Syndicalisme : IIIe congrès de l’Union syndicale Solidaires




Le IIIe congrès de l’Union Syndicale Solidaires s’est déroulé les 7 et 8 décembre à Bobigny (93). Un congrès marqué par des débats sur la représentation des structures interprofessionnelles dans Solidaires, l’implantation dans le privé ou encore la constitution européenne.

Chaque congrès de cette Union syndicale est un moment important du fait des évolutions rapides qu’elle connaît, évolution de la nature des structures membres de l’Union syndicale comme de leur nombre d’adhérent(e)s.

En effet, il n’y a plus grand chose à voir entre ce qui s’appelait le Groupe des 10 en 1981, lors de sa création, et celle qui s’appellera désormais Union syndicale Solidaires.

Des syndicats les plus catégoriels qui avaient fondé cette union, peu d’entres eux y sont restés, il faut dire que l’arrivée de SUD-PTT au G-10, en 1989, allait annoncer de grands changements d’orientation.

La multiplication des syndicats SUD après 1995, dont beaucoup choisirent de rejoindre le G10, affirma le changement de ton. L’importance de la nécessité du travail interprofessionnel s’est imposée, à des rythmes parfois différents et avec des concrétisations diverses, dans la quasi totalité des organisations, y compris dans celles où cette orientation n’était défendue que par peu de militant(e)s initialement.

En parallèle du développement des fédérations et syndicats membres, ces dernières années ont vu se multiplier la création d’unions locales, départementales ou régionales (52 à ce jour) qui prennent une place croissante dans la vie de Solidaires.

La participation de ces structures départementales ou régionales au fonctionnement de l’Union syndicale est d’ailleurs désormais entérinée dans les statuts. Celles-ci disposeront à présent d’une voix, à égalité avec les structures professionnelles. Conséquence d’un compromis avec les organisations les plus « craintives », cette voix délibérative dans les faits, ne sera durant les trois prochaines années que consultatives statutairement, en attente d’une nouvelle évolution lors du prochain congrès.

Au-delà des campagnes interprofessionnelles qui ont pu être menées comme sur le thème des retraites ou de la défense de la Sécurité sociale, les unions locales développent également un soutien aux nouvelles sections syndicales, en particulier celles du secteur privé : formation des élu(e)s, soutien financier et juridique...

S’implanter dans le privé

Pour compléter ce travail, le congrès de Solidaires a également débattu d’une meilleure structuration et plusieurs pistes ont été formulées pour aller vers une structuration par secteur d’activité, notamment une proposition concrète de coordination dans le secteur de l’industrie. De la même façon, la volonté portée entre autres par SUD-rail de développer l’Union Solidaires Transports et l’Union Solidaires Nettoyage montrent une préoccupation plus affirmée de la construction de branches professionnelles.

Tout cela va dans le sens de la construction d’un outil efficient sans occulter les débats autour de la démocratie et de l’autonomie des structures.

D’un point de vue général, Solidaires évolue. Ce qui ressemblait il y a quelques années à une addition de forces d’origines diverses — diversité entre les structures ou au sein même de celles-ci puisque de nombreux SUD se sont créés avec des équipes aux parcours différents (ex-CFDT, ex-CGT, non-syndiqué(e)s...) — développe à présent une réelle identité.

Et même si des divergences existent les camps ne sont plus aussi définis que par le passé, SUD et non-SUD pour simplifier. Cela s’est traduit lors de ce congrès par des débats plus sereins qu’il y a 3 ans.

Tout n’est pas réglé pour autant : si Solidaires refuse clairement le modèle pyramidal des confédérations actuelles, tout en refusant de n’être qu’une simple addition de structures corporatistes, il reste encore à construire un véritable outil de lutte pour l’ensemble du salariat de ce pays. Solidaires devra encore franchir un nouveau cap pour élaborer des propositions envers les salarié(e)s et organiser une riposte à la hauteur des attaques actuellement à l’oeuvre.

Cafouillage sur la constitution européenne

Ce congrès a aussi été l’occasion pour Solidaires de réaffirmer son autonomie vis-à-vis des formations politiques et du fameux « débouché électoral aux luttes », ainsi que son refus de limiter son action à l’intérieur de l’entreprise considérant que le syndicalisme a toute légitimité à intervenir dans le champ politique, au sens où l’entendait notamment l’Appel pour l’autonomie du mouvement social, il y a quelques années.

Pour ce qui est de l’analyse et de la position de Solidaires vis-à-vis du projet constitutionnel européen, le constat est plus mitigé. Si l’ensemble des organisations s’accorde sur un jugement négatif du contenu du traité, l’union syndicale n’a pas pris position lors de ce congrès pour une consigne de vote. Un « cafouillage » a fait que deux voix de structures membres ont manqué pour atteindre le quorum des deux tiers des organisations nécessaires pour adopter l’amendement en faveur d’une consigne claire de vote « non ». Pour expliquer cela, il y a évidemment la frilosité de certaines structures gênées en interne par une prise de position tranchée en faveur d’un appel au vote « non », mais aussi, à l’opposé, l’impression donnée par d’autres que cette question évidemment surdéterminante pour l’avenir de l’ensemble du salariat ne méritait pas qu’on s’embarrasse de finesse.

Cependant, pour mener à bien le débat, cette question sera à nouveau discutée lors du conseil national de Solidaires en février 2005.

Raoul Volfoni

 
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