SUD-PTT : Un congrès dans l’œil du cyclone




Le récent congrès n’aura en rien ressemblé aux précédents. Des accusations de sexisme, une tentation réformiste… SUD-PTT entre dans une zone de turbulences, avec une équipe fédérale fragilisée.

À la Poste, le climat social est pourtant encourageant. Des grèves déterminées durent depuis plusieurs mois dans au moins quatre départements (Ille-et-Vilaine, Gironde, Hauts-de-­Seine, Bouches-du-Rhône), et SUD-PTT a lancé une caisse de grève pour les soutenir  [1]. On aurait pu espérer que son congrès, réuni du 12 au 18 mai à Allevard (Isère), soit porté par cette dynamique. Ce ne fut pas le cas.

Le débat principal a porté sur l’orientation syndicale, alors qu’un fossé s’est creusé depuis quelques années entre le secteur des télécoms (en pleine mutation sociologique, avec un poids croissant des cadres) et le reste de la fédération (centres d’appel et activités postales). La tentation d’un glissement vers le syndicalisme d’accompagnement est forte aux télécoms, mais commence à percer aussi dans le secteur postal. Face à cela, une majorité a réaffirmé la nécessité d’un syndicalisme de lutte de classe, en faisant voter des amendements qui ont musclé des textes d’orientation assez timorés à l’origine – le mot «  grève  » était même absent du texte sur la situation sociale  !

Malaise au bureau fédéral

Malgré tout, le congrès est allé de l’avant. Innovant dans la forme, il a fait plus de place aux débats et moins aux joutes tribuniciennes. Comme d’ordinaire, les questions de structuration et de fonctionnement ont cristallisé les désaccords, mais on a tout de même pu parler de grève générale, de racisme d’État, d’avenir du service public postal et de développement dans le privé. La motion d’actualité appelle à participer aux grèves, manifestations et à toutes les mobilisations s’appuyant sur des revendications claires, pour dépasser la logique slogandaire du type «  fête à Macron  ».

Le nouveau bureau fédéral (BF), lui, est en sous-effectif. La parité y est obligatoire et, sur les 26 postes qui y sont réservés aux femmes, seuls 9 ont été pourvus, par manque de candidates. Les syndicats ne semblent pas avoir mesuré, en réalité, le malaise qui existe au BF. Une semaine avant le congrès, quatre militantes en ont démissionné en lançant des accusations de sexisme et de harcèlement moral. Une autre démission avait eu lieu il y a un an, pour des ­raisons analogues. On a beau savoir que SUD-PTT n’est pas épargné par le sexisme ambiant dans la société, cela fait mal de voir qu’une fédération qui fut à la pointe de ce combat il y a 25 ans ­enregistre aujourd’hui ce recul. Les congressistes en ont pris acte et ont décidé, pour y remédier, de réactiver la commission femmes non mixte, et de l’inscrire dans les statuts.

Si le congrès a clarifié l’orientation lutte de classe de SUD-PTT, c’est donc une équipe fragilisée qui va devoir la mettre en musique, avec le risque d’une animation cahin-caha, voire d’une nouvelle crise.

De par son rôle historique, SUD-PTT n’est pas n’importe quelle fédération dans Solidaires. Ses crises sont une source d’inquiétude mais, comme une large majorité des syndicats continue à affirmer haut et fort son adhésion à un syndicalisme de lutte qui conserve un espace réel dans ce secteur professionnel, nous faisons le pari que la situation pourra être assainie.

Des postiers communistes libertaires

[1Alternative libertaire y a participé, et invite toutes et tous ses sympathisants à faire de même !

 
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