Elections 2007

L’important, ce sont les luttes




Alternative libertaire ne donnera pas de consigne de vote aux présidentielles et aux législatives de 2007 [1]. C’est ce qu’a décidé notre Coordination fédérale réunie à Paris le 13 janvier 2007.

Car l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est que des luttes sociales démarrent et aboutissent à des victoires.

L’exemple des Enfants de Don Quichotte est significatif : aucun-e des candidat-e-s n’avait décidé de faire du logement un axe de campagne. C’est un mouvement social qui a fait entrer de force ce thème dans le débat actuel. C’est le mouvement social qui a imposé ce sujet aux appareils politiques. Même si nous ne nous faisons aucune illusion sur les réponses apportées effectivement, c’est tout de même important. Par la mobilisation, c’est nous tous et toutes qui pouvons « dicter le programme ».

C’est pourquoi le choix tactique consistant à se déplacer ou à s’abstenir, à voter blanc ou pour tel ou telle n’est pas notre préoccupation principale.

Deux axes sont pour nous cruciaux.

Le premier, c’est la démocratie directe et autogestionnaire. Qu’on considère le système politique actuel comme un moindre mal ou comme la pire des choses, il reste qu’il ne correspond pas à notre conception de la démocratie. La démocratie, ce n’est pas un chèque en blanc pour plusieurs années, basé sur les promesses les plus abrancadabrantes, qu’aucun candidat n’a l’intention de tenir. La démocratie, c’est d’abord et avant tout le débat et l’élaboration collective. C’est le contrôle et la révocabilité des représentant-e-s.

Le deuxième axe, c’est l’importance des luttes sociales comme lieu d’élaboration de la transformation sociale. Les élections changent des choses : souvent en pire, quasiment jamais en mieux. L’amélioration de nos conditions de vie, ce n’est pas des élections qui nous pouvons l’attendre mais uniquement de nos mobilisations. Aucune avancée sociale significative n’a été obtenue dans mouvement social pour créer le rapport de force et imposer le progrès social.

Alternative libertaire s’exprimera et mènera campagne sur ces deux axes, avec son matériel propre.

Alors bonnes luttes sociales !

Laurent Scapin (CAL 93, Commission Web)

[1Rappelons qu’il n’y a pas de « position naturelle » d’AL concernant les élections. Dès le Manifeste pour une Alternative libertaire, notre texte "fondateur", nous exprimons clairement que nous n’avons pas de tabou vis-à-vis de la question électorale : « Aussi ne sommes nous pas des abstentionnistes de principe. Tout en affirmant qu’aucun changement radical profitable au prolétariat ne peut être apporté délibérément par des élus, nous n’excluons pas a priori la possibilité de voter ou d’appeler à voter, dans certaines conditions, pour tel ou tel candidat, tout en rappelant notre critique radicale de l’électoralisme et notre priorité absolue aux luttes sociales. »

Oui, les luttes sociales sont la priorité. Mais nous ne vivons pas dans un espèce de monde irréel où les élections ne changeraient rien. Nous sommes conscients de l’aggravation de la situation qu’elles peuvent engendrer.

C’est pourquoi Alternative libertaire, non seulement n’est pas par principe abstentionniste, mais a par le passé pris position en donnant certaines consignes de vote.

Ainsi, le deuxième et le quatrième congrès d’Alternative libertaire ont pris une position de principe pour le vote-barrage en cas de présence de l’extrème-droite au deuxième tour face à un candidat de gauche.
 « Nous ne sommes pas des militants de témoignage d’une pensée juste et sans compromis attendant le verdict des historiens des siècles prochains. (...) Il a déjà été dit que le pouvoir institutionnel peut être une arme dans les mains des fascistes. Sans mettre nos critiques en poche, nous préférons sans ambiguïté la démocratie libérale au fascisme. Au-delà d’une critique radicale du parlementarisme, Alternative libertaire s’engage à faire barrage au FN en appelant à s’opposer électoralement à tout niveau (du local au national) à son installation dans les institutions. » (Etre révolutionnaire aujourd’hui, 2e congrès d’Alternative libertaire, Avril 93, Montreuil).
 « Nous n’avons jamais été partisans du pire, nous n’avons nullement une conception judéo-chrétienne du martyr. (...) Un des principaux mpyens pour les différents partis fascistes d’obtenir les postes de décision est électoral. Nous n’avons donc pas d’autre choix que d’aller le combattre sur ce terrain pour éviter le pire. (...) Il peut donc être parfois parfaitement justifié, voire indispensable, de pratiquer le barrage dès le premier tour. Dans tous les cas, le deuxième tour n’offre plus la (possibilité de voter pour les listes les plus à gauche et les listes alternatives), et (l’abstention et le vote blanc) reviennent à du j’m-en-foutisme. » (4e congrès d’Alternative libertaire, Besançon, novembre 1997).

Ces positions n’ont pas été abrogées.

Enfin, Alternative libertaire a fait campagne sans état d’âme pour le Non au référendum sur la Constitution européenne. Le contexte référendaire est certes différent des élections de délégation. Le fait est néanmoins que l’abstentionnisme n’est pas une position "naturelle" des communistes libertaires.

En ce sens, la décision d’Alternative libertaire (« AL ne donnera aucune consigne de vote pour les différents tours des élections présidentielles et législatives ») doit se lire dans le prolongement de ces positionnements passés : elle n’est valable que dans le contexte actuel.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut