Passée la présidentielle

Les batailles de demain




Avec Royal ou Sarkozy au pouvoir, bien que dans des contextes différents, il faudra se battre pour défendre les intérêts des classes populaires contre le gouvernement. Quelles seront les brèches ? Quels seront les points d’appui ?

Les batailles de demain
Tract fédéral d’AL pour le 1er mai 2007

Sarkozy, ou le berlusconisme à la française

Si Sarkozy l’emporte, ce sera un véritable défi pour les travailleurs et les travailleuses, les classes populaires, les mouvements sociaux et syndicaux.

Sa politique reposera sur deux chantiers, déjà lancés mais qui connaîtront un second souffle :
 d’une part la poursuite de la démolition sociale : dépassement de la notion de CDI/CDD pour établir un « contrat unique » inspiré du Contrat nouvelles embauches/CNE, poursuite du démantèlement des retraites et de l’assurance-maladie, droitisation de la loi Aubry sur les 35 heures ;
 d’autre part le renforcement autoritaire de la république (durcissement sécuritaire, présidentialisation accrue du régime) et le contrôle renforcé des pôles de contestation potentiels (restrictions du droit de grève et la domestication des syndicats).

Le « contrat unique » sera sans doute LA grande bataille du quinquennat, dans la continuité du CPE. Sarkozy sait qu’il doit éviter à tout prix un tel scénario. Il faut voir comment.

Des conflits peuvent également éclater de façon éparse, dans les entreprises, sur des problématiques traditionnelles. La question du pouvoir d’achat est en train de revenir avec force sur le devant de la scène, tant la paupérisation relative des classes salariées devient sensible.

À tout cela il faut ajouter la montée d’un climat de « haine de l’autorité et de la police », avec des affrontements sporadiques. Les motifs d’explosion ne manqueront donc pas. Restera à faire le lien entre les mécontentements.

Royal, ou la glaciation sociale-libérale

Si le PS l’emporte, le gouvernement poursuivra, pour l’essentiel, la politique menée par Raffarin et Villepin. Sur l’essentiel des sujets, ils sont en accord, depuis les privatisations et la casse des retraites jusqu’à la politique sécuritaire et de fermeture des frontières. Il va de soi que jamais le PS ne reviendra sur la réforme Fillon des retraites, ni sur la casse de l’assurance-maladie. Durant la campagne, il n’a d’ailleurs pas vraiment tenté de mentir à ce sujet. Le CNE ne serait sans doute pas supprimé, pour ne pas mécontenter le Medef, mais transformé en un autre contrat précaire que le PS inventerait pour l’occasion. Seule avancée éventuelle : une loi-cadre contre les violences faites aux femmes (mais sans doute débarrassé du volet « service public » et réduit à un binôme éducation/répression).

Avec Royal au pouvoir, le danger ne serait pas, comme avec Sarkozy, celui d’une épreuve de force dont on pourrait sortir vaincu-e-s. Ce serait l’absence d’une épreuve de force, par démobilisation des mouvements sociaux, du fait que « la gauche est au pouvoir ». Un phénomène classique s’il en est.

À titre d’exemple, on pourrait craindre la démobilisation d’une partie des soutiens au mouvement des sans-papiers, endormie par une loi de régularisation partielle – tandis que le PS assumerait totalement le Ceseda version Sarkozy. Le maintien de la fermeture des frontières continuerait de jeter des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs immigré-e-s dans la clandestinité. Et les socialistes continueront à remplir les charters à coup de matraques.

Pour une véritable alternative

Que Sarkozy ou Royal arrivent au pouvoir, le plus grand risque, c’est la démoralisation ou l’anesthésie du mouvement social, alors que les occasions de se mobiliser ne manqueront pas : « contrat unique » d’un côté, « contrat première chance » de l’autre.

Comment lutter contre cette démoralisation ou cette anesthésie ?

Alternative libertaire ne donne pas de consigne de vote.

Quel que soit le vainqueur du 2e tour, il faut faire émerger une véritable opposition anticapitaliste et autogestionnaire large, qui puisse indiquer une autre voie, face à la droitisation générale de la société.

Il faut refuser de se contenter de choisir entre libéralisme de gauche et libéralisme de droite.

C’est qu’aujourd’hui, il y a bien nécessité d’une bataille idéologique, sur les valeurs, sur le projet de société, pour redonner aux mouvements sociaux, non pas des raisons, mais l’envie de se battre.

 
☰ Accès rapide
Retour en haut