Saint-Denis : Les vendredis de la colère




Depuis plusieurs mois la mairie de Saint-Denis est en ébullition à cause du management autoritaire. La résistance s’organise autour du syndicat Sud Collectivités territoriales (Sud-CT). En toile de fond, ce sont l’après-municipales 2014 et la rigueur dans les collectivités territoriales qui sont en jeu.

La situation se dégrade pour les salarié-e-s à la mairie de Saint-Denis. Cela passe par des convocations et des tentatives d’humiliation de la part de la hiérarchie, des pratiques d’intimidation y compris contre des syndicalistes de Sud, des obstructions au droit de grève, une pétition de cadres contre le droit de manifester... et cela dans différents services (culture, santé, social, petite enfance...). Et ce sont les arrêts de travail qui se multiplient.

Grève hebdomadaire

Il y a quelques mois, une tentative de réorganisation par le haut du service de santé a mis le feu aux poudres. Au final c’est l’organisation du travail qui est bouleversée au mépris des travailleuses et des travailleurs. Tout cela dans la plus grande mairie Front de gauche (FdG) de France.

Pour ne pas s’épuiser et réussir à fédérer un maximum de collègues, une grève d’une heure hebdomadaire, « les vendredis de la colère », s’est mise en place. Pour le moment, la mairie tente d’ignorer le mouvement croyant avoir affaire à des « agitateurs » sans se rendre compte de la profondeur du malaise et de la force de la mobilisation. Attitude par ailleurs suicidaire par rapport aux élections de l’année prochaine, et qui divise le FdG qui compte la Gauche anticapitaliste à Saint-Denis...

Le syndicat Sud-CT de la mairie est le seul qui soutient, porte et coordonne ce mouvement. Son analyse de la situation [1] peut se résumer ainsi : l’État a annoncé en février dernier dans le cadre des économies à faire face aux déficits (créés par les capitalistes...) une baisse des dotations aux collectivités locales de 4,5 milliards sur trois ans. Par ces méthodes de management, la mairie anticipe des coupes budgétaires à venir (donc des services réduits à la population) en cherchant à « briser » des salarié-e-s particulièrement impliqué-e-s et combatives (ce sont majoritairement des femmes).

Le PS aux commandes

Ce n’est pas le premier mouvement de salarié-e-s dans une mairie PCF. Le petit plus, à Saint-Denis, vient du fait que le maire actuel, Didier Paillard, a laissé la main mise au PS sur les postes-clés de l’administration. Par exemple, le directeur général des services, François Tchékémian, fait aussi une carrière au PS, et c’est lui qui pilote dans les faits la politique municipale en direction des salarié-e-s. Et les socialistes sont en embuscade pour essayer de récupérer la mairie, politiquement cette fois, en 2014. Cette situation est révélatrice de la baisse d’influence et de force du PCF.

Pour comprendre pourquoi une mairie FdG, soutenue par des élu-e-s Lutte ouvrière, applique un management autoritaire, on peut se dire que la pratique du pouvoir et des institutions, mêmes locales, oblige à des compromis au nom du « pragmatisme » et du « principe de réalité ». Aucune institution ne peut faire abstraction du système dans lequel elle existe, même en se réclamant du communisme municipal. D’autant que ce dernier s’inscrit dans un régime de délégation élective de plus en plus éloigné des réalités de la population...

Sergio L. (AL Saint-Denis)

[1Les tracts et les vidéos de la mobilisation (très dynamiques) sont sur le blog de l’union locale Solidaires de Saint-Denis : solidaires.saintdenis.over-blog.org

 
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