Femmes en prison, plus de discriminations




Les femmes sont sensiblement moins enfermées que les hommes et c’est ce qui cause des inégalités, illustrant l’adage quasi sans exceptions qui dit que « quand c’est un désastre pour les hommes, c’est pire pour les femmes ».

En février la contrôleure (mais pourquoi pas contrôleuse ?) générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) a rendu un rapport sur les prisons.

Les femmes représentent 3,2 % de la population carcérale (il y aurait à écrire sur les causes de ce chiffre... et aussi sur l’inutilité et l’illégitimité de la prison). Du coup, elles ne sont accueillies que dans 56 établissements sur 188. Le sud de la France est particulièrement pauvre en prisons pour femmes. Cette situation a deux conséquences : une surpopulation plus importante encore que pour les hommes en PACA et un éloignement géographique des familles et donc des visites. Elles ont également accès à moins d’établissements de soins psychiatriques. Là encore, le problème est la répartition géographique. Les jeunes filles mineures sont incarcérées avec les femmes adultes, les quartiers pour mineurs étant réservés aux garçons. De même, le faible nombre d’équipements de semi-liberté accueillant des femmes conduit à ce qu’elles ne représentent qu’un peu plus de 1 % des personnes en semi-liberté.

La stricte séparation des sexes entrave également les mouvements des femmes à l’intérieur des établissements et leur accès aux services communs (bibliothèque, équipements sportifs...) et à la plupart des postes de travail. Elles se trouvent le plus souvent contraintes à des activités intérieures aux quartiers femmes et la ségrégation genrée des activités qui sévit à l’extérieur est reproduite (travail d’entretien, broderie, couture, pas de pratique collective de leur religion, proposition de CAP couture…).

Besoins spécifiques peu pris en compte

Depuis 2009, des activités mixtes peuvent être organisées, mais c’est encore peu le cas. C’est encore considéré comme expérimental et les femmes y sont très encadrées et « protégées » des rencontres avec les hommes.

Les besoins spécifiques des femmes sont également peu pris en compte : accès variable, et parfois rare, à un ou une gynécologue, fourniture restreinte des produits d’hygiène féminine dans les kits d’hygiène « offerts », et catalogue réduit pour les produits qui doivent être cantinés (achetés par les détenues grâce aux « salaires » perçus pour leur travail).

Face à ces constats, il est bien difficile d’avoir des positions ou des revendications. Réclamer plus de mixité est difficile quand on connaît la réalité du harcèlement sexuel partout. Vouloir que tous les établissements aient un quartier femmes pourraient bien conduire à plus d’incarcérations. Réclamer l’amélioration de la répression est globalement une revendication difficile à tenir, ce qui n’empêche pas de dénoncer ces inégalités !

Christine (AL Orne)

 
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