Droit d’asile : Marina Petrella ne doit pas être extradée




En décembre, Marina Petrella, du fond de sa cellule à Fresnes, et Hamed, son compagnon, ont mené quinze jours de grève de la faim pour protester contre la trahison du droit d’asile.

Vous avez sans doute entendu parler de Marina Petrella, 53 ans, arrêtée le 21 août 2007 et incarcérée à la prison de Fresnes. Elle est sous le coup d’une procédure d’extradition à la demande du gouvernement italien. Marina est une réfugiée italienne, en France depuis 1993 et titulaire d’une carte de séjour depuis 1998. Au cours de ces années d’exil, elle s’est investie dans son métier d’asistance sociale et dans des associations de la Région parisienne.

Il y a trente ans, Marina a été, en Italie, une des ces milliers de jeunes militantes dont la révolte anticapitaliste a été jusqu’à la prise d’armes. Poursuivies par une justice d’exception, 600 personnes ont été incarcérées puis libérées après des années de prison – Marina a déjà effectué deux ans de préventive. Plusieurs centaines se sont réfugiés en France où le président Mitterrand avait affirmé le refus de toute extradition politique.

Alors que l’État italien s’est enfermé dans le refus d’une amnistie des délits commis durant les « années de plomb » (décennie 1970), cette politique d’asile de la France a été maintenue sans interruption pendant vingt ans. Le principe en a pourtant été bafoué une première fois en août 2002, quand Paolo Persichetti a été remis aux autorités italiennes, puis deux ans plus tard avec la tentative d’extradition de Cesare Battisti.
Marina Petrella risque la réclusion à perpétuité pour des faits jugés il y a vingt-cinq ans, dans le contexte de l’époque, car la justice italienne ne donne pas droit à un nouveau procès. Ce sont pourtant les mêmes gens qui prêchent, partout dans le monde, du Rwanda à la Palestine, en passant par l’Irlande du Nord, les vertus de l’oubli et du renoncement à la vengeance, aux fins de réconciliation et de paix. En revanche, pour cette poignée d’Italiens réfugiés en France, les « fautes » sont imprescriptibles.

Le 14 décembre 2007, la chambre d’instruction de la cour de Versailles a rendu un avis favorable à l’extradition de Marina. La Cour de cassation est saisie. Un jugement sera rendu début mars. Un président de la République ne doit pas revenir sur la parole donnée par son prédécesseur.

Pani et Gégé (AL Paris Nord-Est)

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