Web-série : « Mad Marx » va vous faire aimer l’apocalypse




Une série délirante, parodie communiste de Mad Max, complètement auto-produite et avec une bande originale superbe qui vous fera aimer black metal et punk hardcore ? Forcément, Alternative libertaire ne pouvait pas passer à côté. On vous présente Mad Marx, nouvelle websérie « post-apo et libertaire » ! Rencontre avec le réalisateur, Mathias et l’interprète de Marx le fou, Henry.


Alternative libertaire :

La saison 1 est sortie le 15 septembre, on y découvre les deux personnages principaux dans un monde en ruine.
C’est quoi cette histoire ?

On suit Romane, une working class hero enfermée pendant dix ans dans une prison expérimentale. À sa sortie elle découvre que le monde n’est plus qu’un dangereux champ de ruines. A la recherche de sa sœur, elle fait la connaissance d’un vieil excentrique, Marx le Fou, qui veut faire d’elle la glorieuse instigatrice d’une révolution fantasque. En chemin, ils referont le monde et rencontreront des personnages tous plus absurdes ou loufoques les uns que les autres.

Comment est né un projet aussi délirant ?

Henry (Marx) : Assez simplement. On était toute une bande à rêver d’un doux mélange de cinéma et de liberté. Mathias a eu l’idée un peu folle d’un post-apo-anarcoco. On s’est tous engouffrés dedans, d’abord en s’amusant puis de plus en plus sérieusement, ça a donné Mad Marx.

Mathias : Mad Marx c’était un peu l’idée de faire quelque chose à nous, avec nos propres moyens. Une occasion d’apprendre le cinéma librement, en pratiquant. Avec au départ, comme moteur, une envie de créer quelque chose de collectif qui nous ressemble et nous amuse. Je pense que ça aurait pu prendre n’importe quelle forme, Mad Marx aurait pu être une symphonie, mais comme le cinéma était quelque chose qui nous parlait collectivement, ce fut une websérie.

Ça veut dire quoi tourner une série en autoproduction et en autogestion ?

Mathias : Pour garder notre liberté on a décidé de produire Mad Marx nous-mêmes, sans rien savoir de la budgétisation d’un film. On a réuni l’équivalent d’un Smic, investi dans un matériel rudimentaire et, grâce à 200 bénévoles, le film a pu voir le jour. Il a été écrit à plusieurs mains et les postes ont beaucoup tourné, les cadreurs ont fabriqué des costumes, les acteurs ont également été maquilleurs, etc. Il n’y avait pas de rôle moins important qu’un autre ou attribué à un genre. Avec le temps, les personnes ont trouvé des affinités dans tel ou tel poste, il n’y avait donc plus trop de raison d’échanger les rôles, si ce n’est l’apprentissage ou la curiosité, toujours. Il fallait aussi rester efficace pour prendre des décisions rapides sur le plateau. Vous imaginez faire une AG et voter sur l’utilité de refaire tel ou tel plan devant un plateau avec 30 figurants qui pataugent dans la boue loin de chez eux ? (rires)

Pourquoi peut-on dire que la série revêt une dimension libertaire, féministe ?

Mathias : La force de Mad Marx, c’est de répandre une vision anticapitaliste assumée dans un format plaisant qu’on voit partout actuellement et qui est malheureusement délaissé par l’extrême gauche : la série. C’est une démarche politique et militante sincère de notre part qui nous permet de participer à l’effort révolutionnaire ! Le pari était aussi de réconcilier révolution et underground. Ce dernier est de plus en plus vidé de sa substance politique et conquis par la droite. Le black metal de la BO par exemple, est actuellement gangrénée par l’extrême droite mais voit naître une scène RABM (Red and Anarchist Black Metal) qu’on a mis en avant. On a décidé de dégenrer les rôles, dans le scénario comme sur le plateau. C’est là qu’est la dimension la plus féministe de Mad Marx à mon sens. À part Marx, le roi et la reine définis par un sexe et un âge, n’importe quel autre perso de Mad Marx est asexué et est interprété par la personne qui enfilait le mieux le rôle.

Considérez vous Mad Marx comme une série « militante » ? Et l’êtes vous vous-mêmes ?

Mathias : On est de très mauvais élèves en manière de militantisme puisqu’on n’a pas lu Le Capital et on ne saurait pas te citer Bakounine (rires). Mais faire un film est un engagement en soi, et un investissement quotidien extrêmement chronophage. Nous pensons par contre que Mad Marx est plus militant que nous. En tout cas c’est ce que nous voulons. C’est un hommage aux luttes du XXe siècle et aux cultures underground. Mad Marx est également ferme dans ses positions politiques et ses idéaux. On le voit comme une série faite pour réchauffer le cœur des militants, et un objet pop à réinventer, à pasticher. Notre plus grande fierté serait de voir des répliques de Mad Marx sur des banderoles de manifs, ou de voir des black blocs péruviens enfiler des masques de Romane avant de casser des vitrines (rires).

La saison 1 est sur YouTube. Comment assurez-vous sa diffusion et que prévoyez-vous pour la suite ?

On va faire une VOST pour l’étranger et essayer de trouver une plateforme de diffusion plus libre que YouTube en parallèle. On compte aussi sur les squats et les organisateurs d’évenement pour diffuser Mad Marx le plus librement et le plus largement possible, n’hésitez pas à nous contacter ! Pour la suite, on va voir l’accueil et les retours qu’on nous réserve et on en reparle après une petite pause bien méritée !

Propos recueillis par Benjamin (AL Angers)

 
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