A Contre Courant : Où est le mouvement social ?




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


La puissance des grèves et manifestations du printemps dernier, la guérilla des intermittents, le succès caniculaire du Larzac, les mobilisations annoncées contre l’AGCS et Cancun, la crise gouvernementale suite à la catastrophe climatique et sanitaire, toute cela laissait présager une rentrée annoncée par certains « brûlante ». Chacun attendait donc, après un entracte estival agité, le 2e acte de la lutte sociale. Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? En réponse à cette question que, deux mois après la rentrée, tous se posent, faut-il se contenter d’un laconique : rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie ?

L’absence d’une reprise de la lutte à la rentrée n’était pas la seule hypothèse ; c’était tout de même la plus plausible. Qui a l’expérience des mouvements sociaux sait la difficulté de remobiliser sur des bases identiques les travailleurs et la vanité du slogan « on repart le mois prochain ». On ne reprend pas un mouvement social qu’on a interrompu ; on en commence un nouveau !

L’absence présente d’un conflit ouvert contre le gouvernement ne saurait laisser croire à l’évanouissement subit des tensions sociales de notre pays. Infatigable, la droite poursuit la mise en œuvre de sa politique antisociale (CDD permanent, RMA…). De son côté le mouvement social reste aux aguets. D’autant que l’affaissement de la « popularité sondagière » d’un Raffarin, en même temps qu’elle révèle l’hostilité majoritaire aux orientations de sa politique, oblige le salariat à une vigilance redoublée.

En effet, les allures de « déjà-vu, dejà-connu » de la situation présente exigent qu’on débusque au plus vite les pièges dans lesquels tant de fois on s’est collectivement laissé surprendre. La gauche plurielle fut le dernier en date de ce collet électoral dans lequel s’est étranglée la dynamique née, en décembre 95, de la mobilisation du monde du travail. Et ils s’y voient déjà, les ex de la bande à Jospin, ramassant la mise parlementaire et gouvernementale de mai-juin 2003. Bas les pattes !!!

Un nouveau cycle de luttes s’est ouvert avec le mouvement contre le plan Fillon. Nous avons l’expérience de nos erreurs (elles ont été nombreuses) et de nos faiblesses (elles sont immenses, ne nous le cachons pas) ; mais nous avons aussi éprouvé nos forces ; et surtout, nous avons pu sonder la profondeur de la colère du salariat contre la dégradation de ses conditions de travail. Aussi, c’est dans un nouvel état d’esprit que nous nous trouvons, celui de la nécessité d’entretenir une guérilla permanente. De notre capacité à résister, à chaque fois, aux régressions qui s’annoncent ; à imposer, à chaque fois, ce que nous exigeons, dépendra l’issue de cette nouvelle époque de la lutte des classes. Car c’est sur nous, et sur nous seuls, que nous devons d’abord compter.

 
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