Edito : Du sécuritaire à la tyrannie




Les bonnes âmes de l’UMP et de l’UDF viennent de voter la loi Perben 2.

Une loi qui institutionnalise un peu plus la justice de classe en instaurant le « plaider coupable » à l’anglo-saxonne pour les petits délits. Formule qui officiellement doit permettre d’éviter le procès et de désengorger les tribunaux, mais qui dans les faits risque d’être choisie en priorité par celles et ceux qui ne peuvent se payer les services d’un(e) avocat(e).

Une loi qui renforce considérablement les pouvoirs de la police (garde à vue prolongée, poses de micros et de caméras au domicile de particuliers). Les bonnes âmes d’où qu’elles viennent se rassureront en écoutant le ministre de la Justice leur dire que tout cela ne vise que la grande criminalité. La rédaction pour le moins floue de plusieurs articles de cette loi laisse pourtant à penser que les maffieux ne seront pas les seuls à faire les frais de ces pratiques.

La grande délinquance et de la grande criminalité financières continueront quant à elles de couler des jours paisibles dans la soixantaine de paradis fiscaux que compte la planète. Pendant que le gouvernement concentre tous ses efforts pour réprimer la petite délinquance et les luttes sociales, elle laisse faire les délinquants en col blanc, voire prend les mesures adéquates pour renforcer leurs privilèges.

Pas plus que le PS, elle ne cherche à agir contre celles et ceux qui organisent l’évasion fiscale des capitaux pour mieux échapper à l’impôt. Il faut pourtant savoir que 20 % des richesses privées sont placés sur les comptes en banque des paradis fiscaux. Elles se répartissent pour moitié entre particuliers et entreprises.

Officiellement tous les gouvernements disent mollement vouloir lutter contre ce fléau, mais dans la réalité ils acceptent ces agissements, voire prennent les mesures nécessaires pour les encourager. Ainsi Mer et Raffarin suppriment plus de 2 000 emplois à la Direction générale des impôts (administration de contrôle s’il en est) en 2004 et 2005.

Des délinquants capitalistes encouragés au plus haut niveau de l’État. Il est vrai que d’Executive life à l’affaire Elf, en passant par Fondo, Urba et les emplois fictifs de Paris, nos dirigeant(e)s de droite comme de gauche ont toujours su donner l’exemple.

Avec les lois Sarkozy et Perben, nous n’assistons pas seulement à un recul des libertés, mais nous nous acheminons vers une mort du droit tout simplement. Si l’État fait aujourd’hui ce choix, c’est aussi parce qu’une part importante de la population française conditionnée par le discours médiatico-sécuritaire le tolère de plus en plus. Cette relégation et cette destruction progressive des libertés individuelles ont également des répercussions internationales. Elles expliquent ainsi le soutien sans faille d’un Chirac à Poutine, et aux tortionnaires au pouvoir à Pékin, puisque tout est bon pour se positionner favorablement sur les marchés.

Face à cette politique liberticide, les voix sont plus nombreuses à s’élever. Nous ne parlerons pas du PS, auteur de la loi sur la sécurité quotidienne, et dont la position face à la loi Perben 2 relève d’une posture électorale.

La protestation massive des avocats et du Syndicat de la magistrature constitue davantage un point d’appui.

Elle vient s’ajouter à d’autres protestations qui participent d’un climat de résistance et d’opposition à la politique réactionnaire de Raffarin et Seillière.

Qu’il s’agisse de l’action des antipubs, de celle des mouvements de femmes pour les manifestations du 6 mars ou encore des initiatives de mouvements de chômeurs pour la convergence des luttes... les initiatives se multiplient pour décloisonner les luttes et rassembler face à l’offensive tyrannique du capital. Elles arrivent au bon moment pour rompre avec des discours obsédés par le débouché politique dans les institutions qui aboutissent à une profonde division des luttes sociales. Elles peuvent contribuer à amplifier et fédérer ces mêmes luttes, si elles prolongent leur action en goûtant au fruit défendu de l’utopie et de la transformation sociale, véritable tabou qui empêche de donner un véritable débouché politique aux luttes sociales.

 
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