Le dico anticapitaliste : Qu’est-ce que le « paritarisme » ?




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible par Mouldi C

Le paritarisme est le mode de gestion d’organismes rassemblant un nombre égal de représentants et représentantes des employeurs et des employé-e-s. En France, ce modèle est apparu pour la première fois à travers la loi du 19 octobre 1946 instituant le statut de la fonction publique. Même si cela fut l’objet de décisions étalées dans le temps, dans l’ensemble de l’administration (fonction publique d’État, hospitalière et territoriale), les rapports entre représentants de l’État-patron et des organisations syndicales se sont construits autour de ce modèle qui, à la fois, renforce la place des syndicats et les confine dans un rôle d’accompagnement de la situation en place.

Ce paritarisme ne donne strictement aucune once de pouvoir aux travailleurs et aux travailleuses, puisque les éventuels avis ou propositions ne sont que consultatifs, la décision revenant ensuite à l’administration. Mais, s’agissant de la vie quotidienne de travailleurs et de travailleuses, sans doute était-ce trop pour celles et ceux qui gouvernent  ? Les accords de 2008 sur le droit syndical dans la fonction publique font disparaître le paritarisme de nombre des instances consultatives relatives au travail des fonctionnaires.

Au-delà de ce qui se passe dans l’administration, l’appareil d’État a vite compris l’intérêt qu’il avait à généraliser ce type de rapports avec les organisations syndicales ; le paritarisme est présent aussi dans la gestion d’organismes maniant des fonds financiers importants (logement, formation, retraite complémentaire, prévoyance, par exemple). C’est un moyen fort efficace pour «  tenir  » les syndicats !

L’histoire est différente pour la Sécurité sociale  : depuis sa création en 1945, celle-ci était gérée directement par les représentantes des travailleurs et des travailleuses, du moins pour les caisses primaires car le patronat et le syndicalisme réformiste ont obtenu dès 1949 la création d’une caisse nationale où la présence de représentants de l’État instaure la tutelle de ce dernier. En août 1967, le patronat obtient son entrée dans toutes les caisses qui deviennent … paritaires  ! Aucune organisation syndicale ne fera de l’abrogation de cette mesure une revendication centrale, même dans des périodes où ceci était gagnable (l’après 68 par exemple). La gestion paritaire permet, de fait, au patronat de gérer l’argent socialisé des travailleurs et des travailleuses, grâce à des alliances (essentiellement avec FO jusqu’en 1995, aussi avec la CFDT depuis).

 
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