Classiques de la subversion : Bertolt Brecht : Sainte Jeanne des abattoirs




1929. Chicago. La bourse s’affole. Jeanne Dark est membre des "Chapeaux noirs", ersatz de l’Armée du salut. Le magnat de la viande, Pierpont Mauller, possède de nombreux amis à Wall Street.
La trame de fond de cette pièce, c’est la lutte entre Jeanne, notre héroïne, et Pierpont Mauler dans le Chicago des abattoirs et des conserveries. C’est l’histoire de la lutte des classes au cœur de l’industrie de la viande.

Pleine de bons sentiments, Jeanne veut convaincre Pierpont d’agir dans l’intérêt collectif. Et n’ayez crainte, les intérêts de Piepont sont « les intérêts collectifs ».

Il poussera ses concurrents à la faillite, et tandis que les ouvrières et les ouvriers sont au chômage partiel, la grève générale gronde dans les abîmes de Chicago... Manipulée par les religieux comme par les capitaliste, Jeanne finira-t-elle par se rendre compte de sa naïveté ?
À travers cette histoire c’est de l’alliance entre la bourgeoisie et les religieux qu’il est question, d’accord tous deux pour écraser le prolétariat.

L’opérette écrite en 1930 n’a pas vieilli, surtout en ces temps de crise, où le discours dominant – tout comme celui des Chapeaux noirs – font porter le poids de la crise sur les classes laborieuses, stigmatisant ces feignants qui ne respectent plus la valeur travail.

Brecht est un précurseur dans la construction du théâtre épique. Ce mode de propagande particulièrement corrosif s’inscrit en rupture avec la vison classique du théâtre dramatique. Pour lui, le théâtre épique doit être une narration : le spectateur n’est pas invité à « entrer dans la pièce ». Au contraire il doit avoir conscience qu’on lui raconte une histoire. Il faut aussi provoquer une activité du spectateur, le conduire à se former des opinions, et à les confronter au spectacle présenté. Brecht entend ses pièces comme des « instruments d’instruction, au sens de la pratique sociale révolutionnaire [...] et pour pouvoir instruire, il faut déclencher le processus de réflexion ».

Ce mode de narration, allié à un rythme effréné, entrecoupé de chansons, rend cette pièce particulièrement intéressante à lire et encore plus a voir ! Loin d’un théâtre ennuyeux et austère, elle permet aussi de passer un bon moment.

En ces temps de crise, il est bon de se souvenir que :

« C’est pourquoi si en bas quelqu’un dit

Qu’il existe un Dieu qui, bien qu’invisible,

Peut cependant vous secourir,

Celui-là, il faut lui cogner le crâne sur le pavé

Jusqu’à ce qu’il en crève »

Leo (AL Montpellier)

 
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