Extrême droite : Un antifascisme de classe et de masse




Un an après le meurtre de Clément Méric, l’extrême droite a le vent en poupe, et le combat antifasciste est plus primordial que jamais. Celui-ci s’exprime à divers niveaux (politique et syndical, local et national), et doit toujours se mener dans une perspective unitaire.

Les élections municipales de mars 2014 ont été dominées par l’abstention massive due notamment aux trahisons et politiques antisociales du gouvernement PS/EELV, et par un traitement médiatique ouvrant un boulevard au Front national.

C’est dans ce cadre que l’extrême droite a conquis quatorze villes, un réseau de 1 500 conseillers municipaux, sans compter de nombreuses villes gangrenées. Situation qui résonne avec la dynamique que connaît un nombre important d’organisations politiques d’extrême droite en Europe (Grèce, Hongrie, Danemark, Pays-Bas, Finlande, Norvège, Italie, Suisse, Autriche...) dans le contexte des élections européennes.

L’extrême droite est également présente en France au travers de groupuscules dit radicaux, menant des actions violentes racistes, homophobes et contre les antifascistes. Ces jeunes militants tentent de s’implanter localement en créant de nouveaux lieux « identitaires » et des milices, dans une stratégie d’ancrage et de « reconquête » à l’image de ce qui se passe dans le nord de la France, en Bretagne, et dans la région lyonnaise. Et si certaines organisations (Troisième voie, Jeunesses nationalistes, Œuvre française) ont été dissoutes par le gouvernement après le meurtre de Clément Méric, elles se sont aussitôt recréées sous d’autres noms et conservent leur pouvoir de nuisance.

Collectifs locaux et coordination nationale

Enfin, depuis 2012 on constate un élargissement et une visibilité des forces réactionnaires, telles qu’exprimés dans le cadre des manifestations catholiques intégristes, des « Manifs pour tous », et depuis début 2014, des initiatives dites « Jour de colère » et « Journées de retrait de l’école » intégrant les réseaux Dieudonné-Soral. Nous avons ici à lutter contre l’établissement de passerelles contre-nature qui pourraient permettre une synergie de ces forces. Plusieurs manifestations antifascistes ont ainsi contré les «  Jours de colère  » locaux.

Depuis le meurtre de Clément Méric, militant antifasciste membre de Solidaires-Étudiant-e-s et de l’Action antifasciste Paris-banlieue (Afa) et celui de Pavlos Fyssas en septembre 2013 en Grèce, les luttes unitaires se sont multipliées et plusieurs rencontres internationales ont eu lieu, à Athènes et à Budapest.

C’est ainsi qu’en France, de nombreux collectifs locaux se sont créés, regroupant au mieux des organisations syndicales, associatives, politiques, et des individus. Plusieurs mobilisations antifascistes ont été organisées, comme celle nationale à Marseille en septembre 2013, ou localement contre des meetings du FN permettant ainsi à la résistance antifasciste d’en limiter l’écho.

Le réseau «  Clément  » mis en place dès juin 2013 est constitué de 80 organisations (collectifs antifascistes, syndicats, associations, organisations politiques) qui appellent à des manifestations antifascistes le 7 juin prochain. Relativement informel à ce jour, il permet de faire échanger ensemble des structures aux histoires et modes d’interventions différents.

S’il n’existe plus de réseau antifasciste national large, et donc unitaire, à l’échelle de ce qu’a pu être dans les années 1990 le réseau Ras l’Front, c’est la Conex aujourd’hui qui semble avoir vocation à assurer une coordination des associations et collectifs locaux. Des assises nationales sont prévues les 28 et 29 juin 2014 à Paris.

De manière plus spécifique, AL, la CGA et la CNT ont impulsé une campagne libertaire antifasciste, qui mériterait de s’élargir et qui constitue en tout état de cause une dynamique encore trop modeste au regard des enjeux.

Contre la lepénisation des esprits

La riposte s’organise également au niveau syndical, permettant d’agir concrètement auprès des salarié-e-s. Solidaires rédige une lettre d’informations régulière, la CGT et la FSU produisent également du matériel. Par ailleurs, l’initiative nationale unitaire de la journée du 29 janvier 2014 se poursuit et se décline localement (25 initiatives unitaires départementales ont déjà été organisées), en particulier dans les villes conquises par le FN où il est prévu de mettre en place des observatoires locaux. Cette campagne intersyndicale, inédite, est sans nul doute l’un des points d’appui les plus importants pour lutter contre la diffusion des idées de l’extrême droite dans le monde du travail.

Visa (Vigilance initiatives syndicales antifascistes) publie des brochures et organise de manière croissante des formations syndicales sur tout le territoire. Un premier Visa départemental a été créé dans les Bouches-du-Rhône, et d’autres Visa locaux sont en cours de constitution.
Des initiatives spécifiques aux champs professionnels sont également menées, telles les interventions et actions des syndicats Sud et CGT de l’éducation face aux journées de retrait de l’école du sinistre attelage Belghoul-Soral-Dieudonné, ou celle de Sud, CNT-SO et CNT dénonçant la création du collectif Racine (enseignants pro-FN), ou encore celle de Sud PTT qui a appelé les postiers à refuser de distribuer la propagande électorale du FN. On peut également citer les mobilisations récentes à Sotteville-lès-Rouen, au Mémorial de Caen, à Grenoble, à Chauny, à Villers-Cotterêts alors que le maire FN refusait de commémorer l’abolition de l’esclavage, à Belmont-sur-Rance (Aveyron), à Mirande (Gers), etc.

Certes, la lepénisation des esprits se développe depuis de nombreuses années, accentuée par l’aggravation de la situation politique et sociale menée en France par les divers gouvernements. Certes, le PS a trahi les promesses électorales de celles et ceux ayant voulu y croire. Certes, si la droite n’a pas implosé jusqu’ici, elle opère clairement un rapprochement avec l’extrême droite dont elle assume majoritairement les idées. Certes, les réponses classiques d’antifascisme moral, républicain sont aujourd’hui clairement insuffisantes. Certes, l’affaiblissement de l’extrême gauche et les tentatives d’instrumentalisation du Front de gauche ne favorisent pas le travail unitaire. Certes, les libertaires peinent encore à penser et à agir ensemble. Mais les consciences sont réveillées.

Avec d’autres organisations, l’AL participe de toutes ses forces au développement des outils de lutte, à initier des mobilisations, à combattre les idées d’extrême droite. C’est sur le terrain social que ce combat doit se mener, articulé avec d’autres luttes telles que l’antiracisme, le féminisme, le syndicalisme, l’internationalisme, et sous forme de solidarités concrètes.
Contre toutes formes de fascisme, c’est d’un projet alternatif de société fédéraliste, autogestionnaire, libertaire dont nous avons besoin !

Des militants et militantes de la commission antifasciste d’Alternative libertaire

 
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