Alternative libertaire : Sept semaines avant notre VIIIe congrès




Le VIIIe congrès d’Alternative libertaire se tiendra à Agen les 27, 28 et 29 octobre 2006. Cette année le menu est particulièrement chargé : situation politique générale en France et dans le monde ; développement, croissance et décroissance ; rôle de la jeunesse dans la lutte des classes ; féminisme, antipatriarcat et prostitution ; politique vis-à-vis de nos partenaires libertaires ; culture ouvrière ; positionnement et expression par rapport à la présidentielle de 2007.

Alternative libertaire entre dans la dernière ligne droite de la préparation de son congrès. Tous les deux ans, au cours de cette assemblée cardinale dans la vie démocratique de l’organisation, les militantes et les militants font le bilan politique et social des deux années écoulées, et dressent les perspectives d’intervention pour les deux années à venir.

Une partie seulement des débats est à huis clos, la moitié environ du congrès étant ouverte à des observateurs et observatrices – délégué(e)s d’autres organisations politiques, sympathisantes et sympathisants locaux, journalistes, et surtout les Ami(e)s d’Alternative libertaire. Depuis le congrès de 2002 en effet, les sympathisant(e)s qui souscrivent aux Ami(e)s d’Alternative libertaire, l’association créée autour afin de soutenir notre mensuel et nos projets sont libres de participer aux débats publics des congrès.

La tenue d’un congrès d’AL n’est jamais un événement bâclé ou une simple formalité. Comme chaque fois, la réflexion a commencé plusieurs mois avant la date du congrès, et ces trois jours d’octobre seront en fin de compte la clôture d’un processus démocratique engagé bien en amont.

Depuis avril, les militant(e) et Ami(e) d’AL ont reçu chaque mois un cahier compilant les propositions de motions, d’amendements, les contributions libres sur tel ou tel sujet, mais aussi la critique des orientations proposées, les contre-motions, etc. Dans les réunions des groupes AL, un point de l’ordre du jour a régulièrement été consacré aux débats du congrès, et on s’est ainsi un peu “ sorti le nez du guidon ” des luttes !

Cette année le menu du congrès est pour l’instant particulièrement chargé, les contributions ayant été nombreuses sur des sujets très variés. La coordination fédérale d’AL, qui rassemble les délégué(e)s de tous les groupes le 23 septembre, aura pour tâche de “ faire le tri ” dans cette jungle de textes, quitte à reporter à plus tard l’examen de certains d’entre eux. Le congrès évitera ainsi de se disperser, et pourra se concentrer sur les points qui font réellement débat.

Variété des débats

Hormis les passages obligés (bilan collectif de l’action d’AL, rapport d’activité du secrétariat fédéral et des commissions, etc.), le congrès est consacré à l’examen des motions d’orientation qui vont constituer la ligne stratégique ou au moins l’orientation fédérale d’Alternative libertaire sur divers sujets. On peut noter que les motions déposées cette année reflètent complètement les préoccupations de la période.

 Ainsi, alors que la question du réchauffement climatique et du modèle de développement percute chaque courant politique (et l’humanité en général…), le concept de “ décroissance ” commence à être à la mode, avec les interprétations plus ou moins discutables qui peuvent en être faites. Une motion (publiée dans les pages “ idées ” d’Alternative libertaire cet été) propose une approche de classe et anticapitaliste de la question.

 L’examen de la situation politique et sociale fait l’objet de trois motions, toutes placées sous le signe du mouvement anti-CPE du printemps. Le rôle important que les militant(e)s de la branche Jeunesse d’AL y ont joué (en particulier à Rennes, Aix-en-Provence, Orléans et Paris) se ressent particulièrement dans les analyses, qui cherchent à définir exactement le rôle de la jeunesse dans la lutte des classes, et les possibilités d’utiliser cette force pour renouveler le combat contre la précarisation du travail.

 La question des religions et de la laïcité sera également abordée : “foulard islamique”, caricatures de Mahomet, “ affaire Tarik Ramadan ”, offensive religieuse (frontale ou pernicieuse), défense de la laïcité, instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes, tentations d’une alliance islamo-gauchiste chez certains courants politiques… ces dernières années ont été marquées par une complexification des paramètres de la lutte antireligieuse et de la laïcité. AL a besoin d’un fil rouge, d’une ligne de conduite qui lui permette de maintenir le cap d’un combat antireligieux pertinent dans le contexte actuel, et deux motions ont été déposées à ce sujet.

 La lutte contre les licenciements avait fait couler beaucoup de salive aux VIe et VIIe congrès d’AL, sans qu’un axe revendicatif cohérent puisse être retenu : “ droit de veto des travailleur(se)s sur les licenciements ”, “ mutualisation des responsabilités patronales ”, etc. Seule la “ réquisition/autogestion ” de certaines entreprises menacées de fermeture faisait consensus. S’appuyant sur les débats en cours dans le mouvement ouvrier et les expériences menées par les travailleur(se)s en lutte, la question est remise sur le tapis en octobre.

 La place d’AL dans le mouvement libertaire et sa politique de coopération avec ses partenaires habituels fait l’objet de deux motions contradictoires.

 Depuis l’offensive néolibérale de la fin des années 1970, la bourgeoisie a mené un travail de sape idéologique systématique pour dénigrer, dévaloriser, et même nier l’existence du prolétariat. Cette idéologie a malheureusement pénétré le prolétariat lui-même, et pèse lourdement dans le recul de la conscience de classe. Une motion demande qu’AL réfléchisse à travail spécifique de revalorisation de l’image des classes populaires et du savoir-faire professionnel, pour remettre au goût du jour une certaine fierté ouvrière.

– Une motion approfondit les orientations féministes retenues lors du précédent congrès. Notre société est marquée par la coexistence de deux systèmes d’oppressions distincts quoique interactifs : le capitalisme et le patriarcat. Rejetant toute conception naturaliste et essentialiste des identités sexuées, des sexualités et des relations entre groupes de sexe, ce texte rappelle que la construction sociale des rapports de sexe est fondatrice d’un ordre inégalitaire oppressif que l’on peut déconstruire. Dans la même logique, une résolution sur la prostitution, de nature abolitionniste, est soumise au débat.

 La situation internationale est abordée, avec notamment un état des lieux des organisations internationales de travailleur(se)s et des luttes altermondialistes – même si le mouvement dit “ altermondialiste ” arrive au terme d’un cycle en Occident. La motion propose de renforcer l’action internationale d’AL et du réseau Solidarité internationale libertaire.

 Pour finir, une résolution propose une expression politique d’AL vis-à-vis de l’élection présidentielle de 2007.

À l’issue du congrès, le secrétariat fédéral élu sera mandaté pour veiller à la mise en application des décisions collectives. Pendant deux ans, son action s’inscrira dans le cadre de ce mandat.

La commission de préparation du congrès : Christine (Alençon), Guillaume (Paris-Sud), Olivier (Seine-Saint-Denis), Marie-Au (Marseille)


LES PRÉCÉDENTS CONGRÈS D’AL

 Toulouse, novembre 1991 : Fondation d’Alternative libertaire, adoption du Manifeste et des statuts.

 Montreuil, avril 1993 : Adoption d’orientations stratégiques sur le syndicalisme, le travail, les institutions.

 Caen, juin 1995 : Définition de la stratégie de “ Front social de l’égalité et de la solidarité ”.

 Besançon, novembre 1997 : Bilan des grèves de décembre 95, “nouveaux mouvements sociaux ”, alternative syndicale.

 Paris, juin 2000 : Création des Ami(e)s d’Alternative libertaire, décision de passage du mensuel en kiosque, d’ouverture de locaux publics, de lancement du site Web fédéral.

 Orléans, novembre 2002 : Prise de position sur le colonialisme français, la Palestine, analyse sur l’alternative syndicale, altermondialisme, offensive sécuritaire.

 Angers, novembre 2004 : Antipatriarcat et féminisme, bilan de dix années de stratégie de front social, “ De la réserve de radicalité au renouveau des luttes ”.

 
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