Sans-papiers : Un syndicaliste reconduit à la frontière




Malgré l’importante mobilisation de ses camarades, des étudiantes, étudiants et profs, le syndicaliste Daim Sidibé a été expulsé vers le Mali.

Daim Sidibé, étudiant en sociologie à Toulouse, militant de Sud-ÉtudiantEs, a été expulsé vers le Mali le 7 décembre. Le cynisme des autorités n’est plus à prouver mais parvient encore à nous surprendre. Daim devait être libéré le 8 septembre après avoir passé 21 jours en “ rétention ” au centre du Mesnil-Amelot. Le consulat du Mali a attendu la dernière minute pour autoriser son expulsion, laissant jusqu’au bout espérer sa libération. Une armée de CRS attendait à l’aéroport de Roissy les militantes et les militants venus tenter d’empêcher l’embarquement. Les policiers distribuaient des tracts de grossière propagande auprès des passagères et des passagers, les menaçant de peines exemplaires s’ils s’opposaient au décollage.

Daim avait déjà subi deux tentatives d’embarquement infructueuses dans les semaines qui précédaient : la préfecture de Haute-Garonne avait en fait acheté deux billets d’avion sans avoir obtenu du consulat le laisser passer nécessaire au passage de la frontière.
Sarkozy a promis à son électorat 25 000 expulsions avant la fin de l’année. L’amoureux des quotas a travaillé dur toute l’année pour pourrir la vie de milliers de gens dont le seul délit est de s’être vus refuser un titre de séjour par des préfectures “ usines ” à qui il a donné des directives iniques.

Le pouvoir parvient à casser toutes nos mobilisations autour de personnes sans papiers (famille Raba, Daim, Jeff…) en déployant des stratégies toujours plus sordides. C’est certain, le système est bien rodé et mieux organisé que nous. Il n’y a qu’à voir le fonctionnement de la rétention : dossiers traités à la chaîne, déplacement d’un camp à un autre, tribunaux à 30 kilomètres des centres-villes, consulats étrangers qui vendent des laissez-passer, charters européens, etc.
Allons-nous plier pour autant ? Il est temps de repenser nos mobilisations. Le soutien nominatif et les “ p’tits enfants privés d’école ” ne font même plus écrire les médias…

Il faut bien évidemment continuer la dynamique impulsée par les réseaux Éducation et Université sans frontières (RESF et RUSF).

Action à l’aéroport

Cependant, peut-être est-il temps d’organiser un réseau plus large d’arrêt des expulsions. Il est très difficile d’entrer dans les centres de rétention, surtout avec la création du fichier ELOI qui va systématiquement ficher les personnes qui rendent visite à des sans-papiers en rétention. Malgré tout, empêcher une expulsion est possible, les interventions militantes plus régulières dans les aéroports pour sensibiliser les passagères et les passagers et les convaincre de ne pas attacher leur ceinture peuvent être efficaces (ainsi des deux premières tentatives d’expulsion de Daïm). Quand quelqu’un refuse d’attacher sa ceinture et oppose une résistance pacifique au décollage, le commandant de bord, souverain dans son appareil, peut décider que la présence des sans-papiers dans l’avion constitue un risque pour la sécurité et refuser de décoller.

Ce type d’action n’est pas facile (plan Vigipirate, lois anti-terroriste…) mais l’État ne pourra pas toujours déployer une armée et choisir des militants UMP comme pilotes comme ce fût le cas pour Jeff, le lycéen parisien.

Les informations ne sont pas si difficiles à obtenir (avocats, Cimade, syndicats des aéroports…), la constitution d’un réseau spécifique serait possible. Il s’agirait d’une action unitaire, concrète, durable, et de réelle déstabilisation du pouvoir.

Laure (Paris)


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1. Refus de délivrance de titre de séjour accompagné d’une “ invitation à quitter le territoire ” ou défaut de papiers d’identité (visa périmé), demande d’asile déboutée…

2. Arrestation dans une des rafles de la police qui ont lieu chaque jour dans les gares de train, métro, ou dans certains quartiers.

3. Placement en garde à vue (48 heures max).

4. Délivrance d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Possibilité de le contester devant un tribunal administratif dans les 48 heures.

5. Transfert dans un “ local de rétention ” (48 heures maximum).

6. Passage devant le juge des libertés et de la détention (JLD) dans un tribunal de grande instance qui décide de la prolongation de la “ rétention ”.

7. Transfert en centre de rétention pour une durée de 15 jours maximum. Si la personne n’a pas de passeport valide, elle est présentée à son consulat pour que celui-ci délivre un laissez-passer, indispensable pour passer la frontière. Pendant ce temps, la Préfecture achète le billet d’avion.

8. Si l’expulsion n’a pas eu lieu au bout des 15 jours, nouveau passage devant le JLD qui peut prolonger la rétention pour 15 jours maximum à l’issue desquels, s’il n’y a pas eu de présentation à l’avion, la personne est libérée.

 
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