Grèce : Contre les plans d’autérité




Alors qu’un deuxième plan d’austérité, qui va saigner à blanc le prolétariat grec, vient d’être voté par la majorité parlementaire socialiste (PASOK), la colère ne faiblit pas dans le pays. Quelles ripostes se profilent, face à la violence destructrice de l’État et de la bourgeoisie ?

La Grèce, qui n’est pas le pays le plus endetté en Europe, même en pourcentage du PIB, subit une grave crise économique, provoquée notamment par les taux d’intérêts élevés que les banques demandent pour prêter de l’argent à l’État. À ce titre, c’est un terrain d’expérimentation pour les banquiers comme pour les politiques de destruction sociale.

Quelques illustrations : dans le secteur public, les mesures d’austérité entraînent une baisse de 14 % du salaire mensuel et une suppression de toutes les primes qui représentent une part importantes des revenus des salarié-e-s.

Dans le secteur privé, le plan prévoit la fin du contrôle des licenciements collectifs, la baisse de 50 % des indemnités de licenciement et enfin la suppression du salaire minimum dans une entreprise – dans le cas où la mesure est acceptée par le « syndicat d’entreprise », qui doit compter au moins 20 % des salarié-e-s parmi ses adhérents et ses adhérentes. Dans les entreprises de sept salariés et moins (majoritaires en Grèce), un seul salarié peut se déclarer « syndicat d’entreprise » et ainsi signer une convention d’entreprise, en contournant la convention collective.

Une riposte sans préparation ni organisation

Le 5 mai 2010, une grande grève s’est terminée en tragédie, avec la mort de trois personnes dans l’incendie de la banque Marfin, en marge d’une manifestation, provoquant un choc dans la gauche radicale et le mouvement anarchiste. La GSEE (centrale syndicale unique du pays) a ralenti la lutte qui était déjà faible. Lors des jours de grève, il n’y a aucune préparation ni organisation. Depuis un an, la « coordination de syndicats autonomes », animée par des militants de la gauche radicale et des libertaires, qui regroupe quelques 1 500 syndiqué-e-s, organise une opposition interne dans la GSEE, rassemble de grands cortèges, mais n’a pas le poids suffisant pour appeler à une grève. Toutes les grèves résultent en fait de la pression du PAME – le front des syndicats, tenus par les communistes – sur la GSEE. Une partie de la gauche appelle à l’arrêt du paiement des dettes, à la sortie de l’euro et au retour au drachme, autrement dit à une solution nationale a la crise mondiale capitaliste.

Un ennemi inoffensif

Le mouvement des indignés grecs a été très médiatisé. De notre point de vu, le système s’est choisi un ennemi inoffensif et sans perspective. Le courant de droite des indignés s’en prend aux « voleurs », aux « traîtres », aux « incapables » et aux politiciens. L’extrême droite y joue un rôle significatif. Le courant de « gauche » a quant à lui interdit les partis, les organisations et les syndicats et fait une assemblée générale « populaire », qui s’est surtout avérée très intéressante pour les adolescents. Au début les manifestations des indignés rassemblaient jusqu’à 100 000 personnes ; ils ne sont maintenant pas plus de 2 000. Après la grève du 15 juin, l’État a fait le choix de la violence, et la journée de grève du 29 juin a été marquée par une répression extrêmement violente.

La tache principale est de recentrer le mouvement sur la lutte de classe, pour en finir avec l’agitation contre les « voleurs ». La rentrée sera marquée par les conséquences directes de la crise dans les entreprises privatisées, ce qui peut ouvrir un cycle de luttes sociales. La nécessité en Grèce reste toujours la construction de syndicats indépendants de la GSEE.

Le groupe libertaire Rocinante s’est développé, notamment en s’affirmant comme la principale opposition aux indignés, et joue à présent un rôle important dans les structures syndicales autonomes.

Yannis (Rocinante, Athènes)

 
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