antiracisme

Affaire Théo : Un bilan politique des émeutes




Les deux manifestations contre les violences policières des 11 et 16 février, qui ont suivi l’« affaire Théo » se sont bien évidemment transformées en émeutes et pillages. Sur Internet, les réseaux « autonomes » s’émerveillent : en traversant audacieusement le périphérique, leurs troupes de choc auraient fait enfin la jonction avec « les jeunes de banlieue ».

L’émeute et le pillage sont les seules armes des populations privées de perspective sociale et « les jeunes de banlieue » n’ont besoin ni de l’expertise ni des renforts des autonomes de Paris pour faire flamber les quartiers ! L’émeute, c’est l’occupation d’usine pour ceux et celles qui sont sans vrai travail.

Depuis les années 1980, par la geste émeutière, les jeunes des quartiers se révoltent contre leur quotidien et obtiennent des subventions, des emplois, des travaux, bref obtiennent des résultats auprès des élus, qui achètent la paix sociale. Sauf qu’au lieu de construire une conscience de classe et des formes d’auto-organisation se construisent des relations clientélistes et mafieuses.

Bobigny est une ville-préfecture, une ville-dortoir dont les zones industrielles sont mortes, que l’on traverse et qui n’a même pas un centre. À part les plus pauvres des employé.es communaux, quasiment pas un fonctionnaire qui y travaille n’y habite. Une ville où la Maison de la culture (MC93) affrète des bus pour que les spectatrices et spectateurs venus de Paris osent s’y aventurer…



Flics patibulaires et revanchards

L’émeute et les pillages ont un peu plus enlaidi la ville. Les abris de bus de la gare routière toujours venteuse au pied des tours ne protègent plus du froid. Bobigny est resté plusieurs jours sans aucun transport public en soirée. Les voitures pleines de flics patibulaires et revanchards tournent en surnombre. Le tribunal a été dédoublé pour mettre deux fois plus de jeunes en prison que d’habitude... Ici, une petite minorité de Balbyniens et Balbyniennes sont imposables et leurs impôts locaux seront nécessairement sollicités. Et après ?

Bobigny, le 15 février 2017
cc Nicolas Le Roux

Émeutes et pillages sont l’écume des révolutions. Mais en faire un axe stratégique est d’un romantisme naïf et navrant. La guerre sociale n’est pas un jeu. Et chaque défaite de l’émeute permet à l’État bourgeois de légitimer et de renforcer ses outils répressifs. L’insurrection est un moment qui doit couronner l’effondrement de l’État bourgeois, sinon elle se transforme en tragique erreur de timing aux conséquences que ne vivront pas nos « autonomes » de Paris…

Bobigny, le 11 février 2017
cc Sarah Benamar
Bobigny, le 11 février 2017
cc Sarah Benamar

À Bobigny, seuls fonctionnent encore les réseaux communautaires, religieux et « commerçants », sur lesquels l’UDI s’est appuyée pour prendre la mairie à un PCF exsangue. Le pire, c’est qu’une analyse des forces matérielles en présence aurait de quoi rendre pessimiste quant à l’issue locale d’une insurrection victorieuse à l’échelle nationale !

Ici, la question n’est pas de détruire un peu plus mais de reconstruire de l’espoir, du collectif, de l’alternative, et pour ça il y a du travail pour les militantes et militants révolutionnaires de toute obédience... Bienvenue à Bobigny !

Jean-Yves (AL 93-Centre)

 
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