Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que le syndicalisme révolutionnaire ?




Il peut paraître aujourd’hui surprenant à bon nombre de travailleuses et de travailleurs d’accoler le terme de syndicat à celui de révolution. C’est que le syndicalisme révolutionnaire ne possède plus l’audience qu’il pouvait avoir et que bien souvent les syndicats se contentent d’accompagner les salarié-e-s dans leurs combats quotidiens, sans pour autant défendre une rupture radicale avec la société capitaliste par la révolution.

Ce dont il faut se rendre compte, c’est que le syndicalisme, ce n’est pas toujours les élections prudhommales, les petits arrangements au CE, les signatures d’accords en douce (rappelez-vous la CFDT en 2003), les appels à reprendre la grève après n’avoir rien gagné, les appels à une grève cadrée d’un jour, une fois de temps en temps pour montrer que l’on n’est pas content… Bref, ce qui fait que beaucoup de militants et de militantes révolutionnaires s’arrachent les cheveux. Il existe encore une forme de syndicalisme qui privilégie l’action directe, qui lutte non seulement pour garantir aux travailleuses et aux travailleurs leurs droits, mais aussi pour renverser le système existant et construire une nouvelle société.
Comme pour les autres courants de pensée révolutionnaire que nous traitons dans ce dico, il n’est pas question ici de faire une histoire exhaustive du syndicalisme-révolutionnaire de la préhistoire à nos jours, cela serait beaucoup trop long, et surtout cela n’apporterait pas grand-chose. Il suffit juste de retenir que cette forme de syndicalisme aujourd’hui minoritaire a été jusque dans les années 1914, voire 1930 pour certains cas, un courant majeur de l’action syndicale dans de nombreux pays. Ainsi, la CGT française se revendique du syndicalisme-révolutionnaire (ou SR pour les intimes) jusqu’à la Première Guerre mondiale, continuée après cela par la CGT-SR (l’ancêtre de la Confédération Nationale du Travail française actuelle). En Argentine, c’est la Fora (du moins jusqu’à son congrès de 1915), en Italie la Usi, aux Pays-Bas le Nas, la CNT en Espagne, les IWW en Amérique du nord, se revendiquent d’un syndicalisme d’action directe, qui doit aider les travailleuses et les travailleurs à améliorer leurs conditions de travail, mais aussi aider à l’organisation de la future société. Autre particularité, le SR rejette toute affiliation politique et considère que le syndicalisme se suffit à lui-même pour porter le projet révolutionnaire. L’influence de la Charte d’Amiens est prépondérante pour comprendre ce rapport aux organisations politiques [1].

Fortement ébranlé par la Première Guerre mondiale (qui remet en cause l’internationalisme) et par la naissance des différents Partis communistes (qui remettent en cause l’indépendance syndicale), le mouvement syndicaliste-révolutionnaire s’est peu à peu affaibli, même si son influence peut encore aujourd’hui être importante dans certains domaines.
Bien que le SR ne se revendique pas spécifiquement de l’anarchisme et qu’il ne faille pas confondre ce courant avec l’anarcho-syndicalisme, beaucoup d’anarchistes ou de communistes libertaires, se retrouvent dans cette vision d’un syndicalisme d’action directe, émancipateur et horizontal.

[1Sur la Charte d’Amiens voir Alternative Libertaire n°151, mai 2006

 
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