A Contre-courant : Beaucoup de bruit pour (presque) rien




La ratification par le Parlement du « traité budgétaire européen », de son véritable nom bureaucratique « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance » (TSCG), a donné lieu à quelque remous dans le landerneau politique. Mais au-delà de la scène parlementaire, ce théâtre de marionnettes, l’affaire s’est déroulée dans l’indifférence générale des citoyens, au grand regret des souverainistes et autres nonistes dénonçant un pas de plus sur la voie de l’aliénation de la souveraineté nationale.
Sans doute ce traité servira-t-il dans les mois à venir pour justifier les tours de vis supplémentaires dans l’austérité budgétaire, synonymes de coupes claires dans les dépenses et d’augmentation des impôts et cotisations sociales, le tout dans le but de présenter l’an prochain un déficit inférieur aux fameux 3 % du PIB exigés par les traités européens antérieurs. Sans doute aussi sert-il, une nouvelle fois, à « rassurer les marchés » (ils s’effraient de si peu !) sur la détermination de « nos » gouvernants à persister sur la voie de la réduction des déficits publics et de la dette publique, de manière à permettre de continuer à s’endetter à des taux supportables. Sans doute encore s’agit-il de donner des gages aux grands prêtres de l’ordolibéralisme qui ont conçu ce nouveau traité outre-Rhin, lesquels pensent que les marchés peuvent se réguler et se piloter à partir du respect de quelques règles simples. Sans doute enfin s’agit-il de donner le change aux peuples en faisant croire qu’il y a toujours un pilote dans l’avion de la mondialisation et qu’ils sont bien gouvernés.

Mais rien de tout cela ne résistera à l’épreuve des contradictions dans lesquelles, sans ce traité et plus encore avec lui, la gestion néolibérale de la crise enfonce de plus en plus l’Europe occidentale. Car les tours de vis budgétaires supplémentaires dont il fait une obligation ne peuvent que rendre encore plus inaccessible le retour à l’équilibre budgétaire. Et quand l’interminable crise européenne rebondira, nous verrons nos gouvernants, affolés, faire avec le TSCG ce qu’ils ont déjà fait avec le traité de Maastricht : le violer allègrement pour tenter de sauver une nouvelle fois le capitalisme placé au bord du gouffre. Au demeurant, le traité lui-même est fait pour ne pas être respecté : son principal article fait référence à une notion, celle de « déficit structurel », dont les économistes reconnaissent qu’ils sont incapables de la définir avec suffisamment de précision pour rendre ce déficit mesurable. Autant vouloir tracer une frontière tout en reconnaissant que l’étalon que l’on utilise n’est pas garanti : c’est évidemment ouvrir la voie à toutes les querelles de bornage.

 
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