Belgique : Éclatement ? « Jamais, nooit ! »




La crise séparatiste entre la Flandre, plus prospère, et la Wallonie, qui mine l’unité de la Belgique depuis cet été menace également les intérêts des travailleuses et les travailleurs. Ces querelles politiciennes sont pourtant très loin des aspirations de la population. Seuls les syndicats maintiennent les valeurs du bilinguisme et de la solidarité entre communautés.

Le 14 septembre, la presse divulguait des photos des jeunes nationalistes flamands de la Nieuw-vlaamse alliantie (NVA) brûlant un drapeau belge le 21 juillet, jour de la fête nationale. Deux semaines plus tôt, c’était une photo de Bart De Wever, le patron de la NVA, qui refaisait surface. Sur le cliché pris en 1996, De Wever est en compagnie de Jean-Marie Le Pen lors d’une conférence. Le Pen qu’il a recroisé en mai 2007 à l’enterrement de Karel Dillen, le fondateur du parti néofasciste Vlaams Blok (aujourd’hui Vlaams Belang).

Le relatif scandale qu’ont provoqué ces clichés n’est pas anecdotique : la NVA de Bart De Wever est une formation nationaliste en cartel électoral avec les démocrates-chrétiens (CD&V). Or le CD&V a remporté les élections législatives du 10 juin, et la NVA est par conséquent aussi à la table des négociations pour la formation du futur gouvernement fédéral. Bart De Wever en est même un des acteurs clés.

Un programme égoïste

Le CD&V, associé à la NVA et aux libéraux du VLD, a dressé une liste de revendications pour toujours plus d’« indépendance » pour la Flandre (voir encadré).

Ces revendications reviennent à vider l’État fédéral de sa substance et pourraient aboutir à l’éclatement du pays. Ce n’est certes pas chez les anarchistes que l’on trouvera les adorateurs de l’État, ce soutien légal du patronat. Mais jamais nous ne concèderons quoi que ce soit ni au régionalisme wallon ni au séparatisme « flamingant » 1, avec tout ce qu’ils véhiculent de nationalisme nauséabond, de xénophobie linguistique, de culture à front plat, de passéisme réactionnaire. Le fédéralisme égoïste des politiciennes et politiciens néerlandophones ne nous intéresse pas. Le fédéralisme que désirent les communistes libertaires repose, lui, sur la fédération des travailleurs et sur la libre union des communes. Sans discrimination, y compris linguistique. Notre but est de renforcer la solidarité et l’égalité économique ainsi que les libertés.

De leur côté, les « élus » francophones opposent une fin de non-recevoir aux revendications néerlandophones, arguant que de telles réformes nécessiteraient une majorité des deux tiers que la coalition chrétienne-libérale ne possède pas. Concrètement, rien n’avance. Manifestement, les élus ne servent pas à grand-chose. Ou provoquent idiotement les Flamands en proposant la fin des garanties de protection de la minorité néerlandophone à Bruxelles...

La population désapprouve

La population s’oppose globalement à une crise communautaire. Un sondage réalisé pour les journaux Vers L’Avenir et Het Niewsblad est révélateur : 53,6 % des Flamands estiment que la Flandre ne doit pas devenir indépendante, contre 38,8 %. De leur côté, 82,6 % des Wallons sont opposés à l’indépendance de la Wallonie, contre 12 %.

Dans la crise actuelle, la classe politicienne mène une politique à rebours des souhaits de la population. Seuls les syndicats semblent disposer à résoudre des problèmes de fond comme ceux rencontrés dans l’enseignement et le logement, dans la santé et l’alimentation. Syndicats comme mutuelles sont parmi les dernières organisations bilingues qui maintiennent réellement la solidarité économique entre communautés. Ils pourraient devenir les acteurs du changement, s’ils le voulaient.

Hertje (de Bruxelles)

<titre|titre=Les revendications «~flamingantes~»>

Les revendications du CD&V, du NVA et du VLD constituent une menace. En voici quelques exemples :
 l’autonomie « constitutive » des Régions et communautés. Ce serait un pas de plus vers la séparation définitive. Qu’en serait-il dans ce cas des familles bilingues, à Bruxelles par exemple ? La séparation engendrerait déchirements et malheurs familiaux.
 la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (« BHV »). Cette entité à cheval sur la Région flamande (unilingue) et la Région bruxelloise (bilingue) date du tracé de la frontière linguistique en 1963. La scission de « BHV » scellerait le caractère linguistiquement homogène de la Flandre. Ainsi, si la Flandre venait à prendre son indépendance, sa frontière linguistique serait bétonnée et difficilement contestable. Les « facilités » administratives accordées aux francophones dans six communes du Brabant flamand seraient fragilisées.
 la régionalisation de l’impôt des personnes physiques et de celui des sociétés. Pour attirer les entreprises, cela entraînerait la concurrence économique entre les régions.
 la régionalisation des conventions collectives de travail, qui provoquerait une rude concurrence entre travailleurs du sud et du nord du pays.
 le durcissement des conditions pour l’acquisition de la nationalité belge, comme l’apprentissage du néerlandais. La pression sur les étrangers augmenterait encore.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut