syndicalisme

En direct du congrès CGT : Feu sur El Khomri, feu sur McDonald’s (jour 3)




Troisième jour du 51e congrès confédéral CGT. Entre 21% et 36% d’opposition sur les textes, nombreuses interventions en faveur d’un appel du congrès à la grève reconductible, les cheminots tempèrent les ardeurs, la campagne contre McDo suscite un vif intérêt... Un rendu sur le vif, au jour le jour, par le le blog Communisteslibertairescgt.org.

Cette 3e journée débute avec le débat sur la démarche syndicale, le thème n°1 du document d’orientation. Les futurs comités régionaux inquiètent plusieurs délégués qui se prononcent pour une coordination des UD mais contre des « super-préfets » régionaux. Le seul amendement significatif intégré par la commission souligne, comme pour répondre aux craintes, qu’il faut donner plus de moyens aux unions locales.

Un délégué de la Construction de Toulouse pose la question de syndiquer les scolaires, vu qu’ils passent de plus en plus de temps à travailler dans des stages en entreprise. Mais dans son rapport d’ouverture, le secrétaire général, Philippe Martinez, avait d’entrée de jeu écarté cette idée pour rassurer l’Unef et l’Union nationale lycéenne (UNL). Plusieurs délégués posent la question de la durée trop longue des détachements syndicaux, donnant le sentiment que certains sont permanents à vie. D’autres demandent des textes de congrès plus courts et moins langue de bois.

Mais, surtout, nombre de délégués profitent de leur temps de parole pour réclamer que le congrès débouche sur un appel à aller vers la grève générale, et demandent que la question soit débattue dès aujourd’hui. Les délégués de la fédé des Services publics adoptent un ton très critique, expliquant que les réformes de la Fonction publique liées à la réforme territoriale c’est déjà la loi El Khomri appliquée aux travailleurs du secteur public, et que la réaction confédérale et les documents du congrès sont trop faibles sur ces questions.



La contestation continue de souffler

Le vote sur le préambule et sur le thème n°1 se conclue par 9% d’abstention, et, sur les voix exprimés, 30% de contre ! Après la forte opposition exprimée la veille sur le rapport d’activité et le rapport financier, la contestation continue de souffler sur ce 51e congrès.

Pendant ce temps Martinez annonce à la presse que la CGT va boycotter la prochaine conférence sociale sur l’écologie, faute d’être écoutée par le gouvernement.

Action à Carrefour, à Lomme (59), en janvier 2014.
cc F5JPA/Photothèque du mouvement social

Le débat enchaîne avec le thème n°2 : la construction des luttes. Les Fralib font vibrer le congrès en rappelant leur long combat et la création de leur coopérative, Scop TI. Le bureau de congrès annonce que l’appel sera mis en débat cet après-midi ce qui fait un peu baisser la tension. Un seul amendement un peu significatif est intégré par la commission, avec l’ajout d’un mot dans une phrase : les luttes sont un élément constitutif « essentiel » du rapport de forces à établir dans la négociation. La précision est en effet essentielle !

Les cheminots, plutôt silencieux depuis l’ouverture du congrès, se succèdent à présent pour mettre le pied sur le frein, forts de leur légitimité sur la question de la grève reconductible, en pointant les limites bien réelles du mouvement en cours contre la loi El Khomri. Le texte sur le thème n°2 est finalement adopté avec 7% d’abstentions et 21% de contre.

De nouveaux invités sont annoncés et applaudis : syndicalistes états-uniens, PCF et NPA.

Appel à la grève interprofessionnelle le 28 avril

L’appel du congrès, malgré des interventions qui veulent muscler les formulations, est adopté sans amendement, à main levée par une très large majorité. Il appelle à « amplifier la riposte, dès le 28 avril, par la grève interprofessionnelle et les manifestations pour obtenir dans un premier temps le retrait du projet de loi », et indique que cela « implique la tenue d’assemblées générales dans les entreprises et les services publics pour que les salariés décident, sur la base de leurs revendications et dans l’unité, de la grève et de sa reconduction ». Déçus, un nombre certain de délégués s’abstiennent et une toute petite minorité vote contre, ce qui peut s’expliquer par la tension durant le débat mais est sans doute excessif.

La tension retombée après ce vote, le thème n°3 arrive : l’unité et le rapport au politique. Un amendement significatif est intégré par la commission, qui dit qu’il est incompatible d’être candidat d’extrême droite aux élections et membre de la CGT. Les délégués interviennent essentiellement sur deux points. Primo, pour donner plus de précision anticapitaliste à la formule de « transformation sociale ». Secundo, pour rejeter la formule de « syndicalisme rassemblé » qui, même redéfinie dans le discours de Philippe Martinez le premier jour, est bien mal connotée puisqu’elle a longtemps correspondu à la recherche d’un partenariat avec la CFDT. La demande d’un vote séparé sur ce seul point, soutenue par la salle, est refusée par le bureau de congrès.

C’est sur ce texte que s’exprime que s’exprime la plus forte opposition = 36% de contre, alors que l’abstention est à 9%.

Premiers succès de la campagne internationale conte McDo

Le thème n°4 sur le syndicalisme international est un peu piégé pour la direction confédérale car, si peu de partisans de l’adhésion à la Fédération syndicale mondiale se font entendre, beaucoup pensent que la CGT s’est intégrée au syndicalisme réformiste et institutionnalisé de la Confédération européenne des syndicats (CES) et de la Confédération syndicale internationale (CSI).

Très habilement, le débat est ouvert par un syndicaliste états-unien qui raconte, film à l’appui, l’extraordinaire campagne des salariés des fast-food avec 13 journées nationales de grève aux Etats-Unis pour doubler le smic (à 15 dollars de l’heure) et obtenir le droit de créer un syndicat dans ce secteur. Plusieurs Etats américains ont d’ailleurs fini par le voter ! Un débat se prolonge au-delà de la séance, avec la construction de la campagne mondiale contre McDo et l’annonce que les pressions syndicales débouchent sur un premier succès : le fisc français réclame 300 millions d’impôt à McDo. Une première victoire car on est encore loin du compte !

 
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