Toulouse : Le droit au logement criminalisé




Le Collectif pour la réquisition, l’entre-aide et l’autogestion (Crea) de Toulouse organise aujourd’hui plusieurs squats sociaux et accueille plusieurs dizaines de familles. Retour sur une expérience autogestionnaire.

Depuis un an et demi, Toulouse voit se multiplier les réquisitions de bâtiments vides. Premier squat, le 70, allée des demoiselles, un ancien bâtiment de l’Afpa. Une quarantaine de personnes dont une quinzaine d’enfants, y trouvent un logement. Ce bâtiment était un lieu de vie pour des familles à la rue, avec ou sans papiers, des femmes en galère, des travailleurs pauvres ainsi que des étudiants. C’était aussi un lieu d’activité ouvert puisqu’il proposait, entre autre, des cours d’alphabétisation, de boxe, il abritait une bibliothèque, une salle de concert, des salles de réunion et même une piscine ! Le tout fonctionnant sur des bases autogestionnaires, avec un souci de gratuité, d’horizontalité, de solidarité et de partage des savoir-faire.
Forcément, c’était trop beau pour l’État (PS), la mairie (PS) et la préfecture qui ont fait expulser le bâtiment le 28 août, pour créer un centre d’accueil pour SDF (qui n’a toujours pas vu le jour). Quelques jours plus tard, différents collectifs ont réunis leurs forces pour prendre un nouveau lieu, (ancien bâtiment de l’Urssaf, inoccupé depuis 6 ans). Cette fois, 97 personnes vivaient, apprenaient, s’amusaient en s’entraidant selon la même recette. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes !

Une pratique quotidienne de l’autogestion

Mais à l’issue d’un procès expéditif le Président du TGI a estimé qu’il n’y avait pas d’habitants, ce qui justifiait une expulsion sous 48 heures. Ainsi, le 8 octobre, la paisible rue Demouilles a vu déferler une avalanche bleue : 30 camions de CRS, la Bac, les RG et le GIPN assurant la partie aérienne du show, puisque c’est en hélicoptère qu’une partie des détenteurs de la violence légitime ont « libéré » le toit de ce bâtiment vide depuis 6 ans. Depuis, des solutions provisoires de logements ont été trouvées, dans des bâtiments plus modestes.
Cette expérience de réappropriation collective de logements vides montre une fois encore qu’il est possible de s’organiser à la base pour subvenir aux besoins vitaux tels que se loger. Mais l’objectif n’est pas de palier aux manquements de l’État, de devenir une sorte de 115 alternatif, et de tomber dans l’assistanat social. La tâche n’est pas toujours aisée : l’autogestion ne se décrète pas. Si pour certains, les pratiques horizontales sont choisies et assumées, pour d’autres la vie en collectivité dans un squat relève plus de la nécessité. C’est par des pratiques pragmatiques et une continuelle remise en question que des rapports plus égalitaires naitront.
À Toulouse comme ailleurs, des logements laissés vides ne demandent qu’à devenir vivants.

W (militant Créa) et Elsa (AL Toulouse)

 
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