Palestine : Boycottons l’apartheid




La campagne Boycott désinvestissement et sanctions (BDS), lancée à l’appel de la société civile palestinienne, est à l’œuvre depuis plusieurs mois. Les actions se multiplient dans le monde comme en France.

On sait désormais que l’espoir international pour la Palestine ne viendra pas d’Obama qui, malgré quelques gesticulations contre les colonies illégales, n’est pas disposé à faire pression contre Israël. Les mouvements de solidarité pour la Palestine (GUPS, Génération Palestine, UJFP...) ont donc décidé de ne pas attendre le prochain massacre de l’État sioniste pour agir, et ont répondu à l’appel au boycott lancé par la société civile palestinienne en 2005, exigeant le respect du droit international et des droits de l’homme.

La campagne BDS fait référence à l’apartheid en Afrique du Sud, contre lequel la communauté internationale s’était élevée. La situation du peuple palestinien est en effet celle d’un double apartheid. D’abord les « arabes israëliens », qui subissent diverses discriminations légales et juridiques, ont moins de droits que les Juifs du monde entier qui sont invités à immigrer par Israël. À Jérusalem, les Palestiniens se font arrêter et expulser de leurs maisons, par la suite détruites, parfois sous couvert de fouilles archéologiques. Ensuite, dans les territoires occupés, il y a maintenant deux destins, car la volonté de diviser les Palestiniens se fait désormais par un double traitement : d’un côté la Cisjordanie, avec la construction du mur, la spoliation des terres et l’accentuation de la colonisation, de l’autre Gaza, véritable ghetto soumis au blocus de Tsahal et à ses attaques militaires répétées. Le tout sans parler des réfugiés palestiniens dont les droits sont toujours niés par Israël.

La campagne prend forme

Les Palestiniens mènent un combat sur plusieurs fronts, les anticolonialistes internationaux doivent en ouvrir un autre. Lancés il y a neuf mois en France au niveau local et national, les comités BDS (dont AL est membre) n’ont pas chômé : les comités locaux choisissent généralement des cibles (actuellement Carrefour, Agrexco) et organisent des campagnes de sensibilisation. Plusieurs actions ont déjà eu lieu notamment dans les grande surfaces. Au pays du « régional-socialiste » George Frêche, la mobilisation contre l’implantation d’Agrexco à Sète, engagée depuis six mois, prend de l’ampleur (voir AL de septembre 2009), et une marche a lieu le 6 mars à Montpellier. Autre cible : le KKL (Fond national juif, créé par Théodore Herzel en 1901 pour permettre l’acquisition des terres en Palestine), une organisation responsable de l’expulsion de milliers de Palestiniens depuis un siècle, qui aujourd’hui revêt les habits du développement durable et se présente comme la première organisation verte d’Israël.

Le mouvement s’organise également dans les quartiers populaires, ainsi que dans les facs et en lien avec les syndicats. Sud-Étudiant, Solidaires et la CNT ont d’ores et déjà rejoint la campagne. La campagne commence déjà à inquiéter le gouvernement. Au dernier dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), François Fillon a dénoncé le « scandaleux mouvement de boycott de produits casher ou israéliens » et a dénoncé « les amalgames les plus odieux » (mais lui-même en faisant un, car les seuls produits casher boycottés sont ceux produit dans les colonies). De même, Michèle Alliot-Marie a récemment soutenu l’action du parquet de Bordeaux, qui a poursuivi un militant, parce que celui-ci a posé des affiches appelant au boycott dans un supermarché de Mérignac.

Marche pour Gaza réprimée

Pour le premier anniversaire du massacre à Gaza, les mouvements de solidarité internationaux se sont coordonnés lors de la marche qui a eu lieu fin décembre en Égypte. Mille quatre cents militantes et militants, venus de 42 pays, ont été bloqués en Égypte, alors qu’ils voulaient pénétrer dans la bande de Gaza, par le poste frontière de Rafah. Un nombre symbolique qui rappelle le nombre de victimes de l’agression israélienne il y a un an. Marche pacifiste, mais plusieurs marcheurs ont été violemment molestés par la police égyptienne.

Le mouvement de boycott n’en est qu’à ses débuts, la campagne est lancée pour plusieurs années. Le monde a refusé l’apartheid en Afrique du Sud, il doit le refuser aussi en Palestine.

Nico P. (AL77)

Produits à boycotter

Produits étiquetés « Israël » (code barre : 729) Telma (soupe, plats déshydratés) Carmel (fruits et légumes) Jaffa (fruits et légumes) Maayane (Bocaux - plats cuisinés, condiments, olives, poivrons...) Kedem (avocats) Coral (Cerises) Top (fruits et légumes) Beigel (biscuits apéritifs) Hasat (agrumes) Sabra (repas complets) Osem (soupes, snacks, biscuits, repas complets préparés) Dagir (conserves de poissons) Holyland (miel, herbes) Amba (conserves) Green Valley (vin) Tivall (produits végétariens) Agrofresh (concombres) Jordan Valley (dattes) Dana, STM (tomates cerises) Epilady (appareils d’épilation) Ahava (cosmétiques de la Mer morte)

 
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