Saint-Denis (93) : Contre le sécuritaire, investir politiquement nos quartiers




Des militant-e-s d’AL Saint-Denis ont participé à la création d’un collectif d’intervention sur un quartier de la ville. Après quelques interventions, voici un premier bilan.

Cela fait bientôt dix ans que la droite mène, avec chaque semaine plus d’acharnement, sa politique « tout-sécuritaire/tout-répressif », à grands coups de statistiques, de lois réactionnaires, et de déclarations nauséabondes. Début 2010, le collectif Alternative libertaire de Saint-Denis a animé une réunion ouverte pour parler des conséquences locales de cet emballement.

Contre la politique répressive à l’œuvre

Pour mémoire, à l’époque, Hortefeux s’était montré à la gare de Saint-Denis et y avait annoncé un plan anti-drogués avec commissariat ouvert 24 heures sur 24 et caméras de surveillance à la clé. En réalité, ce que la droite veut « sécuriser », dans le quartier de la gare, ce sont avant tout les investissements immobiliers de ses ami-e-s. En effet, avec le prolongement du tramway T1 vers Asnières, l’architecture du quartier va être bouleversée, et les promoteurs espèrent qu’il en sera de même pour sa réputation. Et la coupe d’Europe de foot en 2016 (le stade de France est à côté) n’y est pas étrangère. Fin de la parenthèse.

Un soir, autour du verre de l’amitié, avec quelques copains et copines syndicalistes (Sud, CGT, CNT) et militant-e-s de la ville, pour beaucoup libertaires (AL, CGA, non organisé-e-s), nous avons essayé d’imaginer le type d’intervention(s) que nous avions les capacités de mener à bien localement, sur ces sujets : comment mettre en œuvre, concrètement, des réponses solidaires de quartier, face à la dérive sécuritaire et raciste… Une charte est adoptée (voir ci contre), le collectif Mur-Mûr est né. Première étape : organisation de projections-débats, rencontres entre habitant-e-s…

Une dynamique est lancée…

C’est à l’occasion de la fête du quartier Delaunay-Belleville qu’a lieu, fin mai 2010, une première soirée, au résultat encourageant. D’autres suivront, organisées avec les membres du « peuple de la gare », un collectif aux motivations proches des nôtres, et à l’initiative, quelques semaines plus tôt, d’une braderie au profit des coopératives des écoles du quartier de la gare couronnée d’un franc succès.

Un premier cycle de trois projections, sur le thème de l’immigration avec garderie autogérée et apéro participatif, organisées à l’école Jules Vallès, sur un rythme mensuel, a pris fin en février 2011. Les soirées ont été marquées par des affluences inégales (de 40 à 70 personnes), mais la démarche a été comprise par les gens du quartier, et les échanges intéressants. Plusieurs participant-e-s des premières projections se sont impliqué-e-s dans l’organisation des suivantes. La convivialité est au rendez-vous, et une dynamique est lancée.

D’autres soirées, sur d’autres thèmes sont en projet, mais aussi d’autres types d’interventions : permanence d’écrivain public ou en droit du travail, alphabétisation « engagée » (à partir de débats) par exemple.

Par la dynamique enclenchée qui donne envie à des « non-militant-e-s » de s’investir et de se réapproprier des espaces et des sujets de discussions, par le renforcement des solidarités qui peut en découler, l’utilité du collectif est maintenant palpable. À suivre…

Alex (AL Saint-Denis)


<titre|titre=Charte de Mur-Mûr>

Habitant-e-s, militant-e-s de terrain sur la ville de Saint-Denis, nous nous battons pour une société plus juste avec des valeurs égalitaires et émancipatrices. Nous pensons qu’il faut agir d’abord là où on vit et là où on travaille.

Partant du constat que l’intervention collective dans les quartiers populaires est compliquée pour des militant-e-s qui ne s’inscrivent pas dans une logique électoraliste ou partisane, nous souhaitons avoir une action qui puisse être comprise et accepté par les habitant-e-s de ces quartiers.

Nous pensons que l’intervention doit avoir une forme plus permanente et plus large que l’action politique habituelle et qu’elle doit s’appuyer sur une base militante des habitant-e-s des quartiers concernés.
Ces activité pourraient prendre la forme de débats, d’activités culturelle ou festive, mais aussi de permanence « droit du travail » ou « écrivain public », soutien scolaire, dans le but de mobiliser les habitant-e-s sur des thèmes que nous souhaitons porter, mais aussi diffuser et favoriser les pratiques d’autogestion.

Nous refusons que cela serve d’appui à la municipalité ou au conseil général, ou à des quelconques visées électoralistes, religieuses ou sectaires. Nous n’accepterons pas de subventions.
Notre objectif est que nous prenions conscience de la force collective que nous sommes et dont nous pouvons nous servir pour résister et pour nous émanciper.

Les AG sont souveraines et au minimum mensuelles et sont seules décisionnelles. Les présent-e-s prendront des décisions dans la recherche de consensus. 50% des adhérent-e-s doivent être présent-e-s pour que l’AG soit décisionnelle..

 
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