Face à la crise : Contre les illusions étatistes, socialiser l’économie




La crise financière montre clairement l’irrationalité du capitalisme. Pour prévenir la prochaine, ce n’est pas l’étatisation des banques qui est nécessaire, c’est la socialisation de l’ensemble de la production et de la distribution. L’économie virtuelle n’est rien sans l’économie réelle.

L’observation des dépressions économiques qui affectaient périodiquement l’économie européenne depuis 1825 avait déjà conduit Karl Marx à décrire la crise non pas comme une anomalie du système capitaliste, mais comme une étape nécessaire de son développement. Or cette partie de son analyse de l’économie capitaliste n’a jamais été démentie ! Les crises majeures qui plongent une partie toujours plus importante de l’humanité dans la misère et l’exclusion ne sont pas l’exception : les périodes d’expansion se terminent généralement par des crises plus ou moins importantes, avec leur cortège de chômage massif, de misère, de destructions et même de guerre…

La crise qui se développe aujourd’hui est indubitablement de celles-là. Les lectrices et les lecteurs d’Alternative libertaire n’accorderont évidemment aucun crédit aux déclarations tonitruantes du clown Sarkozy prétendant réguler le capitalisme. Tout ce qui l’intéresse est de sauver les riches. Mais il faut surtout se garder des illusions étatistes entretenues à des degrés divers par de nombreuses organisations syndicales ou de gauche selon lesquelles il y aurait eu un Âge d’or du capitalisme pendant les Trente Glorieuses, de 1945 à 1975, ou que la nationalisation d’une partie du système bancaire en 1981 avait changé significativement la situation.

En réalité, il n’y a pas de solution purement financière à la crise financière. Il n’y a pas de solution sans la remise en cause de la propriété privée des moyens de production qui permet à quelques uns d’accaparer les richesses créées par toutes et tous. Le « contrôle » des salarié-e-s, des consommateurs et des usager-e-s sur le système bancaire ne changerait pas grand-chose à la logique capitaliste.

Contrôle collectif sur l’économie

Il faut appeler un chat un chat. Cette crise économique va être une catastrophe pour la grande majorité de l’humanité. Elle va se conjuguer avec la crise écologique. Si on veut, non pas simplement « gérer » ses conséquences sociales dramatiques, mais éviter qu’elle se répète, il faut en supprimer les causes : construire une économie qui fonctionne au profit du plus grand nombre ; retirer aux multinationales le droit de décider de notre avenir. Si contrôle collectif il doit y avoir, c’est sur l’ensemble de l’économie : production et distribution. Et ce contrôle collectif n’est pas compatible avec la propriété privée des moyens de production.

« Plus jamais une telle crise » ? Alors, ne soyons pas irréalistes ! La seule solution passe par la socialisation des moyens de production, c’est-à-dire par l’expropriation des capitalistes et la mise en autogestion des entreprises, sous le contrôle de la population. Le Capital n’est rien sans le Travail. L’économie virtuelle n’est rien sans l’économie réelle. Les capitalistes ne sont rien sans les travailleuses et les travailleurs.
La question n’est pas d’être le plus radical possible dans le discours. Mais il est fondamental que les enjeux soient clairement exprimés. Sans cela comment construire la mobilisation de masse, la grève générale expropriatrice capable d’imposer les changements nécessaires, c’est à dire la naissance d’une société communiste et libertaire ?

Jacques Dubart (AL Agen)

 
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