Février 1999

Contre le racisme




LIBERTÉ de s’installer hors de son pays

ÉGALITÉ français-immigrés

FRATERNITÉ entre les peuples

Le racisme est-il présent dans la jeunesse ? Oui, malheureusement, comme partout ailleurs. Selon les sondages, 18% des moins de 25 ans votent Front National, ce qui est au-dessus de la moyenne nationale. Mais en même temps, c’est dans la jeunesse que l’on trouve le plus de militants et de militantes déterminés à combattre le racisme, qu’il soit le fait des français ou des « immigrés ».

On n’insistera jamais assez pour dire que l’antiracisme est un combat quotidien de chacun de nous, pour vaincre ses propres préjugés et convaincre autour de soi que les sentiments xénophobes n’ont pas de fondement rationnel.

On ne peut pas juger de quelqu’un sur la couleur de sa peau, ou son origine. Seule compte son attitude.

Ça, c’est ce qu’on appelle le « racisme ordinaire » : avoir une certaine méfiance vis-à-vis des « étrangers » qui sont accusés ne pas être « chez eux », ou des « Français », qui sont soupçonnées d’avoir conservé leur mentalité coloniale.

Mais il y a un autre racisme, beaucoup plus vicieux, celui qui consiste à vouloir fermer les frontières du pays aux immigrants, parce que ceux-ci sont censés être un poids pour l’économie.

L’État applique une politique raciste

Avant 1974, les frontières étaient ouvertes. N’importe qui pouvait entrer en France, s’y installer pour y vivre, c’est-à-dire travailler, donc cotiser à la Sécurité sociale et bénéficier de ses prestations, acheter un logement, fonder une famille, etc. Il n’y a jamais eu d’« invasion étrangère » à cette époque, pas plus qu’il n’y en aurait aujourd’hui, alors que les pays du Tiers-monde étaient déjà sujets à de graves crises. Bien au contraire, le flux d’immigration était trop faible, et le patronat installait des bureaux de recrutement dans les pays du Maghreb, pour « importer » des travailleurs.

A bas le nationalisme !

Le nationalisme a d’abord pour fonction de détourner l’attention des gens des vrais problèmes : chômage, mauvaises conditions de travail, misère et précarité. Toutes choses qui sont engendrées par le capitalisme, et que nous subissons, que nous soyons blanc ou noir. On veut nous diviser pour mieux nous contrôler !

Pourtant, à partir de 1974, l’État français ferme progressivement ses frontières, oscillant entre des politiques de « quotas » d’étrangers, et des politiques d’« immigration zéro », que le gouvernement soit de droite ou se prétende de gauche. Pourquoi ? L’argument économique est stupide, puisqu’en matière d’économie, on est toujours producteur et consommateur, peu importe la nationalité. Et s’il est vrai que le pourcentage de chômeurs est plus élevé chez les immigrés, ce n’est qu’à cause du racisme à l’embauche (1 cas sur 7, selon l’ANPE).

Malgré toutes les tentatives de flicage des frontières françaises ou européennes, les flux migratoires se poursuivent, parce que cela est naturel ; l’« immigration zéro » est une utopie dangereuse. En fait cette politique, en obligeant des milliers d’immigrés à vivre dans la clandestinité, a créé une situation scandaleuse. A cause de cela, des milliers de gens travaillent clandestinement, sans aucune protection sociale ni droits syndicaux.

Refusant de vivre continuellement en cachette et dans la peur, ceux que l’on a vite dénommés les Sans-papiers ont voulu attirer l’attention sur leur détresse depuis l’été 1996, pour certains en recourant à l’arme de la dernière chance : la grève de la faim. En apparaissant au grand jour, ils ont montré qu’ils étaient des gens comme tout le monde, qui avaient une famille, qui travaillaient pour gagner leur vie, et dont le seul crime consistait à ne pas rentrer dans les critères absurdes de Pasqua, Debré ou Chevènement. A l’heure actuelle leur lutte courageuse pour être régularisés n’est toujours pas finie et a mis sur le tapis la question cruciale de la politique raciste de l’État.

Pour une politique radicalement différente

« Assez de l’antiracisme folklorique et bon enfant dans l’euphorie des jours de fête », cette phrase s’applique parfaitement à certaines fausses associations antiracistes, comme SOS-Racisme, qui font de l’antiracisme-spectacle mais refusent de soutenir les Sans-papiers.

Faire de l’antiracisme, c’est certes changer nos comportements, mais c’est aussi réclamer une autre politique, ce que refusent de faire tous les partis institutionnels (RPR, UDF, PS, PCF, Verts, etc.) qui restent, à quelques nuances près, dans la même logique de fermeture des frontières.

Réclamer la ré-ouverture des frontières, c’est recentrer l’attention sur les vrais problèmes populaires : dire que « le chômage et l’insécurité, c’est le capitalisme, pas les immigrés ». C’est pourquoi Alternative Libertaire se bat pour :
 La régularisation de tous les Sans-papiers et le retour des expulsés
 L’abrogation des lois et circulaires racistes
 La liberté de circulation et d’installation
 L’accès à la citoyenneté pour tous et toutes

Clash n°3 (février 1999)
 
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