Education prioritaire : En lutte contre le démantèlement des ZEP




La nouvelle carte des ZEP voulue par le gouvernement ne brise en rien l’inégalité scolaire dont souffrent les classes populaires et a pour seul objectif d’économiser sur leur dos. En Île-de-France, personnels et parents d’élèves se mobilisent pour lui faire barrage.

Peillon, Hamon, Vallaud-Belkacem. La valse des ministres ne change rien au grand spectacle de l’éducation nationale version PS au pouvoir, enchaînement de numéros d’illusionniste visant à faire croire que le gouvernement fait des efforts particuliers pour l’éducation.

Le dernier acte de cette pièce de théâtre, c’est l’éducation prioritaire : la ministre pousse même la mascarade à faire croire que l’objectif est de réduire les inégalités scolaires et la reproduction sociale à l’école. Pas dupes, les personnels de l’éducation prioritaire et les parents d’élèves se mobilisent.
Cette nouvelle réforme de l’éducation prioritaire est une réforme sans financement, puisque les rares moyens mis à disposition seront pris dans le reste de l’éducation nationale. Et l’objectif, sous couvert de « pédagogie », reste celui de l’ « école du socle commun de compétences », c’est-à-dire d’une éducation au rabais pour les classes populaires, visant à une meilleure adéquation du système éducatif aux exigences du patronat.

Depuis mi-novembre, une mobilisation se construit dans l’éducation prioritaire dans les différentes académies en France. Cela dit, ce n’est pas contre le contenu de la réforme que les personnels se mobilisent, mais contre un de ses aspects qui les touche directement : la carte de l’éducation prioritaire.

En effet, les établissements appelés à quitter l’éducation prioritaire craignent de perdre les maigres avantages dont ils disposaient. Certains se mobilisent pour que leur établissement reste, ou entre, dans l’éducation prioritaire, ­d’autres parce que leur classement (il y a plusieurs « degrés » de priorité dans la réforme) ne correspond pas à leurs besoins.

Une mobilisation énergique

La mobilisation a démarré tardivement, mais très fort, dans le 92 et le 93 où certains établissements, comme le collège Paul-Éluard à Montreuil, entrent dans leur quatrième semaine de grève à l’heure où l’on écrit ces lignes. Les mobilisations ont été marquées par des temps forts de grèves départementales ou régionales bien suivies, et ponctuées localement d’actions diverses et souvent très énergiques : grèves, blocages, occupations par les parents, manifestations dans les villes (Aulnay-sous-Bois, Colombes, Neuilly-sur-Marne, Romainville), actions médiatiques, et même une séquestration de chef d’établissement (collège Jean-Macé, Clichy-la-Garenne).

Cette mobilisation a connu plusieurs difficultés. La première est d’ordre institutionnel : les académies ont dévoilé leurs cartes de l’éducation prioritaire de manière très échelonnée, pour éviter une mobilisation coordonnée sur l’ensemble de l’Île-de-France : octobre pour Paris, mi-novembre pour Versailles (78, 91, 92, 95) et fin novembre pour Créteil (77, 93, 94).

La seconde difficulté est liée au contexte électoral dans l’éducation nationale : dans l’académie de Créteil par exemple, la FSU a joué immédiatement cavalier seul, en passant directement à une échelle Île-de-France qui ne correspondait à rien pour les établissements mobilisés. En faisant cela, elle court-circuitait toute possibilité d’auto-organisation à l’échelle départementale, qui est pourtant une habitude dans le 93.

Malgré cela, les établissements mobilisés ont vite cherché à se coordonner, en particulier sur le 93, en se dotant d’outils (liste de diffusion, page Facebook…), de moyens d’organisation (assemblées générale) et d’initiatives communes (manifestation parisienne du 16 décembre). Sud Éducation est le seul syndicat à avoir soutenu fermement cette démarche, en appelant de manière franche aux AG et à la manifestation du 16 décembre, et en aidant à leur organisation.

L’enjeu maintenant est de met­tre en avant la question du manque de moyens dans l’éducation prioritaire et en général­ : la ligne de mire est la fin janvier, lorsque les établissements prendront connaissance des moyens humains mis à disposition pour la rentrée 2015 – et qui, quel que soit le nom du ou de la ministre en poste, vont continuer à baisser.

Lammel (93)

 
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