Précaires de l’éducation : En Guyane et en France, exigeons la titularisation !




En Guyane, les enseignantes et enseignants contractuel-le-s s’organisent contre la précarité imposée par l’administration. L’horizon de cette mobilisation est bien, outre la lutte sur les salaires, celle de la titularisation de toutes et tous les précaires. À suivre donc dans la France entière…

L’académie de Guyane compte quelques 5 000 enseignantes et enseignants. Or, les besoins dans l’éducation y sont énormes, car la moitié de la population a moins de 25 ans et le taux de natalité progresse de façon exponentielle. Dans ce contexte, que font donc le rectorat et le ministre ? Créent-ils des postes de titulaires ? Non. Leur choix se porte vers la précarité. L’État se démarque en étant le premier négrier de France (et c’est peu dire dans cette région toujours colonisée). Le rectorat recrute donc des contractuel-le-s à hauteur de 20 à 25 % des effectifs.

Celles et ceux-ci sont bien entendu sous payé-e-s. Ils et elles n’ont aucune perspective d’évolution de salaire et peuvent être remercié-e-s d’une année sur l’autre (surtout s’ils ou elles ne sont pas contents de leurs conditions de travail...). De plus un contractuel recruté avec les mêmes qualifications aura un salaire supérieur s’il enseigne en collège ou lycée plutôt que dans une école. Et le discours étatiste nous rabâche « Égalité, égalité, égalité » ! Mais où sont donc cette égalité et ce droit à un travail reconnu ?

Des victoires sur les salaires…

Fort de ce constat, un collectif s’est formé. Le CENT (Collectif des enseignants non titulaires), soutenu par des syndicats enseignants (dont Sud Éducation Guyane), a élaboré une plate forme revendicative proposée au Recteur.

Tout d’abord les salaires. Point le plus simple. Les contractuel-le-s du primaire vont enfin être payé-e-s autant que dans le secondaire et une perspective d’avancement se met en place. Mais sincèrement quelle victoire y a-t-il ici ? La simple réparation d’une inégalité flagrante et injustifiable. Cet écran de fumée ne doit pas satisfaire les enseignantes et enseignants exploité-e-s. Car d’autres points sont encore à l’ordre du jour. Outre la formation (en passe d’être accordée car cela non plus, ça ne mange pas de pain), il reste toujours et surtout l’épineux problème central : la titularisation.

… à la titularisation des précaires ?

Et ce n’est pas une mince affaire que de mettre tout le monde d’accord. Des syndicalistes titulaires aguerris n’aiment pas trop l’idée que des collègues soient titularisé-e-s sans avoir passé de concours. D’autres réclament la titularisation sans condition. Et c’est justifié. Comment refuser à un ou une collègue qui travaille depuis plusieurs années, et qui a ainsi prouvé, si besoin est, sa capacité à enseigner, l’accès immédiat à un emploi stable et garanti ?

L’administration est évidemment frileuse envers la possibilité, pourtant existante, d’une intégration des contractuel-le-s par la voie de la liste d’aptitude. De plus, ce n’est bien entendu pas possible rien qu’en Guyane. Sur un plan purement juridique ce n’est pas légal. Et l’État a peur que la mobilisation fasse tache d’huile.

Cette lutte pour la titularisation stagne quelque peu. Il est temps de lui donner une dimension nationale. Il faut obliger l’État à titulariser les précaires et enrayer par là le processus de précarisation à outrance que veut nous imposer Sarko Ier. Seule une lutte globale viendra à bout de cette exploitation et permettra une reconnaissance légitime des droits des travailleuses et travailleurs de l’éducation.

GrandSeb (AL Guyane)

• Au jour où nous écrivons ces lignes, le collectif des enseignants de l’Ouest, épaulé par une intersyndicale Unsa/FSU/Sgen-CDTG/STEG-UTG/Sud, occupe le parking du rectorat de Cayenne depuis le 20 mai au soir, pour obtenir la création de postes.
Voir le blog : http://centcay.skyrock.com

 
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