Espagne : La jeunesse est dans la place




Plusieurs dizaines de milliers de jeunes Espagnol-e-s occupent depuis le 15 mai les places des grandes villes pour protester contre les plans d’austérité et la corruption des grands partis politiques. Enfin une mobilisation offensive et massive en Europe.

Suite aux mobilisations de la jeunesse espagnole de ces dernières années, de nombreux collectifs ont éclos et se sont fédérés, aboutissant aux manifestations du 15 mai dernier. Celles-ci ont rassemblé 130 000 personnes à travers tout le pays, revendiquant un changement politique et exprimant leur ras-le-bol des deux grands partis politiques (PSOE et PP [1]), de leurs compromissions et de leur corruption, dans le contexte des élections locales se tenant une semaine plus tard.

A l’issue de ces manifestations, quelques dizaines de personnes ont décidé d’occuper la Puerta del Sol, principale place madrilène. Au cours de la semaine qui a suivi, les campements se sont multipliés et ont grossi. Les élections locales se sont ainsi déroulées sur fond de rassemblements massifs condamnant les grands partis politiques.

Des collectifs à l’action politique ?

Parmi les collectifs à l’origine du mouvement, Democracia real ya (Démocratie réelle maintenant) trouve particulièrement d’écho. Il a été constitué autour d’une plateforme largement diffusée via les réseaux sociaux internet, écrite par des militantes et des militants n’appartenant à aucune organisation syndicale ou politique. Stéphane Hessel est souvent évoqué dans ce mouvement, et il est vrai que les similitudes entre ses écrits et cette plateforme sont flagrantes : dénonciation de l’oligarchie politique et économique, affirmation de principes de justice et d’égalité, mais rien en terme d’action politique, à part des appels à l’indignation, à la révolution morale et non-violente.

Les campements se sont progressivement organisés, structurés par des représentations théâtrales, des débats et des assemblées générales. Les premières revendications issues de celles-ci ont montré une grande ambivalence : à côté de la renationalisation des entreprises privatisées, on trouve, en tête des revendications, la proportionnalité des élections ! De quoi se frotter les mains pour les petites formations à gauche du PSOE, qui espéraient bien rafler la mise à l’occasion des élections locales. Ce ne fut pas le cas. Si le PSOE a bien pris une raclée, cela a avant tout profité à la droite, la participation était en légère hausse et Izquierda unida [2] n’a progressé que de 0,8 %. Seule la gauche basque a percé.

Maintenant que les élections sont passées, le mouvement est à la croisée des chemins : soit il s’effondre, soit il s’étend et se radicalise politiquement. Ainsi, certains voudraient mettre le mouvement en sommeil jusqu’aux élections générales de 2012. D’autres tentent d’opérer une jonction avec le reste du mouvement social, les places servant de point de rassemblement en vue d’actions et de débats. Inutile de préciser où va notre préférence.

Grégoire Mariman (AL Paris Sud)

[1Parti socialiste ouvrier d’Espagne (au pouvoir en Espagne) et Parti populaire

[2Equivalent du Front de gauche

 
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