Santé : Saint-Denis : la mater se rebiffe !




Faire toujours plus avec toujours moins, voilà le leitmotiv de ceux qui dirigent depuis de nombreuses années notre système de santé. Mais la riposte est possible, comme à la maternité de Saint-Denis.

Pour les dirigeants, peu importe les suppressions de poste, la dégradation de la qualité des soins. Seuls comptent les chiffres... Et les chiffres ne mentent pas : toute direction d’hôpital a un budget à tenir, des contraintes financières importantes. Alors quand nous râlons, petites travailleuses et travailleurs de la santé que nous sommes, attachés à nos missions de service public, nous passons irrémédiablement pour des irréalistes, voire pire des utopistes.

Le refus des sous-effectifs

Sur le Centre hospitalier de Saint-Denis comme ailleurs, ce discours « pragmatique » commence à se lézarder. Il est vrai que les restructurations se multiplient. Et comme toutes ces économies se font avant tout sur le dos du personnel – la masse salariale représentant plus de 70% des dépenses d’un hôpital – il n’est pas certain que ce dernier accepte, encore longtemps, son statut de victime plus ou moins consentante.

La direction de notre hôpital en a fait récemment l’amère expérience. Sûre de son fait, elle a voulu profiter du futur déménagement de la maternité vers de nouveaux locaux pour supprimer six postes, là où bien sûr, il aurait fallu recruter, vu l’augmentation prévisible de l’activité.

Ce passage en force de l’administration a provoqué une levée de boucliers chez le personnel de la mater. Face à un ras le bol généralisé, les agents travaillant déjà la plupart du temps en sous-effectif, la colère a vite débouché sur le vote d’une grève reconductible. Une grande partie du personnel a suivi le mouvement.

Construire une mobilisation avec personnels et population

Très vite est apparue la nécessité de sortir des murs de la maternité pour s’adresser aux autres services mais aussi à la population. Une maternité a une importance particulière dans une ville aussi populaire que Saint-Denis. Accepter des suppressions de postes, c’est condamner une population à des soins aux rabais, à une « maternité discount ».

Les grévistes ont donc enchaîné pendant trois semaines les actions : rassemblements, diffusion de tracts en ville, pétition, conférence de presse... Le tout soutenu par la totalité des syndicats (CFDT, FO, CGT, Sud).

Devant la pression, l’administration a finalement renoncé aux suppressions de postes tout en lâchant quatre postes d’infirmières. Même si le sous-effectif reste bien présent dans les services et le manque de personnel d’entretien toujours aussi criant. Il n’en reste pas moins que par les temps qui courent, faire reculer une direction est chose plutôt rare... Mais indispensable... si nous sommes toutes et tous conscients de la nécessité d’un mouvement d’ampleur et coordonné des hospitaliers. Ce dernier passera d’abord par un refus généralisé de conditions de travail de plus en plus indignes. Un syndicalisme combatif et unitaire a un grand rôle à jouer dans cette propagation de la contestation. Les résistances se multiplient, à nous de les amplifier tout en tentant de les unifier. Sur le 93, la maternité emblématique des Lilas est à son tour menacée, faute d’investissement suffisant des tutelles sur un projet de rénovation pourtant indispensable à la pérennité de la maternité.

Les attaques dans le secteur de la santé sont globales, nos luttes le seront aussi.

Stéphane (Sud centre hospitalier de Saint-Denis)

 
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