Sanofi L’essentiel, c’est l’actionnaire




Depuis cet été, la direction de Sanofi, obsédée par la rentabilité de l’entreprise, envisage plusieurs centaines de licenciements. Face à l’inertie des pouvoirs publics, les salarié-e-s s’organisent.

Arnaud Montebourg ne se prive pas de célébrer l’heureuse surprise : à Sanofi, ce ne sont « plus » que 900 emplois que la direction envisage désormais de supprimer avant 2015. Le ministre s’en est publiquement félicité, arguant du fait que les « recommandations du gouvernement » avaient été scrupuleusement observées par le patronat.

Une petite piqûre de rappel s’impose : en juillet dernier, le puissant groupe pharmaceutique annonce un projet de « restructuration », qui impliquait selon les syndicats la suppression de 1 500 à 2 500 emplois. En ligne de mire, les sites de Montpellier et Toulouse (secteur recherche), les fonctions support (services informatiques, achats, etc.), et la filiale Sanofi-Pasteur (vaccins).
Aussitôt, le ministre du Redressement productif monte sur ses grands chevaux. Pour parvenir, à force de reculades successives, à ce piètre résultat : près d’un millier de licenciements prévus.

À ce sinistre bilan s’ajoutent les menaces que la direction laisse encore planer sur les 640 salarié-e-s du site toulousain – sans compter la sous-traitance et l’intérim, qui représentent à peu près le même nombre de travailleurs et de travailleuses. Car même si Sanofi a fini par effacer Toulouse du plan de licenciement « officiel », l’entreprise continue à affirmer que l’avenir du centre de recherche « reste à préciser ».

Licenciements boursiers

Le groupe pharmaceutique ne traverse pourtant aucune difficulté particulière. Au contraire, les bénéfices sont au rendez-vous, puisque le groupe a réalisé environ 8,8 milliards d’euros de profits en 2011. Le but du laboratoire ne souffre d’aucune ambiguïté : réduire au maximum les investissements dans la recherche et augmenter toujours davantage le versement de dividendes aux actionnaires. L’entreprise n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Entre 2009 et 2011, Sanofi a ainsi supprimé environ 4 000 postes dans l’Hexagone, dans une conjoncture pourtant favorable. Le saccage social n’a d’ailleurs pas de frontière. En 2010, des plans de licenciement similaires avaient par exemple été lancés aux États-Unis.

Là encore, les objectifs de toutes ces « restructurations » – pour employer l’euphémisme en usage – se fondaient avant tout sur des considérations boursières, que ce soit pour revaloriser le cour des actions ou donner des gages de rentabilité aux investisseurs.

Un groupe assisté par l’État

Dans le même temps, le groupe pharmaceutique est abreuvé de financements publics. Selon l’union locale CGT de Montpellier, ce sont 130 millions d’euros qui ont été généreusement attribués à l’entreprise pour la seule année 2011. Qui plus est, le remboursement des médicaments par la Sécurité sociale profite lui aussi à Sanofi. Les chiffres exacts sont difficiles à évaluer ; chaque année, ce sont en tout cas plusieurs dizaines de millions d’euros qui se déversent ainsi dans les caisses du groupe.
Rien de très choquant aux yeux de Montebourg, qui considère que le laboratoire est dans son droit. Les salarié-e-s, quant à eux, sont bien décidé à ne pas baisser les bras. Depuis les annonces de l’été 2012, les actions et les manifestations se sont multipliées. Le 13 septembre dernier ont eu lieu plusieurs rassemblements à Montpellier, Strasbourg ou Toulouse. Plus de 700 travailleurs et travailleuses se sont ainsi réunis dans la ville rose, pour dénoncer les plans du patronat.
La direction de Sanofi entend de toute évidence sacrifier la recherche et le développement pharmaceutiques, au profit de raisonnements comptables. Aux enjeux sociaux se mêlent donc des problèmes de santé publique. La fabrication et la distribution de médicaments sont trop importantes pour être laissées aux mains des capitalistes. Dans ces conditions, la perspective d’un passage à une organisation publique et autogérée des sites de recherche ou de développement mérite qu’on y prête attention. C’est d’ailleurs le sens du communiqué du 19 septembre dernier, signé par plusieurs organisations anticapitalistes de Toulouse [1].

Boris - Paris Sud

[1Alternative libertaire, Les Alternatifs, Convergences et alternative, Fase, MOC, NPA

 
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