Écologie politique : Pas de luttes sociales sans écologie




A Saint-Imier, la commission écologie d’Alternative libertaire a co-animé un débat sur la nécessité d’associer la transversalité des luttes sociales et écologiques et l’éveil d’une conscience politique et écologique chez les libertaires.

Quelle réponse à la crise du capitalisme en termes de luttes écologiques ? Comment les libertaires peuvent-ils faire converger les réflexions et les actions contre la société de consommation et le productivisme avec celles des luttes sociales et syndicales ? Comment élargir les luttes environnementales spécifiques et locales ? Comment les luttes sociales et de défense de l’emploi peuvent-elles intégrer la dimension écologique ? Ces questions ont formé l’ossature de notre intervention.

Convaincus d’une part que les luttes écologiques ne peuvent aboutir in fine sans une remise en cause radicale du système économique actuel, et d’autre part qu’une réponse productiviste à la crise ne peut qu’aboutir à des catastrophes écologiques, il apparaît naturel de lier luttes sociales et écologiques. Ceci implique de s’attacher à développer la conscience écologique qui reste insuffisante parmi les libertaires. Les forces de gauches plus ou moins radicales – Front de gauche, Syriza, EELV ou encore ATTAC – sont plus antilibérales que réellement anticapitalistes. De fait, il s’agit d’une illusion ! Leur logique est de promouvoir une régulation du capitalisme axée sur un nouveau productivisme relocalisé et protectionniste, un capitalisme vert ou une planification écologique (terme qui fleure bon l’époque du centralisme démocratique !).

[*Une société écologiquement responsable*]

Les luttes écologiques ont vocation à rassembler de manière transversale les intérêts de catégories de populations différentes en fédérant autour de besoins communs et contre la destruction de l’environnement. Les luttes sociales, quant à elles, s’enlisent parfois dans une logique qui va à l’encontre des enjeux écologiques en restant cloisonnées aux cadres imposés par le capitalisme. Il s’agit donc de sortir d’une position sectaire et d’analyser comment une autre organisation sociale peut conduire à l’émergence d’une société où producteur et usager sont en réelle interaction, formant la base d’une société socialement et écologiquement responsable. Bien qu’encore insuffisante, la prise de conscience de l’importance de la question écologique progresse chez les militantes et les militants politiques comme dans le reste de la société, tandis que de leur côté les capitalistes ont reconnu et intégré la crise écologique et ses conséquences.

[*Radicaliser la conscience écologique*]

Il faut donc élargir la définition de l’écologie [1] car la limiter à la défense de l’environnement est insuffisant et en fait au mieux un simple frein à la destruction de la planète. Il est fondamental de porter une conception de l’écologie politique [2] transversale à toutes les luttes sociales. Et il s’agit de radicaliser, en dehors de tout sectarisme, la conscience écologique qui se développe sur fond de capitalisme vert. C’est pour nous une condition indispensable pour construire une intervention de « masse ». Sans oublier les bases de la lutte des classes et les réponses proposées par le syndicalisme de lutte, le développement de la conscience écologique doit devenir une priorité. Elle doit trouver une expression dans les luttes syndicales. Puisque les libertaires sont opposés à toutes les formes d’exploitation et d’aliénation, ils et elles ne peuvent laisser l’écologie aux capitalistes. Or, force est de constater que le courant libertaire, aussi large soit-il, est loin de jouer un rôle moteur dans son investissement théorique ou dans les luttes écologiques. Il s’agit de comprendre plus que de refuser cette réalité et tenter d’apporter des solutions concrètes. D’autant que la question écologique devient si urgente qu’elle ne peut plus rester à la remorque de la question sociale.

Mikaël (AL Nantes)

[1L’écologie est une science. La science qui étudie les écosystèmes, ou plus précisément les interrelations au sein de ces derniers.

[2L’écologie politique vise à équilibrer les interrelations entre l’humanité et ses environnements (flore et faune) assurant ainsi leur survie et la biodiversité. Il ne s’agit donc pas simplement de protection de la nature, concept inepte s’il n’est pas rattaché à la réintégration de l’humanité dans des écosystèmes viables.

 
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