Marche de nuit non mixte : La rue nous appartient aussi




Parce que « la nuit nous plait et qu’on veut sortir en paix », le 22 novembre, le collectif «  d’égal à égales  » d’Angers– dont Alternative libertaire est une cheville ouvrière – organisait pour la première fois une marche de nuit non-mixte contre les violences sexistes et sexuelles.

S’appuyant sur la date du 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes, le collectif «  d’égal à égales  » a organisé une marche non mixte de nuit. « La nuit nous plait, on veut sortir en paix ! » : Jeunes, âgées, de toutes origines, lesbiennes, hétéro, bi et transsexuelles, nous étions 180 et nous avons marché parce que l’espace public reste encore à conquérir par et pour les femmes. Nous voulons que disparaisse cette conviction que notre présence à nous, les femmes, dans l’espace public la nuit, n’est ni légitime ni responsable et que nous ne pouvons nous y aventurer qu’à nos risques et périls.

Quelques constats  : 80 % des victimes de viols sont des femmes et 98 % des agresseurs sexuels sont des hommes. Chaque jour, environ 150 femmes sont violées. Interpellées, dévisagées, sifflées, dénigrées, touchées, évaluées, les femmes subissent au quotidien des violences sexistes banales qui sont le terreau des violences sexuelles car elles décomplexent la domination masculine.

Une marche auto-émancipatrice

C’est pourquoi il était très important pour nous d’organiser une marche de femmes. Une marche de nuit. Une marche auto-émancipatrice pour rappeler notre légitimité à être dans l’espace public, quand nous le voulons, habillées comme nous le souhaitons et sans ressentir de peur. Nous refusons d’être cantonnées à l’espace privé et nous refusons d’être considérées comme des corps disponibles.

« Mais pourquoi une marche non mixte  ? » nous a-t-on demandé un milliard de fois. « C’est sexiste, c’est sectaire, ce n’est pas vendeur, c’est bizarre »... Qu’est-ce qu’on n’aura pas entendu à propos de cette marche non-mixte ! À Angers, on n’avait jamais vu ça  ! À Angers on peut traiter une femme noire de guenon, on peut interdire l’entrée d’un restaurant aux homosexuels, on peut dire « qu’Hitler n’a peut-être pas tué assez de roms », on peut voir des députés prier sur la place publique avec des catholiques intégristes contre le mariage pour tous… Mais par contre, à Angers, marcher entre femmes la nuit, ça ne se fait pas.

Historiquement, un mouvement non mixte renvoie à la lutte d’émancipation d’un groupe de dominé-e-s. C’est symboliquement la prise en charge par le groupe opprimé de la lutte pour son émancipation.

Au niveau des violences sexistes et sexuelles, puisque les victimes sont majoritairement des femmes et que l’écrasante majorité des agresseurs sont des hommes, cela a du sens que les femmes luttent elles-mêmes pour leur émancipation. Une marche non mixte est donc un moyen politique (pas une fin en soi). Et la marche a lieu la nuit car c’est souvent dans ce contexte que les femmes ont le plus «  peur  » de se faire agresser.

Ce 22 novembre, notre cortège, entièrement féminin – service d’ordre compris – a arpenté les rues d’Angers. Nous avons chanté à 180 voix « l’Hymne des femmes » dans les rues d’Angers, faisant se taire les conversations aux terrasses des cafés. Nous avons occupé le terrain, nous avons été visibles, nous avons été fortes, unies, solidaires. Nous avons lutté ensemble. C’était beau, émouvant, un moment politique fort. Et il y a quelques mois, une «  Lady fest  » non mixte s’est tenue à Angers, signe peut-être, que cette forme de revendication retrouve une certaine actualité ?

Gaëlle (AL Angers)

 
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