Multiplication des luttes : Pour plus qu’une poignée d’euros




Les manifestations du 1er mai vont être les premières depuis la fin du conflit sur les retraites de l’automne dernier. Une bonne occasion de faire l’état des lieux de la lutte des classes en France.

Une chose est sûre, c’est que le patronat est toujours à l’attaque : la plupart des augmentations de salaires obtenues lors des négociations annuelles obligatoires d’avril 2011 sont minables.
Continental a ainsi essayé de retenter sa grande arnaque, mais cette fois auprès des ouvriers et ouvrières de ses trois usines des Midi-Pyrénées, en leur proposant 2 % d’augmentation contre neuf jours de travail en plus par an.
Du côté du gouvernement, l’État se propose de payer les pots cassés en inventant une prime de mille euros aux salarié-e-s des boîtes qui versent des dividendes aux actionnaires contre des exonérations de cotisations sociales. Un rapide calcul amène le premier versement de cette prime au début de l’année 2012 soit au début de la campagne présidentielle. Coup double pour Sarkozy.

Des luttes pour les salaires

De l’autre, dans bien des boîtes, les salarié-e-s disent non et se battent. Difficile de faire un tour détaillé de ces luttes, qui concernent parfois de toutes petites entreprises et dont les succès sont mitigés.
Ainsi, les douze salarié-e-s de l’agence de pompes funèbres Roc’Eclerc à Bordeaux ont décroché cent vingt euros d’augmentation après leur première grève.
A Toyota Onnaing, plusieurs centaines de salarié-e-s ont fait grève deux semaines pour 1,7 % d’augmentation, encouragés par la victoire des salarié-e-s d’un sous-traitant. Ils ont été contraints de lever le mouvement après le recours au chômage partiel par la direction.
Une vingtaine de chantiers parisiens ainsi que celui du stade de Lille d’Eiffage ont été interrompus pendant deux semaines par une grève des salarié-e-s, qui ont obtenus de 2 % à 2,5 % d’augmentation. Après une journée de grève à la participation historique à Carrefour le 9 avril dernier, la direction a cédé 2 % d’augmentation et deux cent vingt euros brut de prime. On pourrait poursuivre longuement la liste.

Un mai rampant ?

La combativité n’est donc pas retombée dans les boîtes. L’hypothèse faite à la fin du conflit sur les retraites d’un « mai rampant » à l’italienne, c’est-à-dire d’une forte combativité étalée sur plusieurs années, pourrait bien se confirmer. Mais pas question de s’en contenter : l’objectif, à terme, reste toujours un affrontement d’ensemble contre le gouvernement et le patronat.

Rappelons qu’en 2008, la moyenne des augmentations de salaire était de 3,3 %. On est loin des 2,5 % pour lesquels des salarié-e-s se battent dos au mur aujourd’hui. L’enjeu actuel, c’est que les organisations syndicales soient à la hauteur de la combativité qui s’exprime, en soutenant les salarié-e-s qui se battent, en les mettant en contact, en popularisant leurs luttes, en tentant de mobiliser les salarié-e-s du public (dont le gouvernement a annoncé la poursuite du gel du point d’indice) et en faisant émerger des mots d’ordre communs. Bref, en démontrant que les salarié-e-s ne sont pas à genoux après le conflit des retraites. Dans cette optique, le 1er mai 2011 constitue une étape importante.

Grégoire Mariman (AL Paris Sud )

 
☰ Accès rapide
Retour en haut