Isère : Branle-bas de combat dans les Chambarans




Depuis 2007, un projet de construction d’un Center Parcs dans la forêt des Chambarans en Isère est dans les cartons de l’entreprise Pierre et Vacances. Le concept : un parc combinant immobilier et loisirs naturels pour citadins qui voudraient un bol d’air frais sans les inconvénients. Même si le tribunal administratif a suspendu le projet, la résistance s’intensifie !

Le 23 décembre, le juge des référés du tribunal administratif de Grenoble a suspendu l’arrêté préfectoral autorisant les travaux du projet du Center Parcs de Roybon, dans l’Isère, estimant qu’il contrevenait à la « loi sur l’eau ». Mais ses partisans ne vont certainement pas en rester là, étant donné les soutiens politiques dont il est l’objet.

En effet, ce projet a pu être lancé à cause de la générosité des collectivités locales envers le patronat : 36 millions d’euros d’argent public injectés dans l’affaire… Ce, en plus de brader à l’entreprise le terrain à 0,3 euro le mètre carré alors que le prix moyen est de 18 euros, à peine soixante fois moins ! Mais pourquoi donc un tel mécénat ? Les emplois créés (2 200 emplois non délocalisables promis par l’entreprise) et les touristes sont supposés redynamiser une région « morte ».

Or sur les 2 200 emplois en question, il faut soustraire 1 500 CDD du bâtiment uniquement liés aux travaux. Restent 700, dont 320 CDD d’activités saisonnières, avoue l’entreprise. Soit 380 emplois en CDI, en grande partie des activités de nettoyage et de service. Sur les ­autres sites, ce sont tous des contrats de 12 heures par semaine à 370 euros par mois. Voilà comment l’entreprise lutte contre la précarisation des campagnes ! Mais en 2012 l’entreprise a licencié 195 personnes : les bénéfices d’abord, bien sûr. Ce que sanctuarise Center Parcs avec le soutiens des élus, ce n’est pas l’ « emploi », c’est « l’emploi de service annexe, déqualifié, à temps partiel subi, subventionné sur argent public » !

Un désastre environnemental

De plus, le Center Parcs serait construit sur un espace naturel de 200 hectares clôturé d’un grillage de 2 mètres de haut pour protéger les touristes-propriétaires venus y passer leurs vacances des dangereux animaux sauvages (et des villageois alentours ?). Cet espace comprend des zones forestières avec étangs où se développe une faune diversifiée, un réservoir d’eau naturel indispensable d’un point de vue écologique et hydrométrique. La commission d’enquête publique au titre de la loi sur l’eau a rendu un avis défavorable unanime contre le chantier. Pierre et Vacances a fait appel, une autre commission obscure a validé le projet. Le Center Parcs détruirait ainsi environ 120 hectares de zones humides.

Le chantier a débuté, mettant les opposants et opposantes historiques « légalistes » devant le fait accompli. Des manifestations ont lieu régulièrement depuis et d’autres formes de résistances complémentaires ont vu le jour : la MaquiZad est née à Roybon le 30 novembre dernier. [1]

La mobilisation prend une ampleur inégalée, mais les soutiens au projet ne sont pas passifs : les élus du PS au FN multiplient les actions communes. Une forte propagande axée sur le chantage à l’emploi et la minimisation des risques, se conjugue aux déclarations idéologiques de Pierre et Vacances, du Medef, de la CFDT et d’autres transfuges antisociaux. Si leurs mensonges étaient démasqués, même les habitantes et habitants et les ouvriers les plus engagé-e-s pour le projet prendraient conscience que nous sommes tous et toutes dupé-e-s dans l’affaire.

Plus que jamais, la lutte doit permettre de stopper définitivement le chantier autant qu’elle doit être une riposte culturelle à même de convaincre habitantes, habitants, travailleuses et travailleurs, qu’un autre avenir commun est possible sans Center Parcs !

AL Grenoble

 
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