Espagne : Zapatero s’attaque aux salaires




Après le laboratoire grec, le FMI et les spéculateurs s’attaquent à l’Espagne, où Zapatero en est déjà à son deuxième plan de rigueur de l’année. Les syndicats, dans la torpeur, sauront-ils réagir ?

On vous avait dit que ce que le FMI imposait à la Grèce n’était qu’un laboratoire pour faire payer la crise aux peuples européens ? Effectivement, l’Espagne suit de près le même chemin.

Dans un pays où le chômage vient de dépasser les 20 %, le gouvernement « socialiste » vient d’adopter le 12 mai dernier un nouveau plan de rigueur, le deuxième de l’année. Repousser la retraite à 67 ans et augmenter la TVA ne suffisait pas [1].

Tout a commencé, le 28 avril, lorsque Standard & Poor’s, une agence de notation, a abaissé la note de l’Espagne quant à sa capacité à rembourser sa dette, suivie d’une baisse immédiate de 3 % à la Bourse.

Dès l’annonce de Standard & Poor’s, le gouvernement a réagi pour rassurer les capitalistes sur ses intentions : « Nous avons adopté un plan d’austérité, nous avons mis en marche une réforme du marché du travail », déclara la vice-présidente du gouvernement.

Mécontent que les marchés attaquent ainsi l’économie espagnole, Zapatero s’est dit qu’il fallait faire payer... les travailleurs et les travailleuses.

Baisse de 5% des salaires

Voici les mesures-phares de son plan :
 L’abaissement de 5 % en moyenne des salaires des fonctionnaires, et leur gel pour l’année suivante.
 Le gel des pensions de retraite pour 2011 (sauf les minimales)
 La disparition du chèque-bébé, qui offrait 2500 euros aux parents à chaque naissance ou adoption.

D’autres mesures scélérates s’ajoutent, comme l’impossibilité de partir en pré-retraite avant 61 ans, des non-remboursements de médicaments, ou encore une coupe de 600 millions d’euros dans l’aide au développement pour les pays du Tiers-Monde.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Au sein même de son parti, Zapatero a été poussé à faire participer un peu les plus riches. Mais contrairement aux autres mesures, qui s’appliqueront très rapidement, ce nouvel impôt pourrait encore attendre avant d’être mis en place.

Alors pourquoi se précipiter pour geler les pensions des retraités, quand la mesure ne peut prendre effet avant janvier 2011 ? Des sources du gouvernement répondent qu’il faut « convaincre les marchés que le gouvernement est sérieux » [2].

Le FMI enjoint maintenant l’Espagne à continuer dans ce sens : abaisser les coûts de licenciements, individualiser les payes, et arrêter enfin l’augmentation des salaires en fonction de l’inflation !

Le Chérèque espagnol

Pour résister, la CGT espagnole, troisième syndicat du pays, est bien seule. Son objectif : amorcer une grève générale, qui semble le seul espoir pour faire reculer le gouvernement.

Ce n’est pas l’avis de Toxo. Le secrétaire général des CCOO (Commissions ouvrières, deuxième force syndicale) mise tout sur le passage au Parlement pour que soient modifiés certains points du plan de rigueur. Pour défendre les salarié-e-s et retraité-e-s, son plan est simple : implorer les députés de l’amender. Le Chérèque espagnol déclare « avec peine » que « nous prenons le chemin de la grève générale », lui qui estime que « ce n’est pas le bon moment » [3].

Poussé par sa base, qui a déjà commencé à manifester, l’UGT, principal syndicat, averti par la voix de son secrétaire général Toni Ferrer que si la réforme passait, ce serait « un motif plus que suffisant pour une grève générale » [4].

Après avoir défilé le 16 mai à Madrid, et au vu des mesures annoncées, la CGT en est donc venue à exiger des autres syndicats qu’ils appellent à une grève générale pour le 8 juin. Les fonctionnaires ont déjà annoncé qu’ils n’iraient pas travailler. Le mot d’ordre est international : nous ne paierons pas leur crise !

Manu (AL Paris Nord-Est), depuis Valence

[1Voir dans Alternative libertaire d’avril 2010, « Sociaux-traîtres et libéraux-loyaux ».

[2El País, 20 mai 2010.

[3Público, le 24 mai 2010.

[4Público, le 21 mai 2010.

 
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