Communiqué des anarchistes contre le mur

Palestine – Israël : information des Anarchistes contre le mur en provenance d’une zone de guerre




Dimanche 4 Janvier 2009

L’assaut le plus brutal d’Israël contre Gaza depuis 1967 – sous le nom de code "Opération Plomb Chargé" – qui a commence le samedi 27 décembre et atué 250 palestiniens dès le premier jour, a rencontré une condamnation généralisée partout dans le monde, et des protestations en Israël aussi.

Les protestations avaient déjà commencé le jour précédent l’offensive
aérienne israélienne « choc et crainte », quand des activistes ont
manifesté dans le cœur de Tel Aviv, pour avertir contre l’escalade des
menaces et l’appel à des pour-parler de paix avec les officiels
démocratiquement élus de Gaza. Cette manifestation, appelée par la
Coalition contre le siège de Gaza, a été virtuellement ignorée par les
principaux médias israéliens.

Le samedi 27 décembre, alors que nous apprenions le carnage et la
dévastation cause par les avions de guerre israéliens infligés au matin
sur une population gazaouie assiégé et déjà souffrante, les activistes des Anarchistes contre le mur (ACM) ont rejoint une centaine de manifestants en colère dans une manifestations spontanée dans la ville de Jaffa (beaucoup d’habitants locaux ont de la famille dans la bande de Gaza, étant donné qu’une grande part de la population de Jaffa a été forcée de fuir vers Gaza en 1948)

Au même moment, des manifestations ont explosé dans une douzaine de villes et de village de Cisjordanie, ainsi qu’à Jérusalem est, la plupart du fait d’affrontements entre de jeunes Palestiniens et les troupes Israéliennes. Plus tard dans l’après-midi, les ACM ont participé avec des membres d’autres organisations, dans une marche de protestation de plus d’un millier de juifs et d’arabes dans les rues de Tel Aviv. Les manifestants ont mené une marché énergique et chargée d’émotion du square de la Cinémathèque jusqu’au ministère de la défense, en criant « l’occupation est du terrorisme » et portant des pancartes « les ministres israéliens sont des criminels de guerre ». En cours de route, les manifestants ont été attaqués sans raison par une Unité spéciale de patrouille soutenue par des membres de la police montée agressifs. D’autres affrontements ont eu lieu par la suite devant le Ministère de la défense, quand des anarchistes ont mis à bas la barrière de sécurité et ont essayé de bloqué la circulation sur la rue Kaplan. Six manifestants ont été arrêtés, qui ont ensuite été relachés par un juge le lendemain.

Le dimanche 28, alors que le nombre de morts à Gaza s’approchait de 300 pour le second jour de l’attaque israélienne, les activistes d’ACM ont rejoint une manifestation dans le village de Ni’ilin contre les crimes de guerre d’Israel à Gaza. Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur les jeunes qui lançaient des pierres, tuant un des manifestants et en en
laissant un second dans une situation critique. Arafat Rateb Khawaja, 22
ans, a été tué d’une balle tirée dans le dos, qui est mort dans l’après
midi à l’hôpital de Ramallah. Mohammed Kasim Khawaja, 20 ans, a reçu une balle dans le front tirée à proximité, et est toujours dans un état de
mort clinique à l’hôpital de Ramallah.

Le dimanche soir, ACM a pris part à une nouvelle manifestation survoltée dans le centre de Tel Aviv, où des douzaines de personnes ont appelé la population la fin des opérations militaires en cours à Gaza, et de l’occupation en général. Les protestataires portaient des pancartes disant « Intervention internationale maintenant » et « les Israéliens et les Palestiniens sont contre la guerre ».

Le Lundi 29, les funérailles à Ni’ilin ont été extrêmement chargées en émotion, puis suivies par une journée d’affrontement avec l’armée, alors que des centaines d’étudiants faisaient entendre leur opposition sur les campus de Tel Aviv, de Haifa et de Jerusalem – manifestations qui ont tous donné lieu à des d’affrontements avec la police et ou des
contre-manifestants fascistes, ainsi que des arrestations violentes.
Plus tard dans la journée, des manifestants se sont rassemblés devant
l’Ambassade égyptienne de Tel Aviv, pour protester contre le silence et la collaboration égyptienne avec l’offensive israélienne. Les manifestants
ont fait face à un extrêmement impressionnant contingent de police anti
émeutes et de gardes frontières qui, incités par la foule enflammée des
passants, a utilisé une violence extrême pour disperser la manifestation... Six participants ont été arrêtés, tous des palestiniens citoyens israéliens.

Plus tard dans l’après-midi, des members d’ACM ont rejoint une
protestation d’arabes et d’israéliens contre les atrocités à Gaza qui
avait lieu à Jaffa. Plusieurs centaines de personnes ont hissé des
drapeaux palestiniens et ont lancé des slogans de solidarité avec la
population de Gaza et de soutien à l’Intifada. L’évènement à culminé avec une marche bruyante et désordonnée dans les rues de Jaffa, bloquant parfois la circulation, qui s’est ensuite dispersée sans violence après une confrontation avec un fort contingent de renforts de police anti éméute et de gardes frontières.

Le mardi 30, une nouvelle manifestation enragée de quelques 200 personnes s’est ruée dans le centre de Tel Aviv. Malgré une forte présence policière, des œufs et des bouteilles vides ont été lancé sur les
manifestants.

Le Vendredi 2 janvier, une vingtaine de membres d’ACM ont surpris les services de renseignements de la police en organisant à 6 heures du matin un « die in » à l’entrée de la base aérienne Sde Dov de Tel Aviv. Ils se sont allongés sur la route, feignants d’être morts en portant des
combinaisons et des masques couverts de sang, devant l’entrée de cet
aéroport où les pilotes se rendent pour prendre leur taxi aérien qui les
amènera sur les bases aériennes. Au bout de 10 minutes, les 21
participants ont été arrêtés. A la demande de la police, honteuse de
n’avoir pu empêcher préventivement l’action, clamant que les personnes
arrêtés mettaient en danger la paix en temps de guerre, le juge a ordonné de les maintenir en prison le temps du week end [et ainsi les empêcher de rejoindre les manifestations prévues ce week end …]. Ayala, l’un des activistes : notre geste est destiné à « montrer aux pilotes de l’armée de l’air israélienne le résultat de leurs actions à gaza. A des milliers de mètre d’altitude, le pilote qui cible puis appuie sur un bouton peut ignorer, oublier ou être incapable de comprendre qu’en ce faisant il tue des personnes innocentes. Nous sommes venus ici pour leur rappeler cela. » Depuis le début de cette guerre, les forces aériennes ont bombardé Gaza plus de 300 fois. Ils ont tué plus de 400 palestiniennes, des centaines de civils. Il est impossible d’être contre les bombardement de civils sur Sdérot en Israël sans être en même temps contre les tueries massives de civils à Gaza.

Les lois internationales de la guerre obligent d’éviter au maximum tout
dommage contre les civils. Les bombardements de l’armée de l’air
israélienne sur la bande de Gaza qui est très densément peuplée ne peuventque toucher les civils, et sont des crimes de guerre. Chaque pilote qui bombarde Gaza bombarde une population civile et est un criminel de guerre.

Voir la vidéo

A cause de trop nombreuses arrestations de vendredi matin, les autres
membres d’ACM n’ont pu participer à la manifestation commune contre le mur de séparation seulement dans le village de Jayyous – où de très nombreuses grenades lacrymogènes ont été tirées, et à Bil’in – qui a encore été un champ d’expérimentation pour « les moyens de contrôle de foule de basse létalité ». Ce vendredi à Bil’in, les forces de l’Etat ont fait un nouvel essai de leur machine à bruit et de nouveaux projectiles… il semblerait que leur principale tâche, en plus de ces expériences, était d’éviter de nouveaux cisaillement de la barrière de sécurité comme cela avait été le cas lors de la manifestation de dimanche contre la guerre à Gaza.

Pendant toute la semaine, nous avons distribué l’appel pour la
manifestation de samedi au nom de la Coalition des organisations contre la guerre à Gaza, et dont les Anarchistes contre le mur sont partie prenante :

« Les massacres à Gaza continuent. Des centaines ont été tués, des
milliers blessés, les attaques aériennes ont causé des dévastations
totales et des familles entières sont maintenant laissées sans maisons.
Les civils dans le sud d’Israel sont les otages d’un gouvernement qui leur ment et abuse d’eux. Les destructions et les morts à Gaza n’assureront par leur future, mais au contraire conduiront à plus de violence et de morts.

Rejoignez nous dans la manifestation de ce samedi, nous appelons :

Arrêt des massacres !

Non au siège de Gaza !

Stop the Killing ! No to the Siege ! Yes to life for both peoples !

Oui à la vie pour les deux peuples !

Dans ces journées sombres, nous tenons à notre message : les juifs et les arabes refusent d’être des ennemis !

Notre demande : une trêve complète et la levée du siège de Gaza MAINTENANT !

PS : depuis les dernières semaines, des arrestations massives ont été
opérées parmi les citoyens palestiniens d’Israël qui ne faisaient
qu’exercer leur droit démocratique de manifestation. Ce samedi, avant la
manifestation de Tel Aviv, une rassemblement de protestation est appelé à Sakhnin par le Haut comité des arabes israéliens contre le massacre à Gaza. Merci de faire un effort pour le rejoindre. Votre présence est
essentielle."

Le soir, après que la Haute Cour ait interdit à la police d’interférer
dans le contenu de la manifestation, des milliers de personnes ont
convergé vers le square de la ville, y compris beaucoup de ceux qui
participaient plus tôt à la manifestation de Sakhnin au nord. Quelques
centaines de personnes ont participé au cortège anarchiste. Le cercle de
tambour a constitué le centre de ce cortège tout le long de la
manifestation. Les drapeaux, les bannières anarchistes ainsi que leur
chants ont été la cible pendant toute la manifestation de militants de
droite, qui ont échoué à causer des altercations.

===================================================

Traduction sommaire du rapport sur l’assassinat à Ni’ilin pendant la
manifestation de solidarité avec Gaza, le dimanche 26 décembre 2008, écrit pour l’association Droits de l’Homme Btselem par un membre des anarchistes contre le mur.

Le dimanche 28 décembre, il y avait à Ni’ilin une manifestation pour
protester contre le massacre à Gaza. Très rapidement, la manifestation a
dégénérée en confrontation à quelques endroits avec l’armée et les
gendarmes qui tiraient alors des balles entourée de caoutchouc et des gaz lacrymogènes, les villageois lançant des pierres sur les forces de l’Etat.

Le principal point de confrontation était dans l’entrée principale du
village, près de l’intersection entre la route 446 et la route 4460, où
étaient concentrés beaucoup de gendarmes. Un second foyer était un peu plus au sud ouest de la rue 4460 dans une plantation d’olive proche des maisons du village. Le bâtiment le plus marginal, un poulailler, est au milieu de la plantation et il ya des affrontements tout autour. Les soldats sont d’un côté du poulailler et les manifestants, entre 15 et 30 jeunes villageois, de l’autre.

Je me trouvais proche du second foyer, à 30 ou 40 mètres des lanceurs de pierre. Pendant longtemps les forces de l’État ont utilisé des gaz
lacrymogènes et des balles recouvertes de caoutchouc [qui sont beaucoup moins létales – NdT] Puis à un certain moment, le bruit des tirs à changé : des balles réelles tirées d’un arme non automatique (selon ma propre expérience de ce genre de chose). J’ai approché des lanceurs de pierre pour les prévenir que les forces de l’État commençaient à tirer à balles réelles.

A ce moment, les manifestants se sont mis derrière une grande pile de
pierres adjacentes au poulailler. 4 ou 5 soldats qui étaient à 20 mètres
d’eux marchaient librement sur une petit mur en terrasse. Il était clair vu leur comportement qu’ils ne percevaient aucun danger pour leur vie. Le tir de balles réelles (qui n’était pas dirigé dans les airs) a continué quelques minutes.

A cause du danger, après avoir alerté du danger quelques uns des jeunes j’ai commencé à battre en retraite tout en regardant toujours la confrontation. Après quelques 5 mètres de recul, un des manifestants a été touché à la jambe. J’ai couru vers lui, et j’ai été le second à le
rejoindre. Nous l’avons transporté 15 mètres en arrière, vers une équipe
de premiers soins qui était là. Moins de 30 secondes après, nous entendons des cris à propos d’un autre blessé. Je cours rejoindre les cris mais je vois 4 personnes qui portent un corps sans vie, une personne qui a été tirée dans le dos et semble morte. Plus tard j’appris qu’il s’agit de Arafat Khawagha.

Je regardé vers l’endroit où les gens ont été tirés et je vois un autre
tir et un autre corps s’effondrer. Les gens autour de lui le portent et
crient qu’il a reçu une balle dans la tête. Plus tard j’appris qu’il s’agissait de Muhamad Khawaga.

Le feu continue. La tête du blessé est couverte de sang qui coule dans un large flot. Les personnes qui le portaient sont couvertes de son sang.
Je cours vers Arafat Khawaga et je remplace un de ceux qui le portent. Je porte son épaule gauche et sa tête en évitant qu’elle soit secouée. Ma main qui le soutien est recouverte de sang. Un des jeunes me remplace alors. Il n’y avait pas d’ambulance sur place à ce moment et il est évacué dans la voiture d’un des villageois. L’ambulance arrive quelques minutes plus tard et évacue trois autres blessés vers l’hôpital de Ramallah. Je voudrai insister encore sur le fait que l’utilisation de balles réelles n’a pas été sur un court laps de temps et qu’elle n’es t pas due à un sentiment de détresse des soldats qui auraient pu croire que leur vie était en danger.

Les tirs ont duré plusieurs minutes pendant lesquelles les
soldats étaient à couvert avec une possibilité de sortie. En plus, a une
courte distance d’eux il y avait une bien plus grande force – des dizaines
de gardes frontières, de gendarmes, qui ne sont pas venus pour « sauver leur camarades », prouvant qu’aucun danger n’était ressenti ici par les soldats.

Il faut ajouter que Arafat Khawaga a été tire dans le dos, ce qui veut
dire qu’il tournait le dos aux soldats pendant qu’ils tiraient. Il n’y
avait aucune menace contre eux.

Le porte parole de l’armée israélienne déclare chaque fois que les
forces de l’Etat assassinent un palestinien que "les soldats ont dû se
protéger contre une menace à leur vie … »

 
☰ Accès rapide
Retour en haut