Tribune libre sur le mouvement des sans-papiers : Un mouvement de classe et de masse




Nous publions cette tribune libre, extrait d’un texte de trois camarades syndicalistes, sur les questions soulevées par le mouvement de grève des sans-papiers. A chacun de s’en saisir, le débat est ouvert.

Le mouvement actuel bouscule les habitudes et certitudes de nombreux camarades se revendiquant du mouvement libertaire et du syndicalisme révolutionnaire. Quelle est la nature réelle du mouvement des sans-papiers ?

Un mouvement de classe !

Auparavant menée autour de lieux symboliques pour la visibilité (St Bernard, St Denis,...) la lutte des sans-papiers a investi le champ de la production. L’année dernière, l’action se menait surtout entreprise par entreprise, contre des patrons voyous, alors que le mouvement actuel se recentre sur les mécanismes mêmes d’un système qui se nourrit du travail des sans-papiers.

Au delà des collectifs de travailleurs organisés dans certaines entreprises, il agrège, aujourd’hui, des individuels regroupés par champs professionnels. En ce sens, il s’agit bien d’un mouvement de classe et de masse.

Une double critique est souvent formulée. Le mouvement en cours cautionnerait le cas par cas imposé des préfectures et impliquerait un renoncement global sur la liberté de circulation et d’installation au profit de l’obtention d’autorisations de séjour, précaires par nature. Certains vont jusqu’à qualifier d’auxiliaires des préfectures les militant(e)s investi(e)s dans cette lutte.

Nous pensons que cette analyse est dépassée au regard de la situation actuelle :

 l’action collective des travailleurs sans papiers, de leurs organisations syndicales et associatives vise à imposer la régularisation de toutes et tous par un rapport de force favorable,

 la durée même du titre ne dépend que des préfectures et du rapport de force que le mouvement saura imposer. Chacun comprendra qu’un titre d’un an vaut toujours mieux que le centre de rétention.

Une étape importante pour le mouvement syndical et social

Cette grève marque un retour des syndicats comme acteurs de la lutte des Sans-Papiers et traduit aussi la volonté de ces derniers d’utiliser l’arme traditionnelle des travailleurs, le syndicat, pour mener leur lutte. Évidemment, cette rencontre se réalise d’abord sur la revendication immédiate, la question des papiers. Mais c’est aussi l’occasion d’appréhender l’ensemble des conditions de travail, de rendre concrète l’action syndicale et de faire émerger de nouvelles équipes militantes. Encore faut-il que le syndicat joue son rôle formateur, et se révèle un véritable outil de lutte et d’émancipation.

Par sa forme même, piquets de grève cogérés par les travailleurs sans papiers et les militants syndicaux et associatifs, le mouvement concrétise le slogan : « Français, immigrés, même patron, même combat » et constitue bien les prémisses d’une « organisation ouvrière » participant du rassemblement de l’ensemble des travailleurs !

L’enjeu est tel qu’au-delà des réflexes de chapelle, c’est bien l’unité à la base que les travailleuses et les travailleurs en lutte réalisent.

Clotilde, militante Solidaires ;
Olivier, militant CGT ;
Etienne, militant syndicaliste
Révolutionnaire

 
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