Edito : Madrid, Bagdad, Gaza... guerre antiterroriste ?




11 mars 2004 : 200 personnes tuées et 1 500 blessées par des explosions dans Madrid. Ce sont d’abord des jeunes et des travailleur(ses)s espagnol(e)s et immigré(e)s que les commanditaires et auteurs de cet attentat ont assassiné. Aucune cause ne peut justifier un tel carnage, et nous condamnons sans hésitation cet acte de barbarie.

Le gouvernement post-franquiste d’Aznar désigne immédiatement l’organisation basque ETA, et tente d’entraîner la population dans une union sacrée derrière le pouvoir à l’approche des élections, elle n’aura même pas duré vingt-quatre heures tant la manipulation était évidente. La mobilisation contre le terrorisme se double rapidement d’une colère contre le Parti populaire d’Aznar et sa politique d’alignement sur l’administration Bush et notamment sa contribution à la destruction puis à l’occupation de l’Irak. Une politique que l’immense majorité de la population espagnole avait déjà rejetée au moment de la guerre donnant alors lieu à une des mobilisations de rue les plus importantes de l’histoire de l’Espagne. L’annonce du retrait des troupes espagnoles d’Irak par le nouveau premier ministre socialiste n’est que justice puisqu’elle correspond à l’exigence exprimée lors de ces manifestations. Nous ne partageons pas l’idéologie d’ETA et rejetons clairement ses méthodes. Nous ne pouvons cependant que dénoncer l’attitude d’Aznar qui a consisté à privilégier délibérément la piste ETA à des fins électorales et pour mieux faire oublier ses responsabilités dans la recolonisation de l’Irak mais aussi pour criminaliser et désigner à la vindicte l’ensemble de la gauche nationaliste basque, qui ne se limite pas loin de là à ETA, qu’il n’a eu de cesse de persécuter durant toutes ses années au pouvoir, (interdiction du parti politique indépendantiste Batasuna, censure de l’expression culturelle basque) en digne héritier du franquisme. Le 13 mars à Pampelune (Navarre, Pays-Basque), Angel Berrueta, un militant d’une association de solidarité avec les prisonniers basques était abattu de quatre balles à bout portant par un policier espagnol après avoir refusé d’apposer une affiche condamnant ETA sur la devanture de sa boulangerie.

Si les attentats de Madrid semblent bien liés à la présence espagnole en Irak, nous devons affirmer clairement que les méthodes et l’idéologie de leurs auteurs et inspirateurs (Al Quaïda et assimilés) ne sauraient incarner une quelconque forme de résistance à l’oppression, il s’agit au contraire de l’incarnation même de l’obscurantisme et du totalitarisme. En Orient comme en Occident, l’émancipation des peuples passe par l’affirmation d’une alternative anticapitaliste et laïque. Enfin, notre indignation face à la barbarie n’est pas à géographie variable, les victimes de l’impérialisme en Tchétchénie comme en Irak, le million de mort(e)s du génocide rwandais perpétré il y a tout juste dix ans avec la complicité active de l’État français, les dizaines de milliers de victimes quotidiennes de la véritable guerre que constitue le fonctionnement « normal » du capitalisme nous révoltent tout autant que les morts de Madrid ou de New-York.

22 mars 2004 : l’État israélien liquide Cheikh Yassine le chef spirituel du Hamas palestinien, plusieurs missiles tirés d’un hélicoptère qui feront 7 autres morts et 17 blessés. Au-delà de la personne de Cheikh Yassine, que nous ne portions pas dans notre cœur, Sharon fait le choix d’humilier encore un peu plus le peuple palestinien, ouvrant ainsi sciemment la voie à de nouveaux bains de sang en Israël. Partout dans le monde justice et colonialisme sont résolument inconciliables.

Alternative libertaire, le 28 mars 2004

 
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