Communiqué de presse unitaire

Extrême-droite à Tours : où s’arrêtera-t-on ?




Suite aux tensions apparues ces derniers jours dans les quartiers populaires tourangeaux, notamment au Sanitas et aux Fontaines, le groupuscule d’extrême-droite Vox Populi s’aventure à publier un communiqué menaçant clairement de descendre dans la rue pour « rétablir le calme et assurer la sécurité ».

Depuis 3 ans les membres de ce groupuscule propagent leurs incitations à la haine des étrangers, de leurs enfants nés français, des musulmans, de l’homosexualité... par le biais de manifestations aux slogans et aux mises en scènes réactionnaires. Ainsi prévoient-ils encore de rendre hommage le 19 prochain, à Charles Maurras, écrivain fascisant, antisémite, idéologue du régime de Vichy, condamné pour faits de collaboration à la Libération. Et voici que désormais, défiler de nuit dans les rues de Tours torches à la main ou rendre hommage à d’anciens collabos ne leur suffit plus.

L’appel à la constitution de milices, de la part de l’extrême-droite, n’est pas sans rappeler les Chemises noires mussoliniennes, SA allemandes et autre Garde de Fer hongroise de sinistre mémoire, sans oublier l’actuelle Aube Dorée et ses exactions racistes en Grèce. À des échelles e des périodes différentes, l’intention est toujours la même : profiter de l’aggravation des conséquences sociales de l’exploitation économique, afin d’imposer la force physique en guise de moyen politique.

Cette nouvelle provocation de VP, adressée aux « autorité responsables » de l’ordre public, ne saurait être prises à la légère puisqu’elle menace rien moins que d’inciter une partie de la population à faire sa propre police contre une autre, dans un esprit de guerre civile et raciale. Mais après tout, le nouveau ministre de l’intérieur lui-même n’allait-il pas récemment jusqu’à désigner un « ennemi intérieur » qu’il situait précisément dans les quartiers populaires ?

Dès lors nous ne pouvons que nous interroger sur la suspecte tolérance dont font preuve l’Etat et ses représentants, vis-à-vis de ces groupuscules d’extrême-droite galvanisés par l’aggravation de la crise sociale ; alors que dans le même temps, la justice continue de s’acharner sur des militants d’extrême-gauche. Rappelons qu’en 2011, la Préfecture avait autorisé une contre-manifestation de Vox populi sur le trajet-même de la Gay pride, créant une forte tension à l’origine d’incidents qui servent encore aujourd’hui de prétexte à l’acharnement judiciaire contre une militante bien connue.

Devra-t-on attendre de voir des ratonnades à Tours pour que l’Etat, si prompt à réprimer la résistance politique et sociale à l’exploitation, ou encore les débordements autodestructeurs engendrés par la désespérance, ne se décide à mettre un terme aux agissements de Vox Populi ? Nous mettons la Préfecture au défi d’appliquer la loi, à savoir : dissolution de Vox Populi et de son paravent légal l’ASCT (Association Sociale et Culturelle Tourangelle) pour incitation à la haine raciale et incitation à la violence en bande organisée, interdiction de la manifestation du 19 novembre prochain faisant l’apologie de Maurras, condamné pour collaboration.

Au-delà, nous dénonçons fermement les politiques et les discours institutionnels qui surfent toujours davantage sur les thèses d’une extrême-droite nécessairement décomplexée, ajoutant ainsi à la frustration des populations qui sont déjà les plus précarisées, discriminées, et stigmatisées. À cet égard, la nouvelle majorité au pouvoir poursuit aujourd’hui les même politiques inégalitaires que la précédente, que ce soit en direction des migrants privés de papiers, des Roms, des jeunes des quartiers populaires...

Rappelons les reculades intervenues par rapport à certaines promesses électorales, s’agissant pourtant de mesures à la fois importantes et minimales, en vue de rapprocher cette jeunesse des quartiers d’une situation un peu plus égalitaire : remise d’un récépissé en cas de contrôle d’identité pour réduire le harcèlement policier au faciès ; ou encore droit de vote des étrangers aux élections locales, puisqu’ils vivent et travaillent ici, et que leurs enfants français ne peuvent comprendre que leurs parents n’aient pas les mêmes droits civiques...

Si l’agitation d’une bande de racistes à l’abri du besoin et en mal de croisades moyenâgeuses ne peut qu’ajouter une dimension explosive aux flambées de violence favorisées par l’injustice sociale et les discriminations raciales, les pseudos-solutions institutionnelles consistant à ajouter la matraque de la répression policière à celle de l’austérité, et à mettre en œuvre une débauche de moyens aussi coûteux que contre-productifs en vue de « rassurer » la population (vidéo-surveillance généralisée, envoi de CRS ou d’un hélicoptère) conduisent au même résultat. Cette accentuation d’un état d’exception ne peut qu’accroître le sentiment d’exclusion et d’injustice sociale pour les habitants de ces quartiers et les populations issues de l’immigration qui s’y trouvent concentrées.

La sécurité c’est d’abord celle de l’emploi, de la santé, du logement, de l’égalité des droits face aux discriminations en raison de l’origine sociale, ethnique ou de l’orientation sexuelle.
les signataires :

AL37, NPA37, association ABIR, Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37 (DNSI 37), Union Syndicale Solidaires 37

 
☰ Accès rapide
Retour en haut