent un large écho dans les médias, la société et même parmi les féministes. Des membres du gouvernement ont proposé de rouvrir les maisons closes.

Une loi devrait être votée bientôt permettant la gestation pour autrui. La location d’utérus ne choque plus.

L’IVG est un droit de moins en moins facile à exercer. La faible rémunération de l’acte ne motive pas les mèdecins à remplacer celleux qui partent en retraite. Des centres d’IVG ferment au nom des économies à faire dans les hôpitaux. Des femmes de plus en plus nombreuses dépassent les délais légaux à cause de la pénurie de structures et de personnel et partent avorter à l’étranger. Ce qui était un mouvement collectif et revendicatif est maintenant un voyage solitaire et cher.
Par contre le taux d’épisiotomies ne baisse pas, et la nouvelle tarification de l’acte ne devrait pas les faire disparaître.

Les moeurs et les idées

Pour se maintenir, le patriarcat s’appuie sur un système idéologique et d’inégalités petites et répétées qui fait que l’exploitation économique et sexuelle des femmes paraît parfaitement normale.En voici des exemples.

L’instrumentalisation des femmes et de l’exigence d’égalité.

L’offensive pro identité nationale utilise largement les femmes : on exige des étrangers le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes, on veut les libérer de la burqa. Mais des hommes en France continuent à tuer leur (ex)compagne, simplement parce que les autorités n’ont pas su les protéger.

La place accordée aux idées masculinistes

Les pères sont lésés pour la garde des enfants en cas de divorce, les fausses allégations de viols sur enfants sont fréquentes, les garçons décrochent plus à l’école, les hommes sont tout autant victimes de violences conjugales... Ces idées fausses véhiculées par les masculinistes trouvent un large écho dans les médias et le « bon sens ». Des individus aussi sinistrement anti féministes et même anti femmes que Zemmour ont libre parole et peuvent attaquer le droit à l’avortement (une des revendications des masculinistes est qu’il faut l’autorisation du père pour un avortement) à la radio ou à la télé sans déclencher de scandale.

Le piège de la maternité rénovée

L’alliance de l’écologie, de la médecine et de la psychologie conduit à une évolution « naturaliste » de la prise en charge idéale des bébés : allaitement (le ministère de la santé a un objectif chiffré de 70 % de mères allaitantes en 2010 en maternité, d’où une pression sur les femmes et une augmentation régulière du nombre de femmes concernées), optimum s’il est à la demande (du bébé) donc avec co-dodo, couches lavables écolo-compatibles, nourriture saine et naturelle à la place des petits pots... Chacun de ces points est positif mais les tâches domestiques reposant essentiellement sur les femmes (encore plus quand il y a des enfants), le piège est creusé.

Face à l’impossibilité de trouver un travail convenable et à face cette pression, certaines femmes deviennent mères à plein temps ou réduisent leur acticvié professionnelle ou jonglent entre deux temps pleins.
Ce n’est pas seulement dans le domaine de la prise ne charge des bébés que des questions autour de l’écologie, de la décroissance... conduisent certaines catégories sociales à faire plus de choses au lieu de les acheter. Il ne semble pas que ce mouvement soit accompagné d’un mouvement de remise en cause de la répartition traditionnelle des tâches domestiques.

Des inégalités nouvelles ou en progression

Les filles pratiquent moins d’activités physiques (celles nécessaires à une bonne santé) que les garçons ; les réductions d’argent de poche dues à la crise touchent plus les filles ; on ne note aucun progrès dans la féminisation des noms de métiers et fonctions ; les photos publiées par les medias français après le séisme à Haïti montraient des femmes victimes et des hommes sauveteurs ; la réforme des collectivités territoriales va faire disparaître les femmes élues (« grâce » à la disparition du scrutin de listes obligatoirement paritaires) ; le bonus accordé aux femmes ayant eu des enfants pour le calcul de la retraite a été réduit ; le sexisme de la publicité ne provoque plus de réactions d’indignation ; la chirurgie esthétique fait de gros progrès puisqu’elle améliore aujourd’hui les vulves et resserrent les vagins.....

La victoire idéologique du patriarcat

Il n’y a plus de revendications de suppression des inégalités. Les femmes constatent les inégalités domestiques et professionnelles, les déplorent à peine et les contournent en se construisant une identité à travers la tenue de leur intérieur ou la maternité. La féminité et la minceur sont les nouveaux combats à gagner.

Les propos les plus sexistes, misogynes et inégalitaires peuvent être tenus dans le médias sans choquer.

La seule inégalité qu’on parle encore de combattre est celle du nombre de femmes dans les consiels d’administration des grandes entreprises.

Les féministes peinent à se faire entendre.

Christine (AL Orne)

 
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